B. LES LIMITES DE L'AIDE EUROPÉENNE

En dépit de l'intervention européenne et faute d'une réduction tangible de ses déficits publics, les besoins de financements de la Grèce ne devraient, en effet, plus être couverts à partir du mois de mars 2012. D'ici à la fin 2013, ces besoins sont estimés à environ 60 milliards d'euros, dont 25 milliards au titre du premier trimestre 2012.

Au problème de liquidité rencontré par la Grèce s'ajoute un risque réel en matière de solvabilité. L'accélération de réformes structurelles apparaît, de ce fait, indispensable, le FMI comme l'Union européenne dénonçant régulièrement les retards en la matière du gouvernement grec.

1. La méfiance persistante des marchés

L'hypothèse d'un recours aux marchés apparaît peu plausible, au regard des taux qui y sont pratiqués. Fin mai, les taux à dix ans avoisinent les 17 %. Un an après le plan de sauvetage, les investisseurs estiment l'écart entre les obligations allemandes et grecques à 1 253 points de base (12,53 %).

Rendement des obligations à dix ans au 29 avril 2011

Allemagne

Espagne

France

Irlande

Italie

Grèce

Portugal

3,2 %

5,2 %

3,5 %

4,7 %

4,7 %

15,6 %

9,6 %

1/1/2007

3,9 %

4 %

3,9 %

3,9 %

4,1 %

4,1 %

4,1 %

Ce climat de défiance à l'égard de la dette grecque est renforcé par la récente dégradation de la note du pays par les agences Standard & Poor's et Fitch (B à CCC pour la première et de B + à B - pour la seconde). La note de Standard & Poor's est ainsi inférieure à l'Équateur, au Pakistan et à la Jamaïque. La dette grecque à long terme est considérée par les deux agences comme hautement spéculative. Une telle évaluation est justifiée, selon Standard & Poor's , par le taux des CDS ( credit default swap ), l'assurance contre le défaut, négociée de gré à gré. Le risque de défaut de la dette grecque dans les cinq ans est ainsi estimé à 68 %. Le 1 er juin dernier, l'agence de notation Moody's a, à cet égard, classé la Grèce dans la catégorie des pays à risque réel de défaut de paiement (note Caa1), estimant que la Grèce ne pourrait stabiliser son endettement sans une restructuration de sa dette.

Moody's a, dans le même temps, dégradé la note de huit établissements financiers, leurs portefeuilles d'obligation pouvant être directement affectés par une restructuration de la dette.

La méfiance des marchés à l'égard de la Grèce est paradoxalement renforcée par l'intervention de l'Union européenne. La somme prêtée est, à juste titre, considérée comme une charge supplémentaire pour l'État qui voit sa dette augmenter en conséquence, alors qu'elle atteint déjà 153 % du PIB, soit 345 milliards d'euros. Le plan d'austérité auquel l'aide internationale est conditionnée est, par ailleurs, assimilé à un frein à la reprise économique.

La dette publique en Europe : prévisions pour 2012 de la Commission européenne
(en pourcentage du PIB)

Allemagne

Espagne

France

Grèce

Irlande

Portugal

81,1

71

86,8

166,1

117,9

107,4

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