b) Permis de chasser - Permis de pêche en mer : un parallèle pertinent
A ce stade, il est surprenant qu'une réflexion similaire à celle sur la chasse n'ait pas vraiment vu le jour.
Certains considèrent que « la chasse au petit gibier a été victime de l'agriculture industrielle et du congélateur ». Gardons-nous que la pêche de loisir ne soit victime des mêmes excès. De simplement récréative, elle change d'échelle quand elle consiste à remplir plusieurs congélateurs, alimenter très au-delà de la table familiale, voire servir de complément de revenu ou d'activité professionnelle non déclarée.
Sur le continent, le législateur interdit depuis très longtemps un certain nombre d'outils ou de dispositifs pour protéger le gibier terrestre et pour maintenir l'aspect « sportif » et l'esprit éthique de la chasse. Si le gibier n'a plus sa chance, y a-t-il encore chasse ?
Dès lors, il est curieux de constater que ces principes si bien établis dans le domaine terrestre n'aient pas paru devoir s'appliquer au domaine maritime. Alors qu'il ne viendrait à personne l'idée d'autoriser la chasse au gros gibier avec un détecteur à infrarouge, c'est pourtant bien ce qui se passe pour la pêche avec les sondeurs désormais disponibles pour les plaisanciers.
Le rejet du permis de pêcher en mer suscite, lui aussi, quelque étonnement, à moins de rappeler les débats qui ont eu lieu, il y a plus de trente ans lors de l'instauration de l'examen du permis de chasser . Celui-ci ne fait pourtant plus débat. Il est devenu un outil efficace de formation et de sécurité. On comprend mal pourquoi le pêcheur en mer n'aurait pas besoin, lui aussi, d'être mieux averti de la biologie des espèces et des règles de sûreté. Ce pourrait être également une utile école de gestion des pêcheries et de préservation des milieux naturels.
S'y ajoutent pour la chasse diverses mesures de gestion qui permettent d'avoir une idée plus précise de l'état des espèces : estimation des populations (comptage), plan de chasse, carnets de prélèvement par espèce ou universel... On peut enfin mentionner la réglementation spécifique à laquelle est soumise la chasse sur le domaine public maritime.
En fait, les réticences que suscite un éventuel permis de pêcher en mer dénotent un problème culturel . Les pêcheurs de loisir considèrent encore trop souvent que la ressource est illimitée et que leur impact est faible. Or, comme lors de l'instauration du permis de chasser, c'est l'obligation de gérer et le caractère limité de la ressource qui sont insuffisamment partagés. Il est nécessaire de prendre conscience , même au niveau du pêcheur plaisancier, que la mer ne peut plus être considérée comme totalement libre, non pas parce qu'elle ne serait plus un bien commun, mais bien parce qu'elle est un bien commun qui doit être préservé au profit de tou s.