4. L'usage préventif du fonds « Barnier »
À travers le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), ou fonds « Barnier », le régime « catnat » assure aussi le financement d'une bonne part de la prévention.
Créé par la loi n° 95-101 du 2 février 1995, pour indemniser les propriétaires expropriés pour risque naturel 78 ( * ) , par étapes, l'usage du fonds « Barnier » a été étendu au financement d'études, de travaux d'aménagement et de prévention, tels que les digues depuis 2011, ou les investissements réalisés dans le cadre des PAPI. Il permet aussi de financer les dépenses liées à la limitation de l'accès et à la démolition éventuelle des biens exposés afin d'en empêcher toute occupation future, de financer les dépenses de prévention liées aux évacuations temporaires et au relogement des personnes exposées.
Il peut également, sur décision préalable de l'État, contribuer au financement des mesures de prévention intéressant des biens couverts par un contrat d'assurance des risques de catastrophes naturelles. À ce titre, il finance notamment l'acquisition amiable par une commune, un groupement de communes ou l'État, d'un bien exposé à un risque prévisible de crues torrentielles ou à montée rapide, ou de submersion marine menaçant gravement des vies humaines, ainsi que des études et travaux de préventions définis et rendus obligatoires par un plan de prévention des risques naturels prévisibles approuvé.
Le financement du fonds « Barnier » est assuré par un mécanisme à deux étages : l'affectation au fonds de 12 % des sommes collectées au titre de la surprime « catnat », elle aussi, de 12 % 79 ( * ) . Ces taux sont le résultat d'une hausse très importante entre les années 1980 et 1990 80 ( * ) .
Ainsi, contrairement à la présentation habituelle, les aides financières aux collectivités dans le cadre de la politique de prévention de l'inondation ne sont pas des aides de l'État au sens budgétaire du terme mais des ponctions sur un fonds alimenté par les cotisations des assurés.
Les tableaux ci-dessous permettent d'évaluer la capacité financière du fonds « Barnier », de ses dépenses par catégorie de mesure et, enfin, de ses dépenses par type de risque.
La situation budgétaire du FPRNM depuis 2002
(en millions d'euros)
Année |
Recettes 1 |
Délégations 2 |
Reliquat 3 |
De 1995 à 2002 |
150,5 |
67,2 |
72,5 |
2002 |
25,2 |
11,1 |
88,9 |
2003 |
28,2 |
18,3 |
97,8 |
2004 |
27,3 |
6,4 |
118,7 |
2005 |
28,9 |
37,5 |
110,6 |
2006 |
33,8 |
86,4 |
57,3 |
2007 |
57,7 |
102,8 |
12 |
2008 |
74,2 |
66,8 |
15,2 |
2009 |
146,7 |
85,3 |
74,3 |
2010 |
211* |
261 |
23,6 |
2011 |
287,3* |
233,4 |
77,4 |
1 dont produits financiers et reversements au 28 février ;
2 dont frais de gestion et frais d'assiette au 31 décembre ; * Y compris versement État.
3 trésorerie à la date du 31 décembre.
Dépenses 2006-2011 par type de mesure
(en millions d'euros)
Type de mesure |
Dépenses 2011 |
Prévisions 2011 |
Dépenses 2010 |
Dépenses 2009 |
Dépenses 2008 |
Dépenses 2007 |
Dépenses 2006 |
Expropriations |
3,19 |
4,8 |
2,02 |
1,93 |
1,42 |
10,57 |
4,34 |
Cofinancement des PPRN et information préventive |
16,41 |
14,9 |
6,31 |
10,25 |
10,71 |
9,54 |
15,76 |
Évacuations et relogement |
0,68 |
0,5 |
0,19 |
0,14 |
0,16 |
0,25 |
0,10 |
Acquisitions amiables |
127,65 |
126,2 |
211,27 |
24,42 |
18,77 |
22,98 |
31,56 |
Traitement des cavités souterraines |
0,52 |
1,0 |
0,61 |
0,39 |
1,38 |
0,55 |
0,22 |
Études & travaux prescrits par un PPRN |
1,46 |
0,5 |
0,41 |
0,59 |
0,25 |
0 |
0 |
Études & travaux CT |
71,41 |
119,8 |
30,49 |
41,55 |
30,15 |
33,80 |
33 |
Travaux Digues domaniales |
0,35 |
0 |
0 |
- |
- |
- |
- |
Travaux sismiques HLM |
4,16 |
5,0 |
2,5 |
- |
- |
- |
- |
Séchilienne |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0,75 |
0 |
Dépenses engagées par l'État « Traitement de la dette » |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
21,91 |
0 |
TOTAUX |
225,8 |
258,2 |
253,8 |
79,27 |
63,84 |
100,35 |
84,98 |
Dépenses 2008-2011 par type de risque
(en millions d'euros)
Dépenses par type de risque |
Total 2011 |
Total 2010 |
Total 2009 |
Total 2008 |
Inondation |
76,2 |
16,5 |
45,87 |
45,54 |
Submersion marine |
106,6 |
205,5 |
- |
- |
Mouvement de terrain |
21,9 |
8,33 |
21,48 |
5,695 |
Cavités Souterraines |
3,2 |
0,22 |
0,60 |
1,845 |
Séismes |
13,1 |
21,1 |
5,59 |
- |
Avalanches |
0,8 |
0 |
1,87 |
- |
Incendies de forêts |
0,6 |
0,07 |
0,07 |
- |
Autres, dont multi-risque |
3,4 |
2,08 |
3,79 |
10,76 |
TOTAUX |
225,8 |
253,8 |
79,27 |
63,84 |
Source : Direction générale de la prévention des risques
* 78 Collias, que la mission a visitée, est, la première commune sur laquelle le fonds « Barnier » a été utilisé pour délocaliser les habitations situées en zone dangereuse. C'est suite à l'épisode d'inondation de 2002 que l'État a proposé 52 acquisitions amiables financées par le fonds « Barnier ». 10 ans après, 5 propriétaires refusent encore de quitter les lieux. Pour ces 5 dossiers, une procédure d'expropriation sera probablement engagée. Il doit être noté qu'avant même la mise en place du fonds « Barnier » des techniques de rachat similaires avaient été utilisées. Ainsi, lors de son déplacement à Vaison-la-Romaine, la mission a appris qu'un dossier de résorption de l'habitat insalubre (RHI) avait été constitué pour obtenir des fonds de l'Agence nationale pour l'habitat (ANHA) afin de permettre le rachat de certains biens immobiliers (pour 30 millions de francs de fonds publics et 12 millions au titre des assurances et de la solidarité). Sur les 80 habitations concernées par la catastrophe, seule une dizaine de maisons ont alors été remises en état et conservées.
* 79 Ces surprimes sont prévues à l'article L. 125-2 du code des assurances.
* 80 Pour les biens autres que les véhicules terrestres à moteur, la prime s'est tout d'abord établie à 5,5 % des primes ou cotisations afférentes aux contrats de base, de 1982 à 1983, puis à 9 % du 1 e octobre 1983 au 31 août 1999, pour enfin atteindre, depuis le 1 er septembre 1999, 12 % des primes ou cotisations afférentes aux contrats de base d'assurance « dommages » aux biens. En ce qui concerne les véhicules terrestres à moteur, la prime a été réduite en 1986 de 9 à 6 % des cotisations vol et incendie et de 0,8 à 0,5 % pour la cotisation dommage, utilisée à défaut.