4. ISTANBUL : de la ville diasporique à la capitale européenne de la culture
La ville d'Istanbul avec plus de 12 millions d'habitants est une cité cosmopolite. Bien qu'en 1923, la fonction de la capitale politique ait été transférée à Ankara, elle reste sans aucun doute la principale capitale économique du pays. Istanbul est depuis des siècles la ville diasporique malgré la tendance à homogénéisation qui l'a marquée de temps à autre. Les migrations internes au territoire anatolien, les migrations régionales et internationales, sa position entre l'Occident et l'Orient ont participé au fait qu'elle soit désignée Capitale culturelle de l'Europe en 2010. C'est à travers sa politique culturelle et sa diversité qu'Istanbul a l'intention de justifier l'entrée de l'ensemble de son territoire national, pourtant très hétérogène et différent de la capitale économique, dans l'espace européen. Cette dure besogne n'est pas au détriment de ses relations avec l'Orient car elle rassemble aussi des peuples iraniens, arabes et Kurdes et participe ainsi à la géopolitique nationale de renforcement des relations avec les frontières orientales.
D'abord le caractère multiethnique de la ville est intrinsèquement lié à son site de contact et à son rôle politique car la Byzance est l'une des limites du monde grec, avec toutes les colonies pontiques de la côte anatolienne. Appelé le « Seconde Rome », Istanbul (la Byzance) a été la ville qui dans son Grand Bazar a hébergé les fondations byzantines. Ce dernier illustre parfaitement sa dimension commerçante, multiethnique où on parle toujours plusieurs langues.
De fait des bouleversements historiques, de sa position de porte d'entrée du commerce extérieur et du tourisme international, sa population a souvent connu des mutations profondes dans sa composition culturelle, linguistique et ethnique. La diversité et le brassage sont des caractères premiers de sa population 100 ( * ) .
Nous allons tenter d'examiner le développement de la capitale istanbuliote à travers les politiques publiques dans le domaine culturel qui résultent de sa longue tradition de ville polyglotte et multiculturelle.
Au début de l'histoire, Istanbul fut protégée par de hautes murailles des siècles durant à l'exception des Croisés latins (1204) et des Turcs ottomans (1453). Très vite, cette ville aux noms multiples est devenue le refuge de centaines de milliers de ces réfugiés/rapatriés (muhacir) ou plus pudiquement échangés (mübadil) du traité de Lausanne.
En 2000, selon la Municipalité, Istanbul ne comptait plus que 5 églises orthodoxes ouvertes (3 grecques, 2 syriaques), 32 églises arméniennes et 16 synagogues pour 2562 mosquées (cami), 215 lieux de culte (mescit), 119 mausolées (türbe). Istanbul, cité musulmane depuis 1453, est restée siège du Patriarcat orthodoxe oecuménique, mais elle a aussi accueilli les Juifs chassés d'Espagne en 1492, d'autres, réfugiés d'Allemagne et d'Europe centrale durant les années 1933-1945, les Polonais catholiques du prince Czartorisky (1839-1842), des Kazakhs sunnites du Xinjiang durant les années 1960 tout en étant peuplée d'Arméniens grégoriens, d'Assyro-Chaldéens arabes, d'Alévis anatoliens, de Chiites azéris d'Iran 101 ( * ) . Il n'est pas sûr que la diversité d'Istanbul soit complètement aujourd'hui reflétée dans l'hétérogénéité des confessions.
La volonté d'homogénéisation, de turquisation et dans certaines mesures, d'islamisation marque la ville entre 1920-1990. Bien que cette dernière tendance marque toujours l'Istanbul contemporain-malgré le régime laïc-, depuis le début des années 90, Istanbul a de nouveau l'image d'une ville cosmopolite. Avant d'explorer les dynamiques culturelles de la ville, il est important de retracer rapidement son développement urbain.
Le boulevard de front de mer et trouées des grandes avenues urbaines dans les années 1950 ont commencé à dessiner l'image actuelle d'Istanbul. La ville s'est étendue sur les deux rives de la Corne d'Or, en deux villes autonomes, la gréco-turque au sud, la latine au nord (franque et génoise : Galata, Péra). Elle s'est aussi dédoublée entre « rive européenne » et « ville asiatique » (Üsküdar, Kadýköy) au long du Bosphore.
Istanbul dans les années 50, photographiée par Ara Guler
La ville comptait 720 000 habitants en 1923 mais la volonté de transférer le pouvoir à Ankara fait décliner sa population : en 1932, elle compte 690 850 habitants, dont 445 850 Turcs musulmans, 179 665 minoritaires (nationalité turque) et 65 335 étrangers 102 ( * ) .
Aujourd'hui Istanbul retrouve son cosmopolitisme aussi grâce à une géopolitique qui lui est favorable : Téhéran, grande capitale à sa proximité est obsolète au niveau international. Bagdad est en conflit permanent. L'indépendance des nouveaux États (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Turkménistan, Azerbaïdjan) et la réouverture des frontières internationales, avec la multiplication des liaisons aériennes (d'Istanbul à Bakou, Almaty, Astana, Tachkent, Ashgabad, Bishkek, Kazan, Simféropol...), avec l'émergence de politiques de structuration des « diasporas » (terme mis en avant par les autorités azéries ou ouzbèkes), Istanbul tend à devenir un nouveau relais entre ces capitales et l'Occident. Istanbul, avec son site attrayant, a aussi attiré des Français, Italiens, Allemands, Autrichiens, Hongrois etc. Comme beaucoup de villes portuaires et dans la continuité des échanges, Istanbul s'est également dotée d'importantes infrastructures aéroportuaires qui participent à sa volonté de devenir un noeud d'échange et de communication par la mer et par le ciel entre l'Asie et l'Europe.
Istanbul est surtout caractérisée par sa tolérance où les femmes musulmanes voilées et non-voilées se côtoient sur la grande avenue d'Istiklal et on entend le muézin alors que les bars d'homosexuels vibrent de musique techno. Byzance-Constantinople-Istanbul est alors une ville grecque, arménienne, assyro-chaldéenne, iranienne, hispanique, latine, franque, slave, ouzbèke, tatare, et bien sûr turque et kurde.
Dès 1950 avec le passage au multipartisme ainsi que la première ouverture à l'économie privée, la population d'Istanbul recommence à augmenter et explose par migration interne et croissance démographique. Il y a donc de fait deux types de cosmopolitisme : l'un, qui peut être qualifié d'endogène, est lié aux populations autochtones de l'Anatolie (souvent transfrontalières, comme les Kurdes et les Arabes), l'autre, que l'on dira exogène, est de retour avec le développement récent de la métropole économique. Ainsi Istanbul joue sur les deux cartes : d'une part l'intégration à l'Europe, son premier fournisseur et premier client de son économie et d'autre part devenir sur la carte eurasienne l'acteur majeur du fait de sa position géographique et géopolitique trans-asiatique.
Dynamiques contemporaines
Dès les années 1950 et avec le passage au multipartisme, la libéralisation économique avec les premières entrées de capitaux américains et européens qui font reprendre la première place dans l'économie privée turque, Istanbul semble regagner sa gloire du passé.
Les entreprises dans tous les domaines se multiplient attirant un nombre croissant de migrants internes. Istanbul devient le premier port et premier aéroport international du pays avec notamment la création du siège social et du hub de Turkish Airlines, née en 1933. C'est aussi par ces moyens qu'elle se transforme en principale porte du tourisme étranger.
Le milieu des années 1980 est marqué par la grande mutation économique. Le tissu urbain actuel a émergé à 80 % après cette date ; l'industrie turque s'oriente résolument vers l'exportation, et cette révolution économique s'accompagne d'une révolution touristique. Istanbul devient progressivement un lieu de commerce international. En parallèle à cela, les cinq cent mille petits vendeurs de rue envahissent la ville et créent la « movida stambouliote».
La forme urbaine d'Istanbul prévue pour
2020
source : IBB Istanbul Municipality
Pendant la même période, l'effondrement de l'URSS et l'émergence des Républiques turcophones de même que la guerre Iran-Irak ont eu un impact important sur la ville. Istanbul devient une plaque tournante de nouveaux flux migratoires et de nouvelles mobilités, une ville où transite tout type de commerce formel et informel y compris celui des prostituées ainsi que des touristes iraniens et centrasiatiques en soif de consommation et de revente de produits occidentaux
Les plazas (groupes de gratte-ciel de verre et de béton, dont un nombre croissant d'hôtels internationaux) se multiplient vers Levent et Etiler, sur la crête au-dessus de la rive européenne du Bosphore. C'est comme ça qu'Istanbul avec les nouvelles présences des slaves, des balkaniques, des iraniens et des occidentaux redevient cosmopolite
Quartier de Levent
La réouverture au monde, l'affaiblissement de la politique de turquisation avec une focalisation sur l'idée de l'Etat-nation ont aussi changé les modes de vie et de création artistique. Les identités se sont multipliées et la ville est devenue le laboratoire d'hybridation des identités.
Istanbul est désormais reliée à l'ouest par l'axe routier privilégié de communication vers l'Europe et à l'est à Damas, Bagdad et Téhéran (par le billet d'une autoroute). La voie ferrée transfrontalière est rétablie entre Kazakhastan, Machhad en Iran, Ashgabad, la capitale de Turkménistan avec prolongation en cours vers Bander Abbas sur le golfe Persique.
Istanbul capitale européenne de la culture en 2010
C'est dans ce contexte qu'Istanbul fut déclarée en 2006 la capitale européenne de la culture pour l'année 2010. Initié en 1983 par Melina Mercouri alors ministre de la culture grecque, le programme européen des capitales de la culture a pour but de rassembler les citoyens européens autour d'héritages culturels communs symbolisés par les villes choisies. Istanbul a bien sûr mis en avant sa situation géographique exceptionnelle de "pont entre Orient et Europe". Le culturel devient ainsi un instrument de valorisation des territoires 103 ( * ) . Depuis les années 90, la ville d'Istanbul s'est dotée d'une dizaine de musées comme Istanbul Modern en 2004 et Elgiz musée en 2008 qui ont préparé le terrain pour cette candidature.
La candidature d'Istanbul avait été présentée à la Commission européenne en 2005. Elle comportait le nom de « Istanbul, ville des quatre éléments » (la terre, l'Air, L'Eau et le feu) autour desquels le programme est construit. Cette candidature représentait surtout une stratégie particulière pour les autorités turques de renforcer la volonté d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Il est intéressant de savoir que dès 2010 seules les villes européennes peuvent être désignées.
Le projet a été porté par les élites économiques stambouliotes avec le soutien des autorités islamiques modérées de la ville. Certaines grandes familles, qui depuis la deuxième guerre mondiale participaient activement à la création de nouvelles universités et de centres d'études, se sont transformées depuis l'an 2000 en mécènes et fondateurs de musées. Ces initiatives privées avaient été possibles pour les universités en 1982 autorisant le secteur privé à mettre en place de nouvelles universités. La fondation d'une de ces familles, IKSV, a même été en charge de conduire la saison turque en France en 2009. Ces nouveaux musées privés ont opté pour leur localisation les anciens quartiers européens comme Beyoglu, les friches industrielles du port d'Istanbul ou celles de la rive de la Corne d'Or. Le gouvernement, bien que coupé de la production artistique depuis les années 80, soutient les initiatives culturelles des grandes familles en les instrumentalisant au profit de l'image d'une Turquie désireuse d'entrer en Europe. En parallèle à cela, le gouvernement de Tayyip Erdogan affirme sa tendance islamo-conservatrice par le biais des projets de musées comme le musée de la conquête d'Istanbul où est exposée une histoire de l'identité religieuse des Ottomans.
Dans le cadre du programme, « Istanbul, la capitale européenne de l'Europe », plus de 400 projets ont été retenus pour célébrer cet évènement, dans des domaines aussi divers que les arts visuels et de la scène, la musique, les arts traditionnels de même que l'éducation et la rénovation urbaine. Ainsi des manifestations artistiques sont prévues pendant douze mois pour réaffirmer le caractère multiple de la Turquie et un budget de 270 millions d'euros a été mobilisé pour attirer 10 millions de visiteurs.
Voici quelques exemples de ces manifestations :
Le projet nommé « Les Ambassadeurs ambulants d'Istanbul » consiste à former les chauffeurs de taxi à améliorer leur qualité de service pour les nationaux et surtout à mieux communiquer avec les touristes étrangers en visite à Istanbul. Il s'agit de formations gratuites pour les chauffeurs sur l'histoire de la ville et sa richesse. Ainsi, plus de 500 chauffeurs travaillant à l'aéroport international d'Atatürk, dans les quartiers de Beyoglu, Beþiktaþ Küçükçekmece, sont impliqués dans ce projet et suivent des cours d'anglais, de « courtoisie », des relations publiques et la présentation des lieux historiques aux touristes.
Affiche pour le projet « Les Ambassadeurs ambulants d'Istanbul »
Conscient de l'importance du caractère multiculturel de la ville, les étudiants de Boðaziçi University Tourism Management ont organisé avec le soutien de la ville un forum appelé «Project Multi-culturedness from past to present: Istanbul and other 2010 European Capitals of Culture Pecs/Ruhr/Essen». Le travail qu'ils effectuent dans ce forum fait partie de leur cursus d'étude dans le domaine de la gestion. L'objectif du forum consiste à informer les communautés locales et internationales à travers des activités qui permettent de prendre conscience de l'importance de la prise en compte du multiculturalisme de la métropole avec un accent sur l'héritage culturel et l'identité historique d'Istanbul. La chambre de commerce et d'industrie d'Istanbul, les universités et les ONG financent et participent activement à ce projet.
Affiche pour le projet de la mise en valeur de multiculturalisme à Istanbul
Et enfin, le revers du décor et dans le cadre des projets de renouvellement urbain, les habitants d'un quartier nommé «Sulukule » semblent condamnés de quitter leurs maisons au profit d'un projet de renouvellement urbain. Sulukule est connu comme le quartier le plus ancien où les Roms se sont installés, venus du sous-continent indien au 11ème siècle pendant l'époque byzantine. Les habitants sont de provenances diverses (sud-est de la Turquie, côté égéenne...) et le quartier est cosmopolite.
Quartier de Sulukule
Sulukule a été classé en zone de « renouvellement urbain » et condamné à être détruit! La mairie de l'arrondissement de Fatih et l'agence pour le développement du logement (TOKI) ont signé leur accord le 13 juillet 2006 pour procéder à cette action. 571 familles sont appelées à quitter leurs logements. Le projet de la mairie menace leur économie domestique en les délogeant, en les confrontant à des loyers plus élevés dans d'autres quartiers ou à des conditions de vie pénibles dans des bidonvilles. Le projet prévoit de reloger ces familles à quarante kilomètres de leur quartier, dans une cité, loin de toute infrastructure sociale ou de transport. La mobilisation contre la destruction du quartier a surtout été impulsée par les ONG locales (Accessible Life Association et Human Settlement Association) et quelques leaders de l'association de quartier (Association pour la solidarité et le développement de la culture rom de Sulukule). La nomination d'Istanbul comme « Capitale Culturelle de l'Europe 2010 » motive davantage la Plateforme pour réaliser son idéal de projet. Ce projet a ainsi mobilisé des élus, des associations pour et contre le projet de la mairie jusqu'à même faire venir quelques-uns des élus européens qui ont visité le quartier.
Ces trois sous-projets illustrent en partie les impacts qu'un tel projet peut avoir sur les dynamiques urbaines. Ainsi il a été à l'origine de la mise en place de nouveaux types de partenariat car la candidature a été d'abord portée principalement par la société civile et les intérêts privés. Selon les autorités de la ville, comme Sekib Avdagiç, le directeur de l'Agence Istanbul 2010 Capitale Européenne de la Culture, le choix d'Istanbul comme capitale européenne de la culture est une stratégie de long terme pour l'avenir de la ville. Elles espèrent que cette initiative va permettre à la ville d'opter pour des formes de gouvernances inédites. Elle a également comme ambition de donner davantage de visibilité au caractère multiple de la ville que nous avons mentionné dans l'introduction.
Plusieurs institutions et réseaux et mouvances idéologiques mènent les politiques culturelles d'Istanbul. Il y a d'un côté les acteurs publics locaux, notamment la mairie d'Istanbul, véritable Etat dans l'Etat avec treize millions d'administrés et un budget supérieur à celui de certains pays des Balkans. Son action culturelle repose sur l'éducation et la formation, et fonctionne selon un système de valeurs très clairement conservatrices. Elle réalise par exemple un gros travail auprès des femmes et des jeunes, axé sur l'acquisition de savoir-faire artisanaux. L'appropriation de la ville par des habitants dans une ville où 60% sont nés hors de la ville est un objectif important des politiques publiques urbaines à Istanbul. Ainsi, les habitants d'Istanbul sont régulièrement invités par des campagnes à se réapproprier leur histoire, sur le thème « devenez stambouliote ». Les secteurs privé et semi-privé sont très actifs dans les domaines des politiques culturelles. Ils sont liés à des fondations rattachées à des groupes industriels. Dans le projet d'Istanbul la capitale européenne de la culture, l'implication des acteurs politiques atteint le sommet de la pyramide politique : le Président de la République turc Abdullah Gül et son Premier ministre Recep Tayyip Erdoðan se sont exprimés chacun leur tour sur l'importance de ce projet.
Les conséquences de ce projet sont multiples pour la ville :
- l'ouverture culturelle, avec la prise en compte des minorités et des quartiers périphériques,
- une nouvelle forme de gouvernance inclusive et participative, favorisant la démocratie par le biais de projets lancés par des membres de la société civile, ce qui était totalement inhabituel en Turquie.
- la volonté d renforcer la politique d'européanisation et de la mondialisation de la Turquie par l'intermédiaire de la ville d'Istanbul qui témoigne d'une stratégie nationale : « Istanbul a autant façonné la culture européenne qu'elle a été façonnée par elle. » (Recep Tayyip Erdoðan)
Conclusion et perspectives
Istanbul, brasse depuis des siècles des cultures variées qui résultent de la diversité de sa population. Le choix d'Istanbul comme capitale européenne de la culture est d'abord un acte politique car il permet d'inscrire la ville dans un agenda culturel européen, jouant ainsi en faveur de son adhésion hypothétique. Ce projet renforce le caractère multiple d'Istanbul et l'image qu'elle donne d'elle-même à l'extérieur. Deuxièmement, il est économique car il assure la promotion de la ville sur le marché des destinations touristiques. C'est aussi une expérience urbaine qui permet à la ville de se familiariser avec d'autres pratiques politiques ou sociales notamment par le biais de la participation de la société civile. La reconnaissance des identités et des quartiers périphériques va lui assurer une meilleure intégrité aussi bien à l'échelle de la ville qu'à l'échelle nationale.
Les secteurs public et privé sont mobilisés par les projets de la capitale culturelle et poursuivent les deux stratégies de vendre l'image d'Istanbul en interne, comme ville de l'Islam et la capitale Ottomane, et en externe celle de la culture européenne. Ainsi la Capitale Européenne de la Culture 2010 devrait permettre, après 2010, dans la continuité des programmes culturels, de développer une véritable politique culturelle municipale inclusive même si on pourrait lui reprocher d'être trop orientée vers le tourisme et la mise en valeur du passé et de l'héritage culturel et moins assez vers la production contemporaine.
La diversité de la population d'Istanbul, ses nouvelles politiques culturelles ont donné lieu à une métropole effervescente qui attire toujours de nouvelles populations. Il est important de prendre en considération le rôle d'Istanbul dans une Europe vieillissante dont beaucoup de capitales se sont transformées en ville-musée, souvent trop réglementées, et souffrant de l'absence d'un esprit collectif assurant la dynamique de la cité.
Amin Moghadam
Bibliographie
- PÉROUSE Jean-François (2000), « La mégapole d'Istanbul 1960-2000. Guide bibliographique », Les Dossiers de l'IFEA (Série la Turquie aujourd'hui, 4).
- PÉROUSE Jean-François (2002), « Migrations, circulations et mobilités internationales à Istanbul », in Migrations et mobilités internationales : la plate-forme turque, Les Dossiers de l'IFEA, Série la Turquie aujourd'hui, 13, pp. 10-29.
- ZARCONE Thierry & ZARINEBAF-SHAHR Fariba (dir.) (1993), « Les Iraniens d'Istanbul, Téhéran-Istanbul », Institut Français de Recherches en Iran & Institut Français d'Études Anatoliennes, 42.
- « Une métropole promue par sa politique culturelle...privée », La revue d'urbanisme , Numéro 369, «Villes méditerranéennes », Nov-Dec 2009
* 100 Voir : Stéphane de Tapia, « Entre Europe et Asie : Istanbul, cité cosmopolite, carrefour de diasporas ? », Espace populations sociétés [En ligne], 2006/1, mis en ligne le 01 avril 2008,
* 101 Idem
* 102 MANTRAN Robert (dir.) (1989), Histoire de l'Empire ottoman, Paris, Fayard.
* 103 «Une métropole promue par sa politique culturelle...privée » in, La revue d'urbanisme, Numéro 369, «Villes méditerranéennes », Nov-Dec 2009