B. LES APPORTS MULTIFORMES DU SECTEUR TOURISTIQUE
1. Un suivi statistique en voie d'amélioration
Une autre raison de la sous-estimation de l'importance économique du tourisme tient au fait que ce secteur d'activité est assez difficilement saisi par les statistiques publiques. En effet, au-delà d'un coeur d'activités clairement identifiables comme touristiques, telles que l'hôtellerie, le tourisme suscite surtout des activités économiques induites. Ainsi, une fraction considérable de la consommation de biens et services en France est le fait de touristes, mais n'est pas rattachée pour autant au secteur du tourisme. Il en va de même des emplois.
En comptabilité nationale, le secteur touristique est retracé dans un compte satellite regroupant des statistiques riches d'enseignements. Toutefois, depuis le 1 er janvier 2009, le Compte Satellite du Tourisme (CST) est en cours de refonte, pour être mis en conformité avec les recommandations de la commission des statistiques des Nations unies, et de l'ensemble des organisations internationales concernées : Organisation mondiale du tourisme, Eurostat, OCDE.
La nouvelle définition de la consommation touristique intérieure établira désormais clairement le lien logique entre cet agrégat central du CST et le produit intérieur brut. La consommation touristique intérieure mesure la partie de la consommation des visiteurs français et étrangers qui a été acquise auprès des fournisseurs français de services et de biens de consommation, au cours ou en vue des voyages effectués en France ou à partir du territoire français. Seule sera donc prise en compte la partie de la consommation des visiteurs qui fait appel au système productif national. Par exemple, les services de transport de passagers rendus par les compagnies aériennes françaises sur tous les vols effectués à partir ou à destination d'un aéroport français y seront inclus, mais pas les transports de passagers par les compagnies étrangères.
A la différence de l'ancien, le nouveau CST adoptera les mêmes règles générales d'évaluation que la comptabilité nationale. Par exemple, conformément aux recommandations internationales, les services d'intermédiation fournis par les tour-opérateurs seront enregistrés nets de la valeur des services touristiques compris dans les forfaits brut facturés aux clients finals. En contrepartie, le nouveau CST évaluera le montant de la consommation par les visiteurs de chaque service touristique, en y incluant la valeur des services de même nature fournis aux clients des forfaits touristiques.
L'une des principales caractéristiques du nouveau CST sera de détailler les composantes par produit de la consommation touristique intérieure dans une classification des produits compatible avec la nomenclature des branches de production de la comptabilité nationale, afin de
pouvoir évaluer l'impact de la demande touristique sur chacune des principales branches de l'économie.
L'ensemble des modifications apportées au CST sur les plans conceptuels et statistiques ne vise pas seulement une plus grande fiabilité des résultats, mais aussi une meilleure comparabilité avec ceux du cadre central des comptes nationaux. Il sera ainsi possible d'aborder des questions qui ne pouvaient pas être traitées correctement dans l'ancienne approche du CST : par exemple, que représente la clientèle des visiteurs dans le chiffre d'affaires des restaurants ? Ou encore, que représente l'utilisation de la voiture par les touristes et excursionnistes dans la consommation totale de carburants par tous les véhicules légers circulant sur le territoire français ?
Toutefois, l'aboutissement de la rénovation du CST s'est trouvé conditionné par les lourds travaux de révision des comptes nationaux entrepris par l'INSEE pour le passage des comptes nationaux de la base 2000 à la base 2005. La publication des résultats 2005-2010 du nouveau CST est prévue pour le mois de septembre 2011.