b) La politique de rigueur ciblée du gouvernement lituanien
La dégradation de la situation économique et son impact sur les comptes publics n'ont pas conduit la Lituanie à solliciter l'aide du Fonds monétaire international ou celle de l'Union européenne, contrairement à son voisin letton. Le refus de recourir à un prêt international s'explique notamment par la volonté de Vilnius d'accéder rapidement à la zone euro.
Le gouvernement nommé en décembre 2008 a adopté, dans la foulée de son arrivée aux responsabilités, deux plans destinés à relancer l'économie. Ils visent principalement à maintenir le déficit public en dessous des 3 % du PIB, par le biais d'augmentations des recettes fiscales et d'une réduction sévère des dépenses publiques. Des mesures spécifiques de soutien aux entreprises ont également été mises en oeuvre.
La dévaluation interne que préconisent les autorités lituaniennes n'est, en effet, pas uniforme. Elle vise en même temps qu'un assainissement des comptes publics, la restauration de la compétitivité et de l'attractivité de la Lituanie. Les mesures visant à majorer les recettes fiscales concernent en conséquence la consommation, avec une augmentation de la TVA de 3 points et la hausse concomitante d'un certain nombre de taux d'accise.
A cette hausse de la fiscalité s'ajoute une réduction des dépenses publiques tant au niveau des salaires que des pensions. Celles-ci se voient ainsi diminuées de 15 %. Concernant les rémunérations publiques, le gouvernement a adopté des taux de réduction différenciés selon les fonctions : la présidente de la République a vu son salaire baisser de 45 %, les ministres et les directeurs d'administration centrale de 40 %, les enseignants de 5 %. De façon générale, les salaires ont diminué de 15 %.
Cette cure d'austérité épargne cependant les entreprises, afin de stimuler leurs capacités exportatrices. Le taux de l'impôt sur les sociétés fixé à 15 % avant la crise économique demeure ainsi au même niveau. Le taux concernant les petites et moyennes entreprises est, quant à lui, établi à 5 %.
Cette orientation semble rencontrer un succès certain, la croissance -1,3 % en 2010 - étant tirée par les exportations. L'amélioration de la compétitivité du pays conjuguée à la reprise économique sur les marchés où la Lituanie vend traditionnellement (Russie, Biélorussie, Allemagne, Suède) a ainsi permis aux exportations de progresser de plus de 33 % en 2010. Le gouvernement table sur une croissance de 3,3 % à l'occasion du prochain exercice, en dépit d'une baisse régulière de la consommation interne. L'augmentation des investissements des entreprises traduit également une confiance dans l'évolution économique du pays. La Banque centrale lituanienne estime ainsi que les investissements des entreprises devraient augmenter de 14,4 % en 2011.
La compétitivité de l'économie lituanienne tient pour partie à la qualité de son système de formation, héritage indéniable de l'époque soviétique. Cependant, comme en témoigne un solde démographique négatif de 85 000 personnes en 2010, la Lituanie fait face à une nouvelle tendance à l'émigration vers les pays occidentaux et la Russie. Composée en grande partie de jeunes partis à l'origine pour compléter leur formation, cet exode ne sera pas, à terme, sans conséquence sur l'économie.
L'attractivité du territoire demeure par ailleurs fragilisée par la permanence de phénomènes de corruption dans le domaine économique. Si le climat des affaires n'est pas totalement vicié, il convient de relever que les procédures d'appels d'offre manquent encore à l'heure actuelle de transparence, 85 % de ces procédures voyant leurs résultats contestés devant les tribunaux.