C. UNE QUESTION EN PARTIE VIDE DE PORTÉE ?
L'opposition doctrinale entre agriculture « de rendement » et extensification, pour importante qu'elle soit, pourrait être largement indifférente, en pratique, au regard de l'objectif d'augmentation de la productivité.
En effet, il semble que l'augmentation de la production implique une augmentation des rendements quelque soit le scénario de mobilisation des terres :
- en cas d'économie sur les terres, parce que la hausse des rendements est alors sans discussion possible une condition physique de l'augmentation de la production ;
- en cas d'extensification notamment, parce que l'amortissement économique des terres suppose globalement que la productivité par actif augmente, augmentation nécessaire au maintien des agriculteurs sur les terres en tant que condition économique de ce maintien, sauf à accepter une pauvreté persistante du monde agricole.
Ainsi, même dans un scénario recourant à davantage de terres, les rendements devraient augmenter, tout particulièrement dans les régions du monde où la productivité de l'agriculture est en retard.
On peut ainsi se demander s'il existe bien une alternative entre extension des surfaces cultivées et croissance des rendements ou, au contraire, si ces deux processus ne sont pas intrinsèquement complémentaires.
Sans doute des modèles agricoles « à succès » coexistent avec des niveaux de rendement inégaux. Il existe ainsi des marges mais dans de très nombreux systèmes agricoles dans le monde l'exploitation de nouvelles terres paraît être conditionnée à une élévation des rendements.
Il faut ajouter une ultime observation. En l'état, la portée pratique de cette opposition de vues risque fort d'être assez « résiduelle ».
En premier lieu, le problème principal est celui de l'investissement agricole avant d'être celui de son contenu.
En second lieu, les forces économiques et sociales à l'oeuvre dans l'agriculture mondiale laissent présager en pratique la combinaison des deux processus sous l'effet de l'implication grandissante des agriculteurs en situation d'optimiser leurs choix ou, à l'inverse, un processus avec contraction des terres et parallèlement, un plafonnement des rendements.