2. D'autres messages et d'autres formes de communication devront être mis en oeuvre lors de la prochaine pandémie
- Il importe tout d'abord de tirer les leçons de ce qui s'est passé d'avril 2009 à février 2010.
Les messages publics n'ont pas suffisamment tenu compte de la perception de la réalité par la population.
Ils n'ont pas permis d'éviter des réactions de déni et de rejet.
Ils ont probablement eu un temps de retard par rapport à l'évolution de la pandémie, dans un contexte où l'information produit des effets immédiats.
Aucune esquisse de débat public n'a été tentée.
- La prise de décision et la communication doivent être conçues de manière plus moderne
L'exemple des Etats-Unis, décrit dans le chapitre VI, est particulièrement éloquent : la communication publique y est envisagée de façon totalement nouvelle, en s'appuyant sur les nouvelles technologies.
Plus de soixante personnes en sont chargés aux CDC d'Atlanta. Ce personnel de haute qualification analyse systématiquement le contenu des blogs et des forums de discussion sur Facebook, Twitter et autres sites de ce type. Leur objectif est de répertorier les arguments utilisés et de percevoir les évolutions des discours afin d'élaborer les réponses publiques possibles.
Ce travail d'anticipation est absolument remarquable. Il permet de distinguer les arguments rationnels des thèses irrationnelles (or celles-ci fleurissent, qu'elles soient a-scientifiques ou qu'elles relèvent des théories traditionnelles du complot). Il permet d'identifier les craintes ou les questionnements qui peuvent être légitimes (notamment sur la vaccination ou sur les vaccins).
Il serait intéressant de s'en inspirer, car si la vaccination n'est pas obligatoire, et si le ministère la juge nécessaire, il doit se donner les moyens de créer l'adhésion et convaincre la population de son bien-fondé, en trouvant les arguments qui correspondent à la réalité du risque.
Si la France est un pays qui est profondément marqué par l'approche pasteurienne, les ligues anti-vaccinales y sont traditionnellement actives. Le message public doit donc être subtil. Il devrait être davantage élaboré. Il pourrait être plus ciblé en fonction des différentes réactions possibles de diverses catégories de population. Il devrait surtout résulter du travail d'un nombre beaucoup plus important de spécialistes de la communication.