DES SITUATIONS VARIABLES AU SEIN DE L'UNION EUROPÉENNE
Hormis la Finlande et l'Estonie, tous les États membres ont mis en place ou élaborent une taxation spécifique aux poids lourds, que ce soit sous forme de vignette (basée sur le temps) ou de péage (calculé en fonction du trajet), mais cela selon des modalités très diverses.
Système |
Modalité |
PL et Réseau concerné |
Volume EE
(
% du parc
|
% Étrangers |
Skytoll (Slovaquie) |
EE obligatoire |
> 3,5 t 2 400 km |
199 200 |
67 % |
Toll Collect (Allemagne) |
EE facultatif |
= 12 t 12 000 km d'autoroutes |
724 000
|
48 % |
Asfinag (Autriche) |
EE obligatoire |
> 3,5 t 2 100 km |
900 000 |
60 % |
Myto
|
EE obligatoire |
= 12 t 1 000 km d'autoroutes |
578 000 |
43 % |
France |
EE obligatoire |
> 3,5 t
15 000 km
|
800 000 |
32 % |
Source : DGITM(c)
Mieux qu'une longue description, la carte ci-après illustre l'hétérogénéité des situations nationales et des évolutions en cours parmi les États membres.
RÉGIMES DE REDEVANCE MIS À CHARGE DES POIDS LOURDS CIRCULANT DANS LES ÉTATS MEMBRES
Source : Commission européenne(c)
On se limitera ici à une brève description du système allemand, qui a joué un rôle pionnier en la matière et dont l'existence a failli motiver la mise en place d'une taxe poids lourds régionale en Alsace.
Disposant d'un réseau routier et autoroutier traditionnellement gratuit pour les véhicules particuliers et les utilitaires, l'Allemagne a souhaité introduire un péage autoroutier , dénommé « Lkw Maut », applicable aux poids lourds d'au moins 12 tonnes . Pour surmonter l'opposition des transporteurs nationaux, le gouvernement allemand avait prévu de leur allouer une compensation de quelque 600 millions d'euros annuels, censée protéger les expéditeurs allemands contre une concurrence déloyale. Il semble a priori difficile de comprendre en quoi le fait d'acquitter la même taxe provoque l'apparition d'une concurrence déloyale. Au demeurant, Mme Loyola de Palacio - qui était alors chargée des transports à la Commission européenne - paraît n'avoir pas été convaincue, ni a priori , ni a posteriori , puisqu'elle a imposé la disparition de ce fonds, avant d'autoriser (le 26 août 2003) un dispositif modifié.
Parmi les caractéristiques saillantes de la Lkw Maut, figure l'introduction d'une perception automatisée grâce à l'installation sur le camion d'un dispositif dénommé « on board unit (OBU) », bien que cette modalité n'ait pas été rendue obligatoire : il est également possible d'enregistrer à l'avance l'itinéraire du poids lourd en se connectant via Internet ou de saisir manuellement les mêmes caractéristiques sur l'une des 3 500 bornes situées aux frontières, dans des stations-services ou des restoroutes. En fonction des caractéristiques pondérales et écologiques du véhicule, la taxe est comprise entre 0,9 centime par kilomètre (pour les camions ayant trois essieux au maximum et classés « EURO 3 » ou « EURO 4 ») et 14 centimes par kilomètre (pour les camions classés « EURO 0 » ou « EURO 1 »). Pour télétransmettre l'itinéraire, l'utilisateur a le choix entre l'allemand, l'anglais, le français et le polonais. Le contrôle du paiement est assuré par la Bundesamt für Güterverkehr (BAG), un organisme public dépendant du ministère des transports, basé à Cologne.
La réalisation de l'infrastructure technique du télépéage a été confiée à un consortium privé réunissant Daimler Chrysler, Deutsche Telekom (45 % chacun) et Cofiroute (10 %), dont la constitution a été autorisée le 30 avril 2003 par la Commission européenne. Les considérables difficultés rencontrées ont provoqué un important report dans la mise en oeuvre du dispositif, entré en vigueur le 1 er janvier 2005 au lieu du 1 er septembre 2003.
Aujourd'hui, l'Allemagne mise beaucoup sur la Lkw Maut pour sa politique environnementale. Depuis le 1 er janvier 2009, la modulation tarifaire a été amplifiée, avec un tarif maximal double du niveau le plus faible. Pour inciter à une moindre pollution chimique, l'équipement en filtres à particules est pris en compte dans le calcul du montant à payer. L'échelle de la Lkw Maut comprend quatre catégories tarifaires, contre seulement trois initialement. Est-ce un effet de cette fiscalité verte ? En octobre 2009, la part des véhicules classés EURO V et EEV atteignait 52 %, alors que les véhicules classés EURO III ne représentait plus que 34 % du total.