3. Élaborer des conseils de comportements en cas de crise
Une population bien informée sur les risques naturels et préparée à leur occurrence est une population - les exemples étrangers, néerlandais ou japonais, le montrent - qui sait gérer la crise et y survivre. Il est impératif, en ce sens, qu'elle ne cède pas à la panique lorsque l'évènement est en passe de survenir, mais se comporte d'une façon réfléchie et adaptée aux circonstances, qui minimise les risques individuels.
Une telle réaction n'a rien de naturel. Elle ne s'obtient qu'au prix d'une sensibilisation de long terme en amont , dans les structures précédemment évoquées (écoles, mairies, administrations publiques ...). Surtout, elle n'est envisageable que si des préconisations précises et adaptées sont adressées aux populations exposées durant la phase d'alerte, dans les heures ou les minutes précédant l'arrivée de la tempête.
Si des bulletins d'alerte assortis de recommandation ont été élaborés par Météo France peu avant la survenance de la tempête Xynthia 45 ( * ) , ils n'étaient pas suffisamment précis au niveau des territoires exposés et ne s'accompagnaient pas de conseils pragmatiques sur la conduite à tenir en cas de rapide montée des eaux. Surtout, ils étaient contre-productifs puisqu'ils recommandaient aux populations exposées de rester chez elles, là où les évènements ont montré qu'elles auraient mieux fait d'évacuer leur domicile, où elles se sont retrouvées bloquées, et de se réfugier dans des lieux situés plus en altitude.
Il paraît donc aujourd'hui impératif de mettre en place des procédures permettant d'alerter les populations à risque dans un laps de temps réduit précédant la tempête et de leur donner, au moyen des divers supports mobilisables (courriels, téléphone, textos, radio, télévision ...), des conseils pratiques de comportement allant, pour le plus important, de la nécessité ou non d'évacuer son domicile, à la conduite à tenir face à une montée brutale du niveau de la mer. Ces recommandations de comportement, afin de ne pas être sur ou sous-estimées, et donc décrédibilisées lors de leur premier usage pour l'occurrence suivante, doivent impérativement être proportionnés au risque encouru .
En outre, la préparation de la population aux mesures d'évacuation rendues nécessaires par la survenance du risque justifierait l'organisation périodique d'exercices d'évacuation . Lors du débat au Sénat du 16 juin dernier, Mme Chantal Jouanno, Secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, a marqué son accord avec cette proposition.
Propositions n° 50 et n° 51 de la mission : - Envoyer dès que possible aux populations exposées des conseils de comportements simples et concrets, adaptés aux risques encourus et directement applicables. - Organiser périodiquement des exercices d'évacuation afin de préparer la population aux mesures rendues nécessaires par la survenance du risque. |
L'expérience du Royaume-Uni est également intéressante dans l'approche par ce pays de la gestion des risques d'inondations.
La protection des populations contre les risques d'inondation au Royaume-Uni Au Royaume-Uni, c'est l'Agence de l'Environnement (Environment Agency), organisme public responsable directement devant le Secrétaire d'Etat chargé de la direction de l'environnement, de l'alimentation et des affaires rurales qui a pour mission la protection et l'amélioration de l'environnement en Angleterre et au Pays de Galles, la protection des populations contre les risques d'inondations ainsi que la gestion des ressources en eau. L'Agence de l'Environnement dispose d'un budget de plus de 1,1 milliard de livres (1,3 milliard d'euros) par an. Sur ce budget, environ 800 millions de livres sterling (959 millions d'euros) sont dépensées pour la lutte contre les inondations fluviales et maritimes et la gestion du risque côtier. Les décisions d'investissement sont prises au moyen d'un programme de gestion du trait de côte qui inclut les modes de protection contre la mer les plus adéquats et prend en compte des standards de protection. Le gouvernement britannique travaille pour améliorer la réponse du Royaume-Uni face aux risques majeurs, de manière à ce que la population puisse poursuivre ses activités librement et en confiance, par le moyen notamment des dispositions de la loi de 2004 sur les contingents civils (loi sur la protection civile). Une partie de ce travail consiste à identifier les risques majeurs que le Royaume-Uni peut rencontrer. La submersion de la côte Est de l'Angleterre est ainsi perçue comme l'un des plus grands risques auxquels est confronté le Royaume-Uni et il est donc nécessaire de s'assurer que le pays est préparé à y répondre, grâce aux moyens dont il dispose. La nécessité d'évacuer un grand nombre de gens est reconnu comme étant un facteur commun à nombre de risques affectant le pays et le Cabinet Office a développé des guides sur l'évacuation et la mise en sécurité. Le mécanisme principal de coopération entre agences au niveau local est le « forum local de résilience», il en existe 43 au Royaume-Uni. Ces forums se réunissent tous les six mois et des intervenants d'urgence y participent. Ces forums élaborent des plans d'évacuations. En 2009, un groupe de travail a été mis en place, le « forum sur les risques d'inondations de la côte Est », qui inclut les forums locaux et les équipes régionales de résilience de la côte Est ainsi que des responsables gouvernementaux de la direction de l'environnement, de l'alimentation et des affaires rurales et du Cabinet Office. Ce groupe a pour objectif de réduire les faiblesses du dispositif existant et de promouvoir les meilleures pratiques. Une part significative de ses travaux est consacrée aux programmes d'évacuation au niveau local. Des recherches récentes et la consultation de la population ont cependant montré qu'au Royaume-Uni le public avait un faible niveau de prise de conscience des risques. Beaucoup de gens s'attendent à ce que quelqu'un d'autre ou les autorités publiques gèrent le risque et ses conséquences. Enfin, dans les années passées, le Royaume-Uni a pris en compte l'expérience des inondations importantes, qui ont touché l'Angleterre à l'été 2007, qui étaient un phénomène fluvial et pluvial, mais sans aspect de submersion marine. Le rapport de Sir Michael Pitt établi à l'été 2008 a conduit à faire 92 recommandations pour améliorer la gestion des risques d'inondations, et le gouvernement travaille désormais à les mettre en oeuvre. Source : Ambassade du Royaume-Uni en France |
* 45 Voir supra.