B. LE DÉBAT SUR LES CONFLITS D'INTÉRÊTS ÉVENTUELS DES EXPERTS EMPLOYÉS PAR LES DÉCIDEURS.

La question, largement médiatisée, a entraîné deux réactions de l'OMS.

Les media ont en effet publié plusieurs articles sur les rémunérations perçues par certains experts qui conseillent les décideurs, rémunérations provenant de laboratoires pharmaceutiques. Ils ont aussi largement commenté les liens entre ces experts et les laboratoires pharmaceutiques, au cours de leur carrière.

L'OMS, particulièrement visée, a répondu en deux temps.

1. La première réaction de l'OMS en date du 22 janvier 2010

Face aux critiques portant sur la présence auprès de la Directrice générale de l'OMS de conseillers ayant travaillé auparavant pour des laboratoires pharmaceutiques, l'OMS a publié le 22 janvier 2010 la déclaration suivante :

2. Une nouvelle déclaration lors d'une réunion au Conseil de l'Europe

L'OMS a, le 26 janvier 2010, publié un second communiqué. En voici un extrait concernant d'éventuels conflits d'intérêt, tiré de la déclaration du docteur Keiji Fukuda au nom de l'OMS à l'occasion de son audition au Conseil de l'Europe sur la grippe pandémique H1N1 :

INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE

Récemment, des accusations ont été portées selon lesquelles la politique et les recommandations de l'OMS étaient influencées par l'industrie pharmaceutique. Une des fonctions principales de l'OMS, qu'elle prend très au sérieux, est de donner des avis indépendants aux États Membres. L'OMS se garde de subir l'influence de tout intérêt indu.

Je tiens à préciser ici clairement ce qui suit: la politique et les mesures recommandées et prises par l'OMS n'ont pas été indument influencées par l'industrie pharmaceutique.

L'OMS reconnaît que la coopération mondiale avec des partenaires divers, dont le secteur privé, est essentielle pour relever du mieux qu'elle peut les défis de la santé publique, aujourd'hui comme demain. Il existe de nombreux garde-fous pour gérer les conflits d'intérêts, réels ou perçus, au sein des groupes consultatifs et des comités d'experts de l'OMS. Les conseillers spécialisés remettent à l'OMS une déclaration d'intérêts signée qui expose en détail toutes les éléments professionnels ou financiers qui pourraient nuire à l'impartialité de leurs avis. L'OMS prend très au sérieux toute allégation de conflit d'intérêts et elle a toute confiance dans l'intégrité et la validité scientifique de son processus décisionnel pendant la pandémie de grippe. Le 3 décembre 2009, elle a diffusé sur son site web des explications sur la manière dont elle utilise les organes consultatifs pour réagir à la pandémie de grippe.

Plus généralement ce débat interroge le financement des structures de décisions, de veille, d'expertise, de recherche.

Quand il y a imbrication des financements (l'OMS par exemple donne gratuitement les souches de référence aux industries pharmaceutiques, mais celles-ci contribuent à son budget), il est indispensable que des chartes, des protocoles, des déclarations d'intérêts liés, et l'éloignement des personnes trop impliquées donnent des gages aux citoyens que les diagnostics et décisions ont été édictés dans l'intérêt général, et non pour le bénéfice de quelques uns.

Dans le cas de la France, il a été voté dans le Grenelle de l'environnement (phase 1) la mise à l'étude d'une « instance spécifique de l'expertise, garante de l'indépendance des protocoles, médiatrice en cas de résultats contradictoires, et recours pour les lanceurs d'alerte ». Gageons que si celle-ci avait été fonctionnelle avant les arbitrages sur les vaccins, le climat aurait été plus serein, tant pour la population, que pour les chercheurs soupçonnés.

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