B. LES INSTITUTIONS ÉCONOMIQUES MONDIALES FACE AUX DÉFIS DE LA CRISE FINANCIÈRE
La crise actuelle a ceci de différent d'avec celle des années 1930 que le monde dispose désormais d'institutions financières internationales aptes à garantir une liquidité suffisante sur l'ensemble de la planète. Le projet de résolution de la commission des questions économiques et du développement s'attache à étudier le rôle de ces organisations, et en premier lieu les institutions dites de Bretton Woods dans la gestion de la crise.
Se félicitant de la majoration substantielle des ressources accordées au Fonds monétaire international (FMI), le texte insiste néanmoins sur un changement de la politique de ce Fonds, l'invitant à multiplier en amont les conseils de prévention plutôt que d'intervenir en dernier ressort au prix de conditions jugées le plus souvent draconiennes.
La coopération internationale est, aux yeux de la commission, l'unique moyen de répondre aux nouveaux défis que pose cette crise. La transformation du G8 en G20 est à cet égard considérée comme un excellent signal. D'autres chantiers pourraient être, dans la foulée, ouverts : la création d'un tribunal international des faillites, la révision du système international de réserves ou le développement d'une supervision internationale des systèmes de notations font ainsi figure de priorités.
A coté de ces pistes de travail, les institutions financières internationales ne peuvent faire l'économie de profondes réformes de gouvernance. La crédibilité et la légitimité de leur action en dépend. M. Jean-Pierre Kucheida (Pas-de-Calais - SRC) a tenu, à cet égard, à souligner les écarts observés entre les intentions et l'efficacité de leur mise en pratique :
« Le rapport de qualité soutenu par M. Kimmo Sasi développe l'historique de la coopération économique internationale et les étapes de la création des institutions économiques internationales. Ce rapport établit une comparaison entre le renouveau que connaissent les institutions économiques alors que le monde traverse une crise de forte ampleur depuis 2007 et les raisons qui ont conduit à leur création après la Seconde Guerre mondiale.
Pour autant que l'état du monde puisse permettre d'en juger, la situation des États les plus pauvres de la planète ne s'est pas améliorée, au contraire. Dans certains de ces pays, qui exploitent des gisements et des ressources minières et énergétiques qui fondent la convoitise des pays émergents et développés, la population continue de vivre avec moins de 1 ou 2 $ par jour.
Il faut sans doute reconnaître l'importance des prêts qui ont été accordés à ces pays pour engager les investissements nécessaires aux projets de modernisation, de construction, d'aménagement du territoire. Mais dans quelle mesure peut-on évaluer le bénéfice obtenu par les peuples eux-mêmes : investissement dans l'éducation, dans le logement, la santé, la prévention, l'accès aux commodités ? Par contre, les dirigeants de ces pays ont vu leurs propriétés fleurir un peu partout dans les endroits les plus sécurisés ; les scandales dus à ces familles se sont multipliés.
Il semble que la crise économique actuelle ait fait germer la nécessité de pouvoir s'assurer que les prêts au développement soient effectivement dédiés à l'amélioration franche des conditions de vie des plus pauvres.
Pour ce faire, les élans appelant à l'éradication des paradis fiscaux, à la transparence des transactions boursières, au contrôle et à la limitation des profits de la spéculation, à la mise en oeuvre et au respect d'une éthique bancaire, monétaire et financière internationale se multiplient. Mais ces élans se concrétiseront-ils ?
La notion de solidarité internationale est mise en exergue dans un contexte où l'aggravation des phénomènes de paupérisation est palpable et plus que vraisemblable. Cependant, les fonds qui doivent venir abonder les caisses du FMI et de la Banque mondiale n'ont pas encore été débloqués, ce qui retarde d'autant le soutien que les pays développés ont promis aux pays pauvres. L'un des premiers obstacles au renouveau des institutions économiques mondiales sont les États qui les administrent et dont les engagements sont sujets à beaucoup de versatilité.
Second obstacle, certaines banques américaines ont déjà demandé à rembourser le prêt que l'État leur avait accordé. Elles s'estiment suffisamment en sécurité et souhaitent s'affranchir des garanties demandées par l'État pour pouvoir rémunérer les patrons comme bon leur semble. Elles sont déjà prêtes pour la prochaine crise, certains y trouvent largement leur compte. En matière d'éthique, les institutions mondiales ont fort à faire et les moyens de contraintes ne semblent pas exister ou trop peu.
Le Directeur Général du FMI s'est prononcé à de nombreuses reprises sur l'impact et la durée de la crise économique dont il faut craindre qu'elle ne s'éternise que trop longtemps notamment dans ses conséquences. Il faut donner les moyens d'intervenir.
Dans ces conditions, et malgré l'optimisme du rapport, il est difficile de croire à la réduction des inégalités entre les peuples quand elles ont de surcroît tendance à se creuser au sein d'un même pays. »