II - L'INCERTITUDE SUR LES POSSIBILITES DE REPONSE MEDICALE

Tant que le nouveau vaccin n'est pas disponible, seuls des médicaments antiviraux peuvent être utilisés. Il en découle une organisation des soins plus difficile qu'en cas de grippe saisonnière (pour laquelle on prépare l'élaboration du vaccin dès le mois de février de l'année précédente) et une situation particulière dans l'hémisphère Sud, immédiatement touché.

A - L'INEXISTENCE, QUI DURERA NÉCESSAIREMENT PLUSIEURS MOIS, D'UN VACCIN ADAPTÉ

L'apparition de nouveaux virus de la grippe est banale. La plupart du temps, le nouveau virus qui apparaît dominant et qui va devenir le virus de la grippe saisonnière est assez peu différent des précédents. Les vaccins utilisés jusqu'alors peuvent généralement être réutilisés, surtout s'ils ont été conçus pour être polyvalents, ce que facilite la présence d'adjuvants.

La situation est totalement différente lorsqu' apparaît un virus qui a muté suffisamment pour ne plus être proche des virus habituellement en circulation. Il est alors nécessaire de fabriquer un nouveau vaccin car la probabilité est très élevée que les vaccins habituellement utilisés pour se prémunir de la grippe saisonnière soient inefficaces, malgré leur polyvalence.

L'estimation de cette probabilité est fondamentale, car toute démarche de production d'un nouveau vaccin en dépend. Le contexte est par définition incertain, et l'on ne saura qu'à la fin de l'épidémie si les décideurs ont eu raison.

La mutation des virus étant imprévisible, des mutants apparaissant partout et de façon désordonnée, il faut de manière permanente modifier le contenu de la réponse vaccinale.

Le contexte est compliqué, car vont circuler de manière simultanée plusieurs virus de la grippe : dans le cas présent, le H1N1 pandémique, le H1N1 classique et le H3N2 déjà connu, ce qui amènera les autorités sanitaires à recommander une double vaccination : l'une contre le virus pandémique, l'autre contre le virus saisonnier (principalement le H3N2).

Or le processus d'élaboration et de mise sur le marché d'un nouveau vaccin est long : identification de la souche par les centres de référence de plusieurs pays, consensus au niveau de l'OMS, diffusion aux industries, fabrication, tests, autorisations de mise sur le marché. Le processus s'étend sur plusieurs mois, sans que l'on ait de garanties sur sa durée qui peut néanmoins être écourtée si l'on décide de recourir à des mesures administratives d'urgence au moment d'autoriser la mise sur le marché.

Les décideurs savent donc, dès le départ, qu'il leur faudra gérer une situation caractérisée dans un premier temps par l'inexistence de vaccins, puis dans un deuxième temps par la montée en puissance de la production de vaccin, sans que l'on puisse éviter la pénurie si la pandémie se développe rapidement.

Cette situation de pénurie ne peut pas être évitée. C'est ce constat qui amènera tous les décideurs, dans tous les pays du monde, à définir quelles catégories de personnes devront être vaccinées de façon prioritaire, et à déterminer des degrés de priorité. Un climat de pénurie peut aussi conduire certains pays à accélérer des commandes fermes.

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