2. Un potentiel de croissance difficile à évaluer
L'économie portugaise est avant tout une économie de services, le secteur tertiaire employant près de 60 % de la population active contre un peu moins de 12 % pour le secteur primaire. Le tourisme constitue, à cet égard, la principale activé dans le secteur tertiaire.
Un peu moins du tiers de la population est employée dans l'industrie, surtout dans la construction, l'énergie et l'eau. Les productions traditionnelles (textile, chaussure, céramique, liège, alimentation et industrie maritime) ont reculé au profit de l'industrie pharmaceutique, de l'électronique et de la production automobile. La crise a néanmoins fragilisé ces deux derniers secteurs d'activité. L'énergie et la santé demeurent cependant des secteurs bénéficiant d'une certaine croissance, au contraire du textile affecté par l'arrivée sur le marché des produits des pays émergents.
Il convient par ailleurs de relever que près de 80 % des entreprises lusitaniennes sont composées de moins de cinq salariés. Si les deux tiers de l'économie portugaise sont aujourd'hui dédiés à la production de biens à moyenne et haute valeur ajoutée, la prédominance de ces petites entreprises limite les possibilités d'exportation, contribuant à une explosion du déficit commercial (plus de 10 % du PIB en 2009).
Trois secteurs conduisent à la croissance de celui-ci : l'agro-alimentaire, les biens manufacturés et l'énergie. Si le Portugal a mis en oeuvre une politique volontariste en matière énergétique, 50 % de l'énergie consommée est désormais liée aux énergies renouvelables produites dans le pays, il demeure néanmoins dépendant de l'extérieur.
L'importation de biens manufacturés vient souligner l'addiction aux crédits des ménages portugais. Si les années 2000 sont marquées par une faible croissance de la richesse nationale, elles sont aussi caractérisées par une hausse de la consommation, facilitée par l'octroi de crédits. Les banques nationales ont, à cet égard, clairement privilégié le financement des ménages au détriment des entreprises, et cela en dépit de la faiblesse du pouvoir d'achat local.
Le Portugal est ainsi, selon Eurostat, le pays où le pouvoir d'achat est le plus bas de la zone euro. En 2008, le PIB par tête du Portugal se situait environ à 25 % en-dessous de la moyenne européenne. Le salaire moyen est ainsi estimé à 800 €. Il convient néanmoins de noter que toute augmentation des salaires est quasi intégralement affectée à la consommation et contribue donc à la hausse des importations.
Les entreprises souffrent de fait d'une faiblesse du financement bancaire. Les années 2000 ont notamment été marquées par un transfert du financement des entreprises vers celui des ménages et de la construction. Le secteur bancaire n'a pas véritablement accompagné une reconversion du modèle économique destinée à répondre à la désindustrialisation du pays.
Si une tendance se fait actuellement jour en faveur de la recherche-développement, l'investissement privé dépassant le financement public, celle-ci souffre d'une faiblesse du soutien bancaire. Les sociétés de capital-risque sont quasiment inexistantes au Portugal, l'encouragement par le biais de business angels est rare et les PME ne disposent pas d'un réel accès aux marchés de capitaux.
Le choix de transformer l'économie portugaise en une économie de services, par essence peu encline à produire des biens exportables, révèle, par ailleurs, une mauvaise appréciation par les entreprises et les banques de l'intérêt d'investir dans les projets industriels liés aux nouvelles technologies.
Enfin, il convient de noter que le Portugal est également victime du vieillissement de sa population et de son faible renouvellement. Le taux de fécondité est évalué à 1,3 enfant par femme. Il n'est pas compensé par l'arrivée de migrants issus des anciennes colonies africaines ou des pays d'Europe de l'Est (Ukraine, Moldavie, Roumanie). Le recul de l'âge de la retraite à 65 ans et la réforme concomitante du système de retraites viennent illustrer le défi financier auquel est confrontée l'économie portugaise.