3. Les principaux enseignements que l'on peut tirer de ces modèles
Les principaux enseignements que tire M. Bernard Faivre d'Arcier de son étude comparative sur les dispositifs culturels extérieurs du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Espagne et de la France 25 ( * ) , sont les suivants :
- chaque pays a sa propre conception du rayonnement culturel. En effet, si les quatre réseaux culturels consacrent une place centrale à la promotion de la langue et de la civilisation de leur pays d'origine, les structures et les modes d'organisation conçus par chaque pays sont très liés à l'histoire de leur propre organisation politique et administrative, à leurs ambitions ainsi qu'aux modalités de leur politique culturelle nationale. Pour cette raison, il est difficile de faire des comparaisons. Ainsi, la relation entre la culture et le développement n'est pas appréhendée partout de la même manière. Si le Royaume-Uni et l'Espagne mettent volontiers ce lien en avant, tel n'est pas le cas en Allemagne. Dans le cas français, le ministère des affaires étrangères intègre traditionnellement l'action culturelle extérieure dans des problématiques plus larges de soutien au développement ;
- réseaux et tutelles ne sont pas organisés de la même façon. Alors qu'au Royaume-Uni et en Allemagne, l'État a transféré à un opérateur unique l'action culturelle extérieure, avec le British Council et le Goethe Institut, la France offre la particularité de s'appuyer sur deux réseaux de nature très différente avec, d'une part, les services de coopération et d'action culturelle des ambassades et les centres et instituts culturels et, d'autre part, les Alliances françaises. En outre, l'organisation décentralisée du British Council et du Goethe Institut se fonde sur un échelon régional de coordination, permettant d'appréhender plus précisément les problématiques propres à certains sous-ensembles géographiques ;
- les personnels culturels à l'étranger n'ont pas les mêmes formations ni les mêmes perspectives de carrière. La formation des personnels en poste à l'étranger constitue, d'après M. Bernard Faivre d'Arcier, le point noir du réseau culturel français. Les personnes appelées à diriger les centres culturels ne se voient offrir qu'un droit à une formation de cinq jours, réservé du reste aux primo-entrants, et ne bénéficient pas d'une formation spécifique à la gestion d'un établissement à autonomie financière. À titre de comparaison, les parcours professionnels au sein du Goethe Institut permettent aux agents de suivre au départ une formation de six mois au siège de Munich, suivie d'une formation de six mois en poste à l'étranger préalablement à leur titularisation. En outre, les réseaux du Royaume-Uni et de l'Allemagne offrent de bien meilleures perspectives de carrière que le réseau français à leurs agents culturels à l'étranger. Alors que la durée d'immersion des agents dans le pays d'accueil demeure relativement courte, trois ans en règle générale, dans le cas du réseau culturel français, elle est de cinq ans dans le cas des réseaux britannique, allemand et espagnol ;
- enfin, les liens entre le réseau culturel français à l'étranger et les institutions culturelles nationales restent très insuffisants. À titre d'exemple, le Royaume-Uni accord une place importante à la promotion de ses industries culturelles en mettant en avant la dimension commerciale d'activités artistiques, telles que le cinéma ou la musique. Les agents du Goethe Institut se voient, quant à eux, régulièrement proposer de se replonger directement dans la culture allemande en participant à un grand évènement culturel en Allemagne.
Lors de son audition au Sénat, M. Bernard Faivre d'Arcier a formulé trois principales préconisations dans la perspective d'une réforme de l'action culturelle extérieure de la France 26 ( * ) :
- afin de combattre la méconnaissance qu'a l'opinion publique française de son réseau culturel à l'étranger, il est impératif de renforcer l'effort en matière de communication , en s'appuyant notamment sur le pôle audiovisuel extérieur de la France ;
- la question de la formation et de l'amélioration des perspectives de carrière des agents du réseau culturel français à l'étranger doit être une préoccupation centrale ;
- insuffisamment présente et compétitive dans le domaine des appels d'offre européens en matière de développement culturel, la France doit mettre l'accent sur la constitution de véritables équipes d'ingénierie culturelle au service d'une diplomatie d'influence.
* 25 Opus cité.
* 26 Le compte rendu de son audition figure en annexe.