B. PERSPECTIVES DES PROCHAINES PRÉSIDENCES DE L'UNION EUROPÉENNE ET DE L'UEO
Discours de S.E M. Gunnar Lund, Ambassadeur du Royaume de Suède en France
La Suède prendra la suite de la présidence tchèque de l'Union européenne à partir du 1 er juillet 2009. Si la présidence tchèque n'avait que peu d'ambition dans le domaine de la défense, il n'en va pas de même pour la Suède. Bien que définie comme pays « neutre », ce pays a grandement contribué à la mise en oeuvre de la politique européenne de sécurité et défense, à travers une longue tradition de participation aux opérations internationales de soutien de la paix.
M. Gunnar Lund a exprimé la volonté de son pays de consolider la politique européenne de sécurité et de défense, qui fête ses dix ans. Il s'est réjoui du dynamisme de la PESD, puisque l'on dénombre à ce jour plus de vingt missions et opérations sur plusieurs continents. La présidence suédoise fera ainsi du renforcement de la présence européenne sur la scène internationale une priorité . L'Ambassadeur a ensuite rapidement rappelé les réalisations de la présidence française de l'Union européenne dans le domaine de la défense, soulignant l'intention de la Suède de se placer dans la continuité de ce programme ambitieux.
S'agissant du volet civil, la présidence suédoise mettra l'accent sur le détachement de personnel dans les États membres, le soutien aux missions, la formation et la coopération civilo-militaire. Sur ce dernier point, M. Lund a rappelé que l'objectif civil comme l'objectif militaire arriveront à échéance en 2010. Il apparaît donc souhaitable d'identifier des synergies éventuelles entre les deux processus. Un séminaire devait avoir lieu en septembre 2009 pour réfléchir à cette question.
S'agissant du volet militaire, la Suède concentrera ses travaux sur la surveillance maritime . L'intention de la future présidence est d'encourager une plus grande coordination des systèmes de surveillance militaires et civils, pour éviter les duplications inutiles.
En outre, la présidence suédoise ambitionne de mieux utiliser les groupements tactiques, tant pour le maintien de la paix et de la sécurité que pour la transformation des forces armées. Pour cela, il faudra mener une réflexion destinée à améliorer la flexibilité de cet outil jusqu'ici non employé.
M. Lund a également souligné la volonté de la présidence suédoise de poursuivre les efforts européens pour créer un véritable marché européen de l'équipement de défense et renforcer la base industrielle et technologique de la défense européenne (BITDE), à travers la transparence et l'harmonisation des industries de défense. Il s'est réjoui à cet égard de l'adoption définitive du « Paquet défense » de la Commission européenne.
De plus, l'Ambassadeur a insisté sur l'importance de la coopération avec les organisations partenaires. L'intention de la présidence est donc de poursuivre la coopération avec l'OTAN de manière pragmatique, dans la continuité des efforts de la présidence française puis de la présidence tchèque. La présidence suédoise s'attachera également à approfondir les relations avec les nations-Unies et l'Union africaine.
Enfin, M. Lund a souligné que la présidence suédoise veillerait à la prise en compte des droits de l'homme dans la sécurité et le développement et encouragerait la participation des femmes aux opérations de prévention des conflits et de soutien de la paix . La Suède attache une grande importance à ce dernier objectif.
On se félicitera de ce programme volontaire et équilibré, en espérant que les résultats seront à la hauteur des ambitions, et que la présidence espagnole fera preuve de la même détermination pour consolider et faire progresser la politique européenne de sécurité et de défense.
Discours de M. Dimitrios K. Katsoudas, Secrétaire général aux affaires européennes de la Grèce
La Grèce présidera l'UEO au second semestre 2009, à la suite de l'Allemagne. Le pays se retrouvera donc investi d'une double responsabilité importante au niveau international, puisqu'il préside également l'OSCE pour l'année 2009. Cette concomitance devrait offrir à la présidence grecque une vision transversale intéressante de la sécurité européenne, lui donnant l'opportunité de réaliser une présidence très active.
M. Katsoudas, le représentant de la présidence grecque de l'UEO, a d'abord constaté que le continent européen entrait dans une phase de transition, notamment dans l'attente de la ratification du traité de Lisbonne. En outre, l'Europe doit se montrer particulièrement vigilante, car les conflits dits gelés perdurent et risquent d'éclater à nouveau, comme en témoigne la situation toujours tendue en Géorgie, presque un an après le conflit d'août 2008. Mais le phénomène le plus préoccupant, selon lui, provient de la piraterie maritime , nouvelle menace qui a heureusement suscité une importante mobilisation internationale. La piraterie est d'autant plus grave que les pirates entendent mettre la main sur l'aide humanitaire. La lutte contre ce phénomène diffus appelle une réponse collective. En effet, dans la mesure où elles doivent couvrir des zones de plus en plus étendues, les missions sont onéreuses et posent des problèmes politiques et juridiques, qui doivent être traités par la voie de la coopération. Enfin, il ne suffit pas de lutter contre les pirates. Il faut aussi et surtout rechercher les causes profondes de la piraterie.
M. Katsoudas a ensuite insisté sur deux régions particulièrement importantes pour la présidence grecque de l'UEO : les Balkans occidentaux et la Méditerranée. Il a souligné les réelles perspectives d'intégration des pays des Balkans dans l'Union européenne, rappelant les progrès accomplis depuis l'Agenda de Thessalonique. Au regard de la Méditerranée, M. Katsoudas a salué le projet d'Union pour la Méditerranée, tout en regrettant son blocage au cours de l'année 2009, du fait des tensions très vives qui subsistent entre Israël et les pays arabes, depuis la guerre de Gaza en décembre 2008 notamment. Il a donc appelé l'Europe à poursuivre son action essentielle pour la stabilisation de la région.
Enfin, M. Katsoudas a présenté les trois priorités de la présidence grecque de l'UEO. La première sera l'adoption du budget à l'automne. Il faudra bien sûr tenir compte de la crise économique tout en garantissant à l'UEO les ressources nécessaires à son fonctionnement. Les négociations seront certainement difficiles. La seconde priorité portera sur le renouvellement du mandat de M. Javier Solana au poste de Secrétaire général de l'Union de l'Europe occidentale, dont le mandat arrive à échéance. La question est d'autant plus sensible que le poste de Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne, également occupé par M. Solana, prendra une nouvelle dimension si le traité de Lisbonne est adopté. Enfin, la troisième priorité de la présidence grecque sera l'avenir de l'UEO, qui prendra une acuité particulière si le traité de Lisbonne est ratifié.
Au cours du débat qui a suivi, plusieurs thèmes ont été évoqués. Les intervenants ont notamment interrogé M. Katsoudas sur les nouvelles perspectives de la PESD en cas d'adoption du traité de Lisbonne, sur les propositions de la présidence grecque pour résoudre le conflit entre la Grèce et la Macédoine à propos du nom et le conflit frontalier entre la Croatie et la Slovénie, et sur l'immigration clandestine et la surveillance des frontières.
En réponse, M. Katsoudas n'a apporté aucun élément intéressant quant aux futurs développements de la PESD et s'est contenté d'une réponse prudente et convenue en ce qui concerne la Macédoine et la Croatie. Selon lui, le gouvernement grec a manifesté sa bonne volonté à plusieurs reprises vis-à-vis de la Macédoine, et il appartient à ce dernier pays de respecter les règles qui prévalent en Europe. Quant au différend entre la Croatie et la Slovénie, il s'agit d'un problème bilatéral. La Grèce souhaite entretenir des relations de bon voisinage avec l'ensemble de ses voisins.
Sur l'immigration, M. Katsoudas a souligné que la Grèce est particulièrement touchée par le phénomène, du fait de ces 16 000 kilomètres de côtes. Il s'agit d'un problème européen qui requiert une action solidaire et collective entre les pays de l'Union. Selon M. Katsoudas, il est impératif que l'Union européenne et la Turquie signent un protocole de réadmission des réfugiés.