5. Une réduction importante des fonctions « support »
Par ailleurs, la réduction croissante des postes permanents liées à des fonctions « support » (techniciens, bioinformaticiens, personnel administratif) oblige les chercheurs à consacrer un temps croissant à des tâches qui ne relèvent théoriquement pas de leurs compétences.
Pis, leurs recherches peuvent s'en trouver entravées. C'est ainsi qu'à Nantes, une nouvelle animalerie a été inaugurée au sein de l'Institut de Recherche Thérapeutique (IRT) en septembre 2009. Cependant, faute d'un nombre suffisant de personnel, la partie destinée à l'hébergement des animaux transgéniques n'est pas opérationnelle, empêchant toute expérimentation.
De même, à l'institut fédératif de Toulouse, il manquerait 50 bioinformaticiens pour réaliser le traitement des données. L'intérêt de plateaux techniques très performants est donc limité s'ils ne s'accompagnent pas de la création des postes nécessaires à leur utilisation.
Cette situation est directement liée à la précarisation des fonctions « support » qui ne bénéficient plus de postes pérennes mais sont occupées par des étudiants et des contractuels financés à travers les appels à projet.
Ces derniers sont formés par le laboratoire, mais une fois le savoir-faire acquis, l'absence de perspective de carrière dans la recherche publique les pousse à chercher un meilleur emploi à l'étranger ou dans le secteur privé.
Les laboratoires sont ainsi confrontés à un turn-over élevé et rencontrent des difficultés de recrutement.
6. L'illisibilité du paysage français de l'enseignement supérieur et de la recherche encore accrue par le grand emprunt
L'une des critiques adressées périodiquement à la recherche française concerne son manque de visibilité internationale, alors même qu'elle dispose d'équipes de très grande qualité et reconnues à l'étranger.
Cette situation est notamment liée à la coexistence d'universités et d'EPST. Les dernières réformes n'ont fait qu'accroître l'illisibilité du paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche, comme le rappelle le rapporteur général Philippe Marini dans le rapport précité :
« Le projet de loi de finances rectificatives annonce, dans le cadre de la présentation des investissements financés par l'emprunt national, la création d'une série de nouvelles structures ou de nouvelles appellations : instituts thématiques d'excellence, campus d'excellence, campus d'innovation technologique, instituts hospitalo-universitaires... Cette énumération vient s'ajouter aux récents « campus prometteurs », et « campus innovants » labellisés dans le prolongement de l'opération « Campus » de rénovation immobilière.
Ces dernières créations enrichissent elles-mêmes une liste déjà bien longue de structures créées il a y moins de cinq ans, au fil des différentes réformes relatives à la recherche ou à l'enseignement supérieur.
Rappelons que la loi du 18 avril 2006 de programme pour la recherche a notamment créé les pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), les réseaux thématiques de recherche avancée (RTRA), les centres thématiques de recherche et de soins (CTRS), les établissements publics de coopération scientifique (EPCS) et les fondations de coopération scientifique (FCS). En 2007, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités a donné la possibilité de créer des fondations universitaire ou partenariales ; en 2008, la loi de modernisation pour l'économie a mis en place les fonds de dotation....
[...] Quoi qu'il en soit, et même si ces appellations prennent juridiquement une forme connue ou ne constitueront qu'un nouveau verbiage, le paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche devient particulièrement délicat à retracer. Dans ces conditions, votre rapporteur général souhaite que l'évaluation des projets financés par l'emprunt national en matière d'enseignement supérieur et de recherche puisse apprécier la cohérence de l'ensemble des structures qui composent le paysage français de la recherche et de l'enseignement supérieur.
Le programme d'investissements d'avenir doit être un facteur de clarification et non un facteur de complexité supplémentaire. Certains indicateurs, comme les parts respectives des établissements, des étudiants, et des chercheurs concernés par une logique de regroupement ou le pourcentage des étudiants concernés par la délivrance d'un diplôme unique, montrent que cette orientation devrait être suivie. »