2. Des raisons multiples
Vos rapporteurs ont tenté de comprendre, au cours des auditions, les raisons de la prolifération des sondages politiques dans notre pays, qui semble en être un des plus gros consommateurs au monde. Il apparaît que les explications sont multiples .
En premier lieu, les sondages reposent en France sur la méthode des quotas qui offre un très bon ratio qualité méthodologique/coût. Cette méthode, minoritaire - semble-t-il - en Europe et dans le monde, est rendue possible en France par l'existence d'un outil statistique fiable, en l'occurrence la « base INSEE », qui permet de bien connaître la population de référence et donc de bâtir des quotas précis.
En second lieu, certains avancent l'idée que si les sondages sont particulièrement appréciés en France c'est parce que notre pays voue une sorte de culte aux chiffres . Ces derniers exerceraient une forme de fascination.
Enfin, l'omniprésence des sondages en France s'expliquerait par le goût prononcé des responsables politiques pour cet outil de connaissance de l'opinion publique.
A cet égard, vos rapporteurs soulignent les risques inhérents à une telle propension . Il est en effet du devoir du politique de faire, avant tout, ce qui lui paraît juste et non d'agir en fonction de l'opinion qu'il se fait de ce que l'opinion est supposée penser de ses idées... Les sondages doivent demeurer un outil, parmi d'autres, de connaissance de l'opinion publique, en somme une aide à la décision et non un substitut de celle-ci. Gardons-nous d'instaurer une sorte de démocratie d'opinion dans laquelle les acteurs de la vie politique s'efforceraient de répondre aux attentes de l'opinion telles que les révéleraient les sondages. Une telle évolution affadirait la vie politique , non seulement en conduisant à une homogénéisation du discours politique, nombre de responsables tendant alors à tenir des discours similaires ou relativement proches, mais également en condamnant les gouvernements successifs à avoir pour politique de suivre les courants d'opinion, souvent contradictoires ou fluctuants, sans vision d'avenir cohérente.