b) Tenir ses engagements en matière d'alerte avancée
Un programme de satellite infrarouge est indispensable si la France veut rester souveraine en matière de dissuasion et d'alerte avancée. La souveraineté sur le renseignement conditionne tout le reste. Il ne s'agit pas de ne pas faire confiance à nos amis et alliés américains. Mais la confiance n'exclut pas le contrôle.
Au demeurant cette capacité d'alerte avancée permettrait de rééquilibrer l'infériorité stratégique dans laquelle se trouve l'Europe actuellement. Des coopérations doivent continuer à être recherchées.
Permettre l'accès direct des images infrarouges de ce satellite en échange d'une participation financière semble raisonnable. Si nous sommes capables d'agréger des coopérations autour de nous il doit même être possible d'envisager un deuxième satellite, car faire reposer l'ensemble de la chaîne sur un seul satellite nous semble constituer un point de faiblesse.
S'agissant du radar TLP, la réalisation d'un démonstrateur nous paraît suffisante pour valider nos compétences technologiques et industrielles. En effet, vu de Paris, la menace militaire ne nécessite pas le déploiement d'un système complet en métropole. S'il fallait assurer la surveillance du territoire national, un radar transhorizon nous semblerait préférable, car il assurerait une protection tous azimuts, ce que n'est pas capable de faire un radar TLP à une seule face - ou alors il faut acquérir un radar à trois faces, ce qui multiplierait le coût par trois.
S'il fallait déployer un radar TLP, cela n'aurait de sens qu'au plus près d'une menace clairement identifiée. Dans le cas qui nous occupe, cela pourrait servir à surveiller l'Iran à partir du Golfe ou bien de la Turquie. Il serait alors légitime que le pays hôte pour la sécurité duquel ce radar serait installé participe financièrement à sa fabrication. Dans cette perspective, le démonstrateur permettrait d'apporter la preuve de notre compétence et de spécifier le projet définitif.
Militairement parlant, on pourrait lui préférer l 'upgrading des radars de veille des frégates Horizon qui serait à la fois moins onéreux et apporterait une flexibilité sans commune mesure, en cas de modification de la menace.
c) Doter le C2 français (SCCOA) d'une capacité DAMB
Le système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA) français est en cours d'évolution. Ce programme comporte à la fois la rénovation de nos radars, l'intégration logicielle à l'ACCS de l'OTAN et la modernisation de nos centres de commandement des opérations aériennes (CDOA). Le coût de cette opération appelé SCCOA 4 - serait compris entre 1,2 et 1,4 milliards d'euros entre 2013 et 2020, dont 457 millions d'euros bénéficient déjà d'autorisations d'engagement.
Même si cette opération était effectuée, le C2 français serait néanmoins dans l'incapacité de participer à la bataille balistique. A supposer que nous disposions d'effecteurs, du type SAMP/T, nous ne pourrions faire autrement que de les brancher sur le BMC3I de l'OTAN. De la même manière, cette capacité est indispensable pour pouvoir traiter, le cas échéant, les données de l'alerte avancée.
Il faudrait donc faire évoluer le SCCOA 4 vers une phase ultérieure (SCCOA 5 ?) capable de jouer le rôle de C2 national. Il en coûterait de l'ordre de 600 à 800 millions d'euros pour avoir un système robuste incluant un ou des éléments projetables.