3. Un investissement nécessaire : la reconstruction du centre hospitalier de Saint-Laurent-du-Maroni, saturé et vieillissant

La délégation s'est rendue au centre hospitalier Franck Joly de l'Ouest guyanais et souhaite relayer, de la manière la plus solennelle possible, le sentiment d' urgence que l'on ressent sur place. Abrité dans les anciens locaux du bagne, avec quelques bâtiments plus modernes, l'hôpital ne peut plus accueillir décemment ses patients , par ailleurs de plus en plus nombreux. La vétusté des locaux ne permet pas d'assurer la sécurité des professionnels et des malades et leur exiguïté interdit l'installation de lits supplémentaires rendus pourtant nécessaires par l'accroissement de l'activité.

Le déficit de surfaces se traduit notamment par un taux d'occupation égal globalement à 113 % : 121 % en néonatologie et 163 % en obstétrique . Gabriel Carles, président de la commission médicale d'établissement et chef du service maternité et du pôle femme-mère-enfant, a témoigné auprès de la délégation des conditions inacceptables de travail pour les personnels et d'accueil pour les patientes . Alors que l'hôpital ne dispose que de quarante-cinq lits en obstétrique, dix en pédiatrie et neuf en néonatologie (y compris les soins intensifs), il s'y pratique en moyenne six accouchements par jour, dans deux salles dédiées ... Qui plus est, plusieurs lits de pédiatrie sont occupés par des enfants handicapés qui ne peuvent être ni accueillis à l'extérieur en l'absence de centres spécialisés ni mis à la rue !

La prise en charge par l'hôpital des femmes enceintes est souvent tardive, notamment si elles viennent du Surinam pour accoucher à Saint-Laurent, et le suivi médical de la grossesse est alors sommaire voire inexistant ; fait révélateur, le nombre d'éclampsies est extrêmement élevé et constitue un record en Europe. En outre, les difficultés sociales et des raisons historiques et culturelles aboutissent à des grossesses précoces nombreuses ; elles sont relativement fréquentes pour des jeunes filles de moins de quinze ans.

Un interlocuteur a indiqué à la délégation que l'on avait atteint « le terme du supportable à Saint-Laurent » et celle-ci en convient aisément. C'est pourquoi le projet de construction d'un nouvel hôpital, lancé en 2005, doit impérativement aboutir : son coût est estimé à 112 millions d'euros, dont 89 % seraient financés par l'hôpital lui-même, par autofinancement ou par emprunt. Une subvention de l'Etat resterait nécessaire à hauteur de 12,5 millions, soit 11 % du projet. Surtout, les diverses procédures administratives doivent être facilitées et accélérées. L'hôpital neuf permettra de quasiment doubler la capacité d'accueil (de 110 à 204 lits) et de créer enfin un véritable hôpital de jour favorisant la prise en charge ambulatoire.

Le centre hospitalier souhaite, pour faire face à l'embolie actuelle et alors que la date d'ouverture du nouveau bâtiment est estimée à fin 2016, construire d'ores et déjà une structure modulable . La délégation a soutenu cette demande et l'a relayée auprès du ministre de la santé 28 ( * ) .


* 28 Voir lettre en annexe.

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