11. Audition des représentants du Conseil National des Centres commerciaux (CNCC) : PHILIPPE JOURNO, président de la commission « Entrées de villes et ambitions urbaines », JEAN-MICHEL SILBERSTEIN, délégué général, PHILIPPE PETITPREZ, directeur de Citania groupe Auchan, JEAN-JACQUES GRADOS
La Fédération française des centres commerciaux regroupent 330 entreprises du commerce structuré. Les représentants du Conseil national des Centres Commerciaux (CNCC), Philippe Journo, président de la commission « entrées de villes et ambitions urbaines », Jean-Michel Silberstein, délégué général, Philippe Petitprez, directeur de Citania Groupe Auchamps et Jean-Jacques Grados, membre du CNCC, sont très critiques sur les effets qu'a eus la loi LME en matière d'urbanisme commercial : mitage des entrées de villes, contournement des règles d'urbanisme, prolifération anarchique des enseignes au détriment des opérations menées par des opérateurs multiples regroupés dans des ensembles cohérents.
Une des variables clés de l'évolution de la périphérie commerciale des grandes métropoles est celle des comportements des consommateurs et des habitants ; d'une manière générale, il est important de prendre en considération les conditions de vie (logement, travail, loisir, commerce, etc.) des habitants plutôt que de se focaliser sur l'évolution des centres villes.
Si les SCOTs et le zonage peuvent fournir des éléments efficaces pour promouvoir la mixité des fonctions, il ne faut néanmoins pas renforcer le zoning pour les zones commerciales alors qu'on paie maintenant les conséquences de ce laisser-aller urbanistique.
Pour recompacter la ville, il faut donc refaire des quartiers de ville dans les zones commerciales. La réflexion doit se focaliser sur la manière de réparer ces espaces dans le cadre d'objectifs à long terme. Mais la vraie difficulté reste celle de l'opérationnel et du financement. Certaines politiques urbaines ont en fait été des politiques électorales. S'agissant du logement social, c'est la qualité de la construction qui doit en assurer le succès. Les zones d'éducation prioritaire dans les faits renforcent la ségrégation du fait du phénomène d'évitement des parents d'élèves.
Il faut donc s'orienter vers un mélange des fonctions culturelles, commerciales, de loisir et de l'habitat, en particulier dans les 600 zones qui sont concernées en France par la réhabilitation urbaine des périphéries de villes. Un des obstacles à ces évolutions tient au vieillissement de la population qui accepte, moins que dans les années 60 avec la voiture, le remodelage urbain notamment avec plus de compacité dans certains espaces à remodeler.
La crise économique a un impact sur l'évolution des centres commerciaux ; certains commerces - ceux qui dépendent surtout du crédit comme l'équipement de la maison ou qui peuvent paraître non indispensables - souffrent plus que ceux qui sont directement liés à la vie quotidienne - alimentation, hygiène, etc. Pour ces derniers, les volumes de vente sont identiques, mais on constate déjà des modifications importantes de comportement, par exemple sur les eaux minérales en bouteilles dont les ventes ont chuté de 20 %.
La dégradation des zones commerciales en périphérie est sans doute aussi le résultat des conditions dans lesquelles celles-ci ont été implantées avec une vraie défiance culturelle en France pour le commerce, plutôt mal vu. Ce qui n'est pas le cas dans les pays anglo-saxons où grâce à la concertation, au rôle des élus et à la lisibilité des projets, les zones commerciales sont plutôt des réussites architecturales et urbanistiques.