2. L'organisation des études à l'université
Le diplôme de premier cycle (120 unités, bac + 3) peut être passé en trois ans et le diplôme de second cycle (bac + 6) en six ans. En outre, les universités proposent des diplômes de troisième cycle, à vocation scientifique, et des doctorats.
La licence comporte deux niveaux :
- le premier comporte trois périodes de 21 semaines ;
- le second se prépare en général en deux ans et demi à trois ans, notamment les études en langues qui comportent quelques mois dans une université étrangère.
A l'université, comme dans l'enseignement scolaire, l'objectif est que l'étudiant connaisse le moins possible l'échec. A cette fin, il peut être guidé par ses professeurs à l'occasion d'un entretien individuel.
Traditionnellement, il était admis que l'étudiant puisse prendre sept ans pour obtenir une licence ou une maîtrise, sachant qu'il peut suivre un double cursus dans deux matières différentes. Cependant, l'objectif est de réduire cette durée d'étude.
Chaque université comporte une association étudiante , à laquelle tous les étudiants ont l'obligation d'adhérer.
3. La réforme universitaire en cours
Le gouvernement finlandais a lancé un projet de réforme universitaire au printemps 2007, non encore abouti lorsque votre délégation s'est rendue à Helsinki.
L'objectif de cette réforme devant être mise en oeuvre en 2010, est de favoriser l'inscription des universités finlandaises dans la compétition internationale.
Mme Raija Vahasalo, présidente de la commission de la culture du Parlement finlandais, a indiqué qu'il s'agit à la fois de :
- donner une base solide au financement des universités ;
- renforcer l'attractivité de ces dernières afin d'attirer les meilleurs chercheurs étrangers et d'élever le niveau de la recherche ;
- améliorer la qualité de l'enseignement ;
- et conforter le bien-être des étudiants.
Mme Anita Lehikoinen, directrice de l'unité enseignement supérieur et recherche au ministère de l'éducation, a relevé que ces objectifs sont proches de ceux ayant présidé à la réforme conduite en France en 2007.
Les principales dispositions de la réforme présentent cependant des différences par rapport à la loi LRU de 2006. Elles concernent :
• une
modification des modes de
financement
, caractérisée par :
- l'autonomie financière : financées par l'Etat, les universités disposeront néanmoins d'une autonomie financière et prendront le statut de personne morale (ou de fondation privée pour deux d'entre elles, avec un conseil d'administration composé exclusivement de personnalités extérieures). Elles pourront gérer leurs crédits dans le cadre d'un budget global ;
- une révision des critères d'allocation des subventions afin de tenir compte de la qualité et de l'impact des activités universitaires. Les enveloppes de crédit seront réparties selon les critères suivants :
. pour ce qui concerne la formation , les indicateurs porteront notamment sur le nombre de diplômés et sur la qualité de l'enseignement, cette dernière étant appréciée en fonction de l'employabilité, et donc de l'insertion professionnelle des jeunes diplômés, et du niveau international de l'enseignement ;
. pour ce qui concerne la recherche , les indicateurs concerneront les publications et les ressources externes ;
- la faculté de recueillir désormais des financements privés . Afin d'inciter les universités à solliciter ce type de financement, l'Etat propose de verser une prime de 2,5 euros publics pour 1 euro privé collecté. En revanche, aucune compensation n'est prévue en l'absence de levée de fonds privés ;
• le
statut des personnels
:
les enseignants-chercheurs devraient
passer du statut de fonctionnaires
d'Etat à celui de salariés sous contrat de
l'université.
Le statut des personnels connaîtra donc un
changement drastique ; cependant il a été
décidé de garantir le même niveau de retraites. Par
ailleurs,
les charges de service sont renégociées, au
sein d'un
service de 1 600 heures pour les
enseignants-chercheurs,
la situation antérieure étant la
suivante : 6 à 10 heures d'enseignement pour les maîtres
de conférence et 5 heures par semaine pour les professeurs
titulaires, auxquelles s'ajoutaient des heures administratives ;
•
la modification des structures de
gouvernance
: alors que le projet de loi initial prévoyait
une majorité de personnalités extérieures
au sein du conseil d'administration, le Parlement finlandais a
décidé qu'il serait composé majoritairement
d'universitaires, les
personnalités qualifiées
représentant
40 %
de ses membres. En outre, le
président de l'université est une personnalité
extérieure et pas nécessairement issue du milieu
universitaire ;
• la
réduction du nombre
d'universités
, qui passe de 24 à 16, accompagnée
de fortes incitations financières à la fusion.
C'est ainsi que l'université d'Aalto, l'une des deux fondations évoquées ci-dessus (avec l'université technologique de Tampere), bénéficiera d'un investissement de 500 millions d'euros sur trois ans, auxquels s'ajouteront 200 millions de fonds privés et 100 millions de subventions de fonctionnement de l'Etat.
Cette évolution s'accompagnera de la suppression concomitante d'un certain nombre d'instituts existants : c'est ainsi, par exemple, qu'un interlocuteur s'est inquiété de la création, à l'université d'Helsinki, d'un département de langues modernes, regroupant cinq départements actuels (dont les langues romanes), au risque d'une domination de l'anglais.
Par ailleurs, le patrimoine immobilier universitaire sera géré par des sociétés foncières , qui auront en charge les investissements et le fonctionnement de ce patrimoine. Leur valeur globale est évaluée à 2,3 milliards d'euros et leurs actions seront détenues à hauteur des deux tiers par les universités et d'un tiers par l'Etat.
Le projet de réforme étant intervenu en pleine crise économique, l'Etat a décidé de garantir la liquidité des universités à concurrence de 150 millions d'euros afin de conforter leur crédibilité.
Il a été dit à votre délégation que compte tenu du coût important de cette réforme en cette période de difficultés budgétaires 5 ( * ) , des problèmes se posaient pour le financement des infrastructures de recherche.
Souhaité par les recteurs et les personnels d'encadrement des universités, et soutenu, semble-t-il, par une majorité d'étudiants, le projet de réforme a été contesté par les autres catégories de personnels. Les critiques ont porté notamment sur le souhait d'intégration des universités dans la compétition internationale, le statut des personnels, la crainte d'une faillite des universités et la difficulté pour un certain nombre d'universités d'attirer des capitaux privés, surtout si on tient compte des fortes inégalités géographiques sur le territoire finlandais.
Relevons que la contestation du projet de loi, sous l'influence partielle des manifestations que connaissait la France à la même période, s'est seulement traduite, dans ce pays où règne le consensus, par quelques manifestations ne réunissant pas plus de 200 personnes.
* 5 En effet, l'économie finlandaise a subi une récession de l'ordre de 6 % en 2009.