2. Élus et population
L'absence d'approche globale des réponses à apporter à l'inondabilité d'un territoire est évidemment source de conflits entre les élus et les sinistrés qui contestent leurs priorités, entre les habitants eux-mêmes. L'exemple du projet de polder afin de mettre hors d'eau la zone d'activité de La Palud, un nom qui parle de lui-même, à Fréjus, en est un bon exemple.
LA PALUD La ZA de la Palud s'étend sur 30 ha de la commune de Fréjus. Elle compte 240 entreprises, correspondant à 2 000 emplois, et 150 000 m² de surfaces professionnelles. Elle génère 300 millions d'euros de chiffre d'affaires par an En 2010, l'eau est montée jusqu'à 1,8/1,9 m, puis est redescendue à 80 cm en 48 heures. En 2011, elle est montée à 1,3/1,5 m mais cela a mis plus de temps à redescendre. On déplore 80 millions d'euros de dégâts pour les entreprises à la suite de l'inondation de novembre 2011. En 2011, le système d'alerte (Prédict) a toutefois permis l'évacuation et la mise à l'abri de certains biens et la construction, après les événements de juin 2010, d'un bassin de rétention de 30 à 40 000 m a permis de gagner 6 heures sur l'inondation. Le PPRI a classé la ZA en zone inondable, pour partie en zone bleue et pour partie en zone rouge. Un projet de création d'un polder pour protéger la ZA avec la construction d'une digue et l'utilisation de la RN7 comme digue est en cours, pour un coût de 15 millions d'euros. Si les agriculteurs et les sinistrés de la plaine de l'Argens ne contestent pas la nécessité d'agir pour éviter la délocalisation de ce poumon économique de la ville, ils craignent de voir augmenter le risque alors qu'ils espéraient le voir diminuer par des aménagements en amont (barrages écrêteurs, enlèvement d'embâcles) et en aval (désensablement de l'embouchure). La tonalité de la réunion organisée par la mairie de Fréjus pour présenter le projet de sauvegarde de La Palud le 14 juin 2012 et la réaction de l'association de sinistrés VIVA, après la réunion d'information organisée par le maire adjoint de Fréjus en charge du projet, en témoignent : « Sa tâche n'était pas facile et nous le remercions pour son initiative courageuse. M. Tosello et les autres personnes qui travaillent avec lui depuis environ 6 ans (suite aux inondations du 3 décembre 2006), sur ce projet ont expliqué à l'assemblée, soit une trentaine de personnes, comment protéger la zone de La Palud. Certains participants reprochent à la commune de Fréjus de focaliser sur la zone de La Palud, alors que les occupants de la plaine de l'Argens ont largement autant besoin d'aide pour sécuriser leur zone de travail et de vie. » (Var Matin édition du 16 juin 2012 article de Jocelyne Joris) |