B. NOVEMBRE 2011 : UNE CRISE CLASSIQUE, UN DÉPARTEMENT SUR SES GARDES
Le traumatisme des inondations de juin 2010 a conduit les responsables de la gestion de crise, de la prévision aux secours, à revoir leur organisation et à développer leurs moyens d'action.
Est ainsi mis en place un système de surveillance de la Nartuby à l'aval de Draguignan, du Gapeau et de l'Argens , dans le cadre du nouveau schéma directeur de prévision des crues du bassin Rhône-Méditerranée (définitivement approuvé en décembre 2011).
Si des leçons ont clairement été tirées de l'événement précédent, il est difficile de mesurer leur portée véritable sur la prévision et la gestion des inondations du mois de novembre 2011, vu la très grande différence entre les deux phénomènes.
1. Un événement impressionnant mais prévisible
Très différentes de celles de juin 2010 dans le Var, les inondations de novembre 2011 sont le fruit d'un phénomène pluvieux classique sur une étendue géographique vaste et une période plus longue . À titre de comparaison, alors qu'en 2010, comme précité, 200 à 300 mm d'eau se sont abattus sur un quart de la surface du département du Var en 10 heures (400 mm en 24 heures et en quelques heures sur le secteur des Arcs), cette même quantité est, en novembre 2011, tombée en 3 jours sur les départements du Var et des Alpes-Maritimes.
Dans les premiers jours du mois de novembre 2011, un flux de sud perturbé s'établit sur l'ensemble du bassin méditerranéen, créant des conditions propices à des intempéries durables et généralisées sous la forme de pluies intenses 10 ( * ) .
Les cours d'eau 11 ( * ) de la région ont fortement réagi à ces précipitations. Ainsi, l'Argens, dont l'ensemble du bassin versant a été touché par les pluies, a largement débordé dans les basses plaines des Arcs à Fréjus, mais aussi en amont dans le secteur de Brignoles et dans celui de Barjols. L'inondation se trouve amplifiée par deux phénomènes : l'alimentation du fleuve par ses affluents (l'Aille et le Caramy notamment) et la forte houle contraignant l'écoulement des eaux en mer à Fréjus. Les réactions hydrologiques ont également été importantes dans le bassin du Gapeau, qui a débordé à Hyères. Son affluent venant des Maures, le Real Martin, connaît une situation identique.
Plus précisément, l'événement démarre entre le 2 et le 4 novembre dans les Cévennes , par des crues importantes de tous les cours d'eau cévenols traditionnels (Gardon, Ardèche, Hérault amont, Tarn amont et Tarnon).
Le 4 novembre, le sud-est de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) est touché, notamment autour des rivières du Var et de l'Argens , ainsi que la Corse. Une quinzaine de départements est classée en vigilance orange pour les précipitations et/ou les crues, trois atteignent le niveau de vigilance rouge pour les crues sur le Haut Tarn et l'Hérault.
À partir de cette date, la circulation atmosphérique se modifie : un mouvement circulaire pluvieux, centré sur l'Espagne, balaie le sud de la France, de la région PACA jusqu'à l'Aquitaine. Des Cévennes aux Alpes-Maritimes, les niveaux des cours d'eau restent très élevés, voire augmentent, notamment ceux des fleuves côtiers varois et à l'aval du Rhône, qui reçoit désormais l'eau de ses affluents cévenols et provençaux en crue. Dans le même temps, le fort vent de sud-est génère des vagues sur les côtes nord de la Corse, mais aussi sur celles du Var et des Alpes-Maritimes, y renforçant les inondations.
Enfin, le Piémont pyrénéen est affecté au niveau de l'Adour et de l'Adour maritime. Le dimanche 6 novembre au matin, une douzaine de départements est en vigilance orange pour les pluies ou les crues, pour moitié dans le sud-est, des Alpes-Maritimes à l'Hérault, pour l'autre dans le sud-ouest, de l'Ariège à la côte atlantique. La tendance est à l'amorce de la décrue sur les cours d'eau de la zone cévenole, au statu quo à l'est du Rhône et au début des débordements dans le sud-ouest.
Dans l'après-midi du 6 novembre et la nuit qui suit, le minimum dépressionnaire centré sur l'Espagne se décale progressivement vers l'est pour se positionner en Méditerranée. Les pluies intenses se poursuivent sur le littoral varois et le Languedoc, ainsi que sur les côtes occidentales de la Corse. À partir du 7 novembre, alors que la décrue s'amorce sur les cours d'eau du sud-ouest, la pluie continue à maintenir des niveaux d'eau élevés sur les fleuves côtiers varois, notamment l'Argens, la Nartuby et le Gapeau . Le soir même, la vigilance orange est levée sur l'ensemble des tronçons surveillés, hormis sur le Gapeau et l'Argens aval où la décrue n'a pas encore commencé.
Dans le département du Var, les inondations restent soutenues par des pluies abondantes et régulières, qui persistent encore pendant la journée du 8 novembre et la nuit suivante. La vigilance crue orange est enfin levée pour le Gapeau le 9 novembre au soir et sur l'Argens aval le 11 novembre au matin, mais la crue mettra encore plusieurs jours à se résorber .
Pour mémoire, les 4 et 5 novembre, la région de Gênes subit également de graves inondations, victime de ce même phénomène météorologique 12 ( * ) .
* 10 Cf en annexe 9 du présent rapport, les cartes de cumul de précipitations en novembre 2011 (Predict et Météo-France).
* 11 Cf en annexe 9 du présent rapport, les graphes de niveau des cours d'eau en novembre 2011 (Vigicrues, SPC).
* 12 Cf. page 44 du présent rapport.