3. Les perspectives de développement
a) La faisabilité technologique
De très nombreux essais en vol incluant du biokérosène à des pourcentages variables ont eu lieu. L'Union européenne prévoit une production de 2 millions de tonnes de biokérosène en 2020.
L'IATA estime que 6 % de biokérosène seront incorporés au kérosène fossile en 2020.
En l'état, les horizons de développement de ces filières sont les suivants :
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Mais cette feuille de route ne traduit pas la faisabilité technologique de l'inclusion de biokérosène dans les moteurs :
- certains de ces composants ont des problèmes de tenue au froid ;
- et, il est nécessaire de tester sur la durée de vie d'un moteur (de 20 000 à 100 000 heures) la neutralité de ces biocarburants sur l'abrasion des moteurs, la tenue des joints et sur d'éventuelles difficultés de rallumage de la combustion en vol.
b) La faisabilité économique
Nous l'avons souligné, la mise en oeuvre des biocarburants de troisième génération n'est pas mûre.
Mais qu'en est-il des carburants de deuxième génération ?
La réponse à cette question dépend de l'équilibre de deux facteurs, de coût et de revenus.
Au chef des coûts, le déploiement d'une filière jusqu'à la fabrication industrielle repose sur des constantes de temps d'une dizaine d'années, ce qu'on appelle la « traversée du désert » avant le premier retour sur investissement. Cette prise de risque financier est encore démultipliée par l'importance du coût initial de ce déploiement industriel.
Parallèlement, le calibrage des coûts d'exploitation n'est pas totalement tranché. Et principalement celui de la ressource. Par exemple, pour la filière « huile », il existe une corrélation entre le prix du pétrole et celui de l'huile de palme. Si on s'attarde à la filière ligno-cellulosique et à son produit phare le « jatropha », on aboutit à des cycles de culture relativement longs qui sont de nature à peser sur le coût de la ressource.
En matière de revenus, on estime que ces filières ne pourront être rentables qu'à partir d'un prix du pétrole se situant entre 200 et 250 dollars le baril.
Or, les prévisions d'extraction et d'usage des hydrocarbures à l'ombre portée d'une génération ne sont pas fixées dans le marbre ; comme ne l'est pas à cet horizon, le prix de la tonne de CO 2 , comme ne le sont pas non plus les perspectives techniques et économiques d'une filière concurrente à celles des biocarburants, la filière de captation et de stockage en profondeur de CO 2 qui serait adossée à des ressources en charbon très abondantes.
Dans ces conditions, le développement des filières de biokérosène ne sera envisageable :
- qu' en fonction de dispositions réglementaires prévoyant l'inclusion par pallier d'une part croissante de biokérosène dans le kérosène « fossile » ; étant précisé que pour être tolérable financièrement ce pourcentage devra croître lentement ;
- et que par un financement public soutenu de la filière portant non seulement sur la recherche et le développement de prototype mais qui devrait également subventionner la différence entre le prix des biokérosènes et le prix de marché des hydrocarbures. C'est au demeurant la solution choisie pour une des nations qui ne figure pas nommément parmi les plus interventionnistes : aux États-Unis, le programme de développement de biocarburants est supporté par plusieurs départements ministériels dont certains subventionnent les achats de biocarburants par la marine américaine.
Ces subventions pourraient être compensées par une taxation très légère des kérosènes fossiles.