3. Réfléchir à de nouveaux outils numériques ?
Il semblerait logique que le régulateur étatique ne se maintienne pas à distance des évolutions technologiques, mais au contraire, s'en empare pour les accompagner.
D'aucuns estiment par exemple qu'un rempart efficace contre la diffusion de contenus choquants pourrait être la carte bancaire. En effet, il est envisageable de substituer au « disclaimer » imposé à l'entrée des sites interdits aux mineurs un système d'autorisation bancaire. Ce système serait probablement efficace mais pose aux yeux de votre rapporteur des problèmes en matière de protection des libertés publiques.
D'autres suggèrent la mise en place d'une carte d'identité numérique qui serait utilisée par l'ensemble des internautes. Elle viserait à réduire les navigations intempestives de certains mineurs. Toutefois, votre rapporteur estime que le système des profils sur les ordinateurs personnels est déjà une solution et que la mise en place, extrêmement lourde, d'une telle carte constituerait manifestement un moyen disproportionné aux objectifs recherchés.
En fait, eu égard à la rapidité d'évolution des nouvelles technologies, la meilleure méthode de protection des enfants vis-à-vis des contenus choquants sur Internet reste l'éducation et à la prévention auprès des enfants et des parents.
Mme Emmanuelle Erny-Newton, à l'origine du projet Cleanfeed Canada de protection des mineurs et spécialiste de la question, affirme ainsi sans ambages que : « pour armer les mineurs face à l'ensemble des risques du web, l'essentiel est de promouvoir une réponse éducative, et que parents et enseignants développent l'esprit critique des enfants ».
M. Keith Spicer, président du conseil de la radiodiffusion et des télécommunications, résumait dès 1995 l'approche canadienne des problèmes posés par les médias : « 10 % d'outils technologiques, 10 % de législation et de régulation par l'industrie des médias elle-même... et 80 % d'éducation ».
La France a tout intérêt à suivre ce modèle.
« La nouvelle fracture numérique n'est pas entre ceux qui peuvent s'offrir les machines et les services et ceux qui ne le peuvent pas, mais entre ceux qui savent les utiliser à leur avantage et ceux qui sont victimes de la surinformation. Ce n'est pas un problème entre ceux qui « possèdent » et les autres, mais entre ceux qui « savent » et les autres » 93 ( * ) .
Howard Rheingold
* 93 Interview de Howard Rheingold dans www.internetactu.net du 15 janvier 2004, vue le 20 juillet 2008.