C. RÉNOVATION POLITIQUE ET RÉCONCILIATION RÉGIONALE

1. Une rénovation politique pour dépasser un passé toujours douloureux
a) Des institutions rénovées
(1) Un pays qui a connu l'alternance démocratique

Franjo TUDJMAN, chef de l' Union démocratique croate (HDZ), gagne les premières élections en 1990, et l'emporte lors des présidentielles en 1992 et 1997. Jusqu'en 2000, un an après sa mort, son parti gagne toutes les élections législatives.

L'arrivée au pouvoir des sociaux-libéraux en janvier 2000 met un terme à l'ère TUDJMAN (Franjo TUDJMAN meurt le 10 décembre 1999) caractérisée par des pratiques nationalistes et semi-autoritaires du pouvoir.

Les élections législatives de janvier 2000 sont en effet remportées par une coalition de centre gauche . Le gouvernement est composé pour moitié de représentants du parti social-démocrate (SDP), et pour moitié de représentants de cinq autres partis issus de l'opposition. Cette coalition a comme priorités de rejoindre les organisations euro-atlantiques. Pourtant, elle n'est pas assez stable et pâtit des difficultés économiques qui fragilisent sa base électorale

Ces difficultés contribuent en 2003 à la victoire de la droite aux élections législatives. Le HDZ se présente désormais comme un parti conservateur classique , affilié au PPE, insistant sur sa rénovation et sur l'exclusion des dirigeants extrémistes. Il est très attaché aux adhésions euro-atlantiques et s'appuie sur les orientations du précédent gouvernement dans ce domaine. Il fait face à d'importants défis économiques (chômage, privatisations...) et ses actions commencent à produire quelques résultats significatifs. Monsieur MESIC est réélu en 2005 pour un second mandat de cinq ans.

Depuis février 2010, le social-démocrate Ivo JOSIPOVIC (SDP) est le nouveau président de la République de Croatie, tandis que le gouvernement est dirigé depuis juillet 2009 par Mme Jadranka KOSOR (HDZ).

La Croatie a connu l'alternance politique et vit dans un régime de cohabitation constructive , le Président et le Premier ministre n'appartenant pas au même parti politique.

(2) Une évolution institutionnelle vers la démocratie parlementaire

La Constitution du 22 décembre 1990, inspirée de la constitution française de la Ve République, et instaurant un régime de type semi-présidentiel, a été révisée notamment le 28 février 2001 : le caractère parlementaire du régime a été renforcé et les pouvoirs présidentiels réduits .

Le Sabor (Parlement) est composé de 151 membres 10 ( * ) élus pour 4 ans au suffrage universel direct (scrutin proportionnel) : 140 députés représentent les Croates de Croatie, 5 députés les minorités ethniques et 6 députés représentent les Croates de l'étranger (leur nombre dépend du nombre de votants). Environ 20 % des députés sont des femmes.

Le consensus politique sur l'objectif d'adhésion à l'Union européenne a amené M. JOSIPOVIC et Mme KOSOR à se partager harmonieusement les tâches, en dépit des tensions que pourrait susciter la tenue prochaine des élections législatives (entre l'automne 2011 et mars 2012).

Le Premier ministre Mme KOSOR montre une détermination sans faille dans la réalisation des trois objectifs qu'elle a fixés à son gouvernement : achever la négociation d'adhésion à l'Union européenne, signer le traité d'adhésion et procéder sans attendre au référendum en Croatie ; sortir le pays de la crise économique ; poursuivre une lutte acharnée contre la corruption.

Le président de la République M. JOSIPOVIC s'engage activement, depuis le début de son mandat, sur les thèmes de la lutte contre la corruption (il soutient le gouvernement de Mme KOSOR dans ce domaine), de l'achèvement des négociations d'adhésion à l'Union européenne, mais aussi de la coopération régionale, de l'amélioration des relations avec les pays voisins, en particulier la Serbie envers laquelle il multiplie les gestes d'ouverture.

Certaines de ses initiatives audacieuses en politique étrangère sont lourdes de symboles , comme les regrets exprimés en Bosnie-Herzégovine pour les erreurs de la politique croate des années 1990, ou le rapprochement avec la Serbie.

Convaincu de la nécessité pour la Croatie de tourner la page des divisions du passé, I. JOSIPOVIC prône la réconciliation qu'il s'agisse de l'héritage douloureux de la seconde guerre mondiale (État oustachi croate pro-nazi contre partisans du mouvement communiste de TITO) ou du conflit des années 1990. Tant ses déplacements à Bleiburg (symbole des crimes commis contre des membres de l'État oustachi par les partisans de TITO) et Jasenovac (camp de concentration pendant la seconde guerre mondiale) que les propos tenus en faveur de la réconciliation à l'occasion de ses visites en Bosnie et de ses rencontres avec le président serbe M. TADIC constituent à cet égard des gestes forts de la part du Président croate (cf. ci-après).


* 10 Source : site de l'ambassade de Croatie en France

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