2. Une présence française à renforcer
a) Une faiblesse des implantations d'entreprises françaises, dans le contexte d'une concentration régionale du dispositif français d'appui aux PME
A Zagreb comme sur l'ensemble du territoire croate, les entreprises allemandes et italiennes sont loin devant les entreprises françaises.
Avec 2,7 % de part de marché , la France n'est que le 10 ème fournisseur de la Croatie. Les exportations françaises à destination de la Croatie représentent 0,1 % des exportations françaises.
Le volume des échanges reste modeste (420 millions d'euros en 2010).
Cette situation n'est pas en voie d'amélioration : les échanges commerciaux franco-croates ont chuté depuis 2009. La part de marché française, en baisse régulière depuis 2001, est au plus bas depuis 10 ans, de même que l'excédent commercial (181 millions d'euros).
Du point de vue des investissements directs, la France n'est que le 5 ème investisseur en Croatie, essentiellement grâce à un seul investissement, dans le secteur bancaire. Seules 68 filiales françaises sont aujourd'hui présentes en Croatie. Les grands investissements sont rares, qu'il s'agisse de rachats d'entreprises locales (dans le secteur laitier par exemple) ou de grands contrats (des opérateurs français ont déposé une offre pour le futur aéroport de Zagreb).
Lors de leur mission à Zagreb, vos rapporteurs ont en outre eu connaissance de projets tendant à concentrer le dispositif français d'appui aux PME au niveau régional (à Vienne), ce qui n'est sans doute pas de nature à faciliter les investissements directs que pourraient faire à Zagreb les entreprises françaises.
Dans ces conditions, il est douteux que l'économie française puisse bénéficier des retombées positives de l'effet de « rattrapage » qui devrait suivre l'intégration européenne.
b) Une insuffisance qui se retrouve sur les projets financés par l'Union européenne
Les jumelages sont un outil essentiel de l'assistance européenne et soutiennent le renforcement institutionnel des administrations bénéficiaires dans tous les domaines de l'acquis communautaire.
Force est de constater le nombre insuffisant de projets français (à quelques exceptions près) sur les programmes européens en Croatie et la faiblesse de nos résultats.
Depuis 2002, la France a remporté seulement 15 jumelages (sur 117), dont 4 en tant que partenaire junior. Ils représentent 6 % du budget total , pour un taux de réussite de 30 % (rapport entre le nombre d'offres faites et le nombre de jumelages remportés). Ce résultat est faible en comparaison avec d'autres États membres, notamment l'Autriche et l'Allemagne (respectivement 28 % et 22 % du budget, et 59 % et 39 % de taux de réussite) et place la France en 3 ème position.
En 2011, la France n'est impliquée que dans 5 jumelages :
ü « Soutien au Ministère de la Justice pour l'amélioration de la coordination de la lutte anti-corruption » - France Senior, Italie Junior (IPA 2007 - 800 000 euros). Ce projet a démarré en avril 2010.
ü « Mise en place de l'Agence de paiement pour les fonds agricoles » - Autriche Senior, France Junior (IPA 2007 - 2Meuros). Ce projet a commencé en janvier 2010.
ü « Soutien pour la mise en place de l'organisation commune de marchés » (IPA 2008 - 230 000 euros, jumelage léger). Ce projet a démarré en novembre 2010.
ü « Renforcement de la capacité de l'administration fiscale croate dans le domaine des échanges d'informations relatives à la directive épargne » (IPA 2008 - 230 000 euros, jumelage léger). Ce projet a démarré en novembre 2010.
ü « Soutien à la réforme de la procédure criminelle » - Allemagne Senior, France Junior (IPA 2008 - 1.157.895 €). Ce projet a été gagné en novembre 2010.
La participation française aux programmes européens est pourtant essentielle, alors que nos moyens bilatéraux deviennent de plus en plus limités (le montant moyen d'un jumelage est supérieur à notre enveloppe annuelle de coopération, tous domaines confondus). Il apparaît donc indispensable de mieux préparer nos offres afin d'en améliorer la qualité .
La nécessité d'un investissement des administrations françaises en amont , grâce à des coopérations bilatérales, nouées avec le soutien actif de l'ambassade de France à Zagreb, doit être soulignée, pour permettre de préparer avec soin les propositions, en adéquation avec les attentes des bénéficiaires. Ainsi, les derniers jumelages remportés ont été précédés d'une préparation approfondie des offres, avec notamment des missions préparatoires sur place. Les consortiums avec les nouveaux États membres, lorsqu'ils sont possibles, sont également à encourager.
Notre présence devrait être renforcée, d'autant que notre expertise est fortement appréciée des partenaires croates.