C. LE POIDS CROISSANT DE LA DETTE A L'HEURE DE LA CRISE DES TAUX

1. Le risque d'insoutenabilité de la dette publique

Le montant de la dette publique portugaise est évalué à 145,5 milliards d'euros, soit 82,1 % du PIB en 2010. 70 % de la dette publique est composée d'obligations. Le recours à la dette est principalement lié à la consolidation budgétaire, le déficit budgétaire étant grevé depuis 2009 par les mesures contra-cycliques adoptées par le gouvernement pour tempérer les effets économiques et sociaux de la crise financière mondiale.

Solde budgétaire (en % du PIB)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011 (prévision)

- 5,9 %

- 4,1 %

- 2,8 %

- 2,9 %

- 9,3 %

Entre - 6.9 et - 7,1 %

- 4,6 %

Le projet de loi de finances pour 2011 prévoit un besoin de financement brut de près de 46 milliards d'euros. 35,3 milliards d'euros serviraient ainsi à financer l'amortissement de la dette existante. L'État portugais sera confronté au cours du présent exercice au remboursement de bons et d'obligations du Trésor arrivant à maturité, soit 24,6 milliards d'euros.

La dette publique 2010-2013 (Prévisions gouvernementales)

2010

2011

2012

2013

82,1 % du PIB

88,9 % du PIB

90,1 % du PIB

89,3 % du PIB

Le Portugal semble, à cet égard, être entré dans la spirale de l'endettement et devrait faire face à des coûts de financements de plus en plus élevés. L'avis négatif formulé par les trois agences de notation contribue, à cet égard, renforcer la défiance des marchés à l'égard de la dette portugaise.

L'agence Standard & Poor's a ainsi placé la note de l'État portugais sous vigilance négative le 30 novembre dernier. Elle prévoit en effet une contraction du PIB de 2 % en 2011 et s'interroge sur la fiabilité des réponses à la crise apportées par le gouvernement. L'agence évoque en outre les risques liés à un éventuel recours du gouvernement à un financement public extérieur et les risques que l'obtention de tels fonds pourrait avoir pour la position des créanciers privés face aux créanciers publics.

Le 21 décembre 2010, l'agence Moody's a également placé le Portugal sous surveillance négative, estimant que les mesures de consolidation budgétaire adoptées par le gouvernement n'étaient pas sans incidence sur le potentiel de croissance portugais. La même agence envisage d'ici la fin du mois de mars 2011 un nouvel abaissement de la note portugaise au regard, notamment, de la situation politique. La note pourrait alors atteindre A2 ou A3.

Le 23 décembre, l'agence Fitch a, quant à elle, rétrogradé d'un cran la note de la dette souveraine, qu'elle a dans le même temps assorti d'une perspective négative. La crainte d'une récession, estimée par l'agence à 1 % du PIB, justifie à ses yeux une telle dégradation.

Note de la dette souveraine portugaise au 1 er janvier 2011

Fitch
(max : AAA)

Moody's
(max :AAA)

Standard & Poor's
(max : AAA)

A+

A1

A -

Une telle détérioration de la note du Portugal n'est pas sans incidence sur les marchés. Le Portugal ne rencontre pas à l'heure actuelle de difficulté majeure sur les marchés et a ainsi pu emprunter 500 millions d'euros le 15 décembre dernier. Elle a également pu placer 1,25 milliard d'euros sur les marchés le 12 janvier. Sur les émissions ayant pour échéance juin 2020, le taux d'intérêt exigé par les investisseurs a atteint 6,716 %, contre 6,806 % lors d'une opération similaire en novembre. Pour les obligations à échéance octobre 2014, le taux de rendement s'est cependant fixé à 5,396 %, supérieur au taux de 4,041 % appliqué en novembre à l'ouverture de cette même ligne d'obligations. Le 5  janvier, 500 millions d'euros de dette à six mois ont été placés à un taux record de 3,686 %, contre 0,59 % en janvier 2010 et 2,045 % en septembre dernier.

La volonté de la banque centrale européenne de poursuivre ses opérations d'achat d'obligations publiques et notamment portugaises a permis une certaine détente sur les marchés financiers. Celle-ci demeure néanmoins toute relative. Deux jours avant l'adjudication du 12 janvier, les taux à dix ans ont atteint le niveau record 7,18 %. Le gouvernement portugais avait précisé en fin d'année, par la voix du ministre des finances, que des taux supérieurs à 7 % pourraient rendre l'endettement du Portugal insoutenable.

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