B. LES RATÉS DE CHORUS
1. Les espérances placées dans ce progiciel de gestion
La réussite d'une réforme dépend désormais beaucoup, dans les administrations modernes, de la qualité du système d'information (SI) qui la sous-tend . Un SI performant, adapté aux besoins des utilisateurs et ne connaissant que peu de dysfonctionnements constitue un puissant levier de succès pour les initiatives engagées. En revanche, un SI lent, miné par les « bugs » et peu ergonomique contribue indubitablement à saper l'effort de modernisation et la volonté d'engagement des agents.
Le progiciel de gestion intégré CHORUS n'est pas concomitant de la RGPP , il l'a précédée. En tant que SI, il représente en effet la conséquence directe et logique du passage à la LOLF, en ce qu'elle a modifié les règles budgétaires valables pour toutes les administrations. Pour autant, CHORUS participe au mouvement d'ensemble de réforme de l'administration préfectorale. Il en façonne l'environnement du point de vue informatique et budgétaire.
En 2006, dans son rapport d'information « Dépenses de fonctionnement des préfectures : une nouvelle donne grâce à la LOLF, des marges de manoeuvre pour la réforme de l'Etat », votre rapporteur spécial de la mission « Administration générale et territoriale de l'Etat », alors Henri de Raincourt, soulignait que « les défaillances actuelles des systèmes d'information comportent de graves conséquences sur le mode de gestion des préfectures . Outre qu'elles sont à l'origine d'un alourdissement supplémentaire de la procédure, elles pourraient, à terme et par effet d'amalgame, miner l'adhésion des personnels à la LOLF dans son ensemble » 24 ( * ) .
Pour ces raisons, votre rapporteur spécial estimait que le projet CHORUS représentait un enjeu particulièrement fort pour les préfectures . Intégrant l'ensemble des acteurs de la comptabilité et de la dépense de l'Etat et prenant en compte toutes les nouvelles contraintes de la LOLF, il en était attendu une impulsion décisive pour la modernisation de l'information comptable et financière au sein des services de l'Etat.
Dans cette perspective, et comme il l'avait déjà fait au début des années 2000 en matière d'expérimentation de la globalisation des crédits, le ministère de l'intérieur avait à nouveau souhaité être en première ligne, avec les préfectures, dans le chantier de l'élaboration et de la mise en oeuvre de ce projet. Ainsi a-t-il été « pilote » sur CHORUS .
Votre rapporteur spécial, Henri de Raincourt, avait d'ailleurs salué cette initiative pour les retombées très positives sur la maîtrise des dépenses de fonctionnement des préfectures et la mobilisation des équipes qu'on pouvait en espérer .
* 24 Sénat, rapport d'information n° 24 (2006-2007).