ANNEXE 6 :

CONTRIBUTIONS ÉCRITES DES PERSONNES AUDITIONNÉES

1. CONTRIBUTION DE L'INSTITUT FRANÇAIS DU TOURISME (IFT) JUIN 2011

LE CONTEXTE ET LA STRATÉGIE

De multiples rapports jalonnent l'histoire du tourisme français depuis quarante ans.

Tous soulignent que le tourisme est devenu en un demi-siècle l'une des activités économiques les plus porteuses au monde et que cette croissance va se poursuivre dans les prochaines décennies. En France même, la part des emplois directs dus au tourisme est passée de 4,1 % de l'emploi privé en 1993 à 5,1 % en 2009, soit une augmentation de 25 % avec plus d'un million de postes.

Mais les plus avisés s'inquiètent de la dégradation de notre position face à la concurrence internationale : de 11,1 % des arrivées du tourisme international en 1997, notre part de marché s'est réduite à 8,7 % en 2009.

Il y a pire pour notre avenir : en l'absence d'une vision stratégique partagée, la RGPP s'est faite dans ce domaine sur des critères purement administratifs et financiers. En dehors d'une modeste sous-direction du Tourisme au sein d'une des grandes directions pyramidales du Ministère de l'Economie, la fragile action de l'Etat s'exerce au travers d'une structure, Atout France, dont le fonctionnement absorbe la majeure partie des crédits consacrés au tourisme.

Les politiques nationales ont beaucoup perdu en visibilité et efficacité, et on peut s'inquiéter sérieusement de l'évolution de notre pays dans la concurrence internationale qui s'accentue, avec des offres touristiques diversifiées avec de bons rapports qualité-prix tandis que la pression d'internet et des réseaux sociaux et la réforme des collectivités territoriales modifient considérablement le rôle et l'action de ces dernières en matière d'accueil, d'information et de promotion du tourisme au plan local. Sans qu'existe de véritable organisation réceptive en France,, que ce soit en matière de voyagistes réceptifs ou même de système moderne de réservation- commercialisation au plan national.

Le maintien de la croissance viendra d'abord de la capacité des entrepreneurs privés à s'adapter à ces nouvelles conditions de concurrence. Mais l'originalité de ce secteur est que cette dynamique privée doit

obligatoirement être accompagnée d'une dynamique publique tant locale que nationale, en matière de réglementation, de fiscalité, mais aussi de recherche, d'innovation, de formation, de promotion ou d'aide à l'ingénierie.

Afin de rendre aux collectivités publiques la capacité d'entrainer le secteur dans le sens d'une meilleure compétitivité, le rapport sénatorial devrait viser trois objectifs:

Contribuer à l'indispensable prise de conscience politique des enjeux économiques et sociaux du tourisme, à l'approche de la prochaine élection présidentielle ;

Présenter un petit nombre de propositions aptes à susciter des initiatives porteuses d'emploi et de développement économique (et non à augmenter les seuls mouvements touristiques), s'inscrivant dans une stratégie nationale partagée avec les acteurs territoriaux et professionnels ;

Appuyer ces initiatives par une proposition de loi courte de simplification et de cohérence, restituant les conditions de visibilité de l'action publique indispensables à l'engagement de tous ;

Le discours public doit être clair: face a la destruction/délocalisation des emplois qui affecte structurellement le pays, face à la dégradation de notre balance des échanges extérieurs, face a l'extension de friches rurales et industrielles, face au chômage chronique des jeunes, il n'existe guère de domaine d'activité qui permette, avec des efforts financiers limites, de contribuer a des solutions aux effets rapides, durables et mesurables. Le tourisme est cette exception et il est donc urgent de lui accorder l'attention qu'il mérite, par le biais d'une action publique mieux organisée et mieux identifiée par les acteurs privés.

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