V. PRÉPARER LA RÉPONSE AU DÉVELOPPEMENT DES POLLUTIONS GÉNÉRÉES PAR L'ÉCONOMIE IMMATÉRIELLE
L'économie immatérielle, et, principalement celle qui repose sur les nouvelles techniques de communication, ne peut pas s'exonérer de supports matériels (téléphones, portables, ordinateurs, etc.)
Comme l'ont montré les événements qui ont débuté l'hiver dernier sur les rives Sud et Est du bassin, les populations de ces Etats commencent à être équipées en équipements de cette nature.
Ce taux d'équipement est appelé à approcher celui des habitants de la rive Nord. Or, à terme, cet essor pose problème. Contrairement à l'espace de l'Union européenne, la plupart des pays du sud et de l'est du bassin ne sont dotés ni d'une législation sur le recyclage, ni naturellement d'équipements destinés à assurer ce recyclage.
D'où la perspective de voir ces matériels dont le cycle de renouvellement est de l'ordre de 3 à 4 ans, s'amonceler dans des décharges non contrôlées ou directement jetés en mer.
Il serait utile que l'Union pour la Méditerranée puisse appréhender ce problème en encourageant financièrement l'installation de filières de recyclage de ces produits, ce qui implique aussi que des normes contraignantes (comprenant une parafiscalité ad hoc) soient édictées par les Etats concernés.
VI. MIEUX PRENDRE EN COMPTE LES CONSÉQUENCES FUTURES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
1. Amplifier l'effort de recherche
Le changement climatique acquis depuis trente ans a déjà une conséquence claire : la création de milieux plus favorables aux espèces invasives provenant de la mer Rouge (espèces lessepsiennes). Il est actuellement difficile de mesurer dans quelle mesure cette intrusion se fait au détriment des espèces méditerranéennes, et, en particulier des espèces endémiques qui constituent un des réservoirs de la biodiversité mondiale.
À l'horizon 2030, le changement climatique va se traduire par de nouvelles modifications de la température des eaux de surface et des eaux profondes, par un accroissement de la salinité et par une diminution des apports d'eau douce à la mer.
Ces transformations s'ajoutant à celles déjà acquises peuvent profondément modifier les milieux marins méditerranéens : altération de la chaine trophique, changement de la circulation des courants, évolution des biotopes avec un risque de prolifération de méduses.
L'effort de recherche national et européen est conséquent dans ce domaine. Il est prévu actuellement que le 8ème Programme cadre de recherche et de développement (PCRD), en préparation, amplifie le mouvement amorcé par le 7 ème PCRD dans ce domaine. Cela est souhaitable car l'on ne mesure peut-être pas totalement l'ampleur des modifications des milieux marins qui pourraient être produites par l'évolution climatique à venir.
À l'exploration de ces champs de recherche devrait aussi être couplée une réflexion sur les interrelations entre les pollutions et le changement climatique.
L'on sait aussi que les possibilités de résilience d'un biotope sont d'autant plus fortes que sa biodiversité est intacte.
D'où deux questions :
- dans quelles mesures la conjugaison de la pollution et du réchauffement déjà acquis a-t-elle entamé la biodiversité des milieux marins méditerranéens ?
- et dans quelle mesure la poursuite de ces modifications climatiques et le maintien d'un niveau conséquent de pollution menacent-ils cette biodiversité d'ici 2030 ?
2. Mettre en oeuvre des instruments financiers adaptés aux constantes de temps de l'évolution climatique
Le déploiement d'équipements permettant de répondre aux différents impacts du changement climatique pose un problème. Ils peuvent être très lourds et lents à déployer avec un retour d'investissement sur très long terme (de 30 à 50 ans).
Par exemple, la crise de la ressource en eau (baisse de la pluviométrie, accroissement de l'évaporation, incertitudes sur l'alimentation du Nil) qui se prépare sur la rive Sud dans les décennies à venir suppose de revoir entièrement le schéma d'utilisation et de recyclage de l'eau dans la plupart de ces pays, alors même que la rentabilité de cet effort ne pourra être effective qu'à très long terme.
Il faudra donc imaginer des instruments financiers adaptés à ces constantes de temps.