C. QUELLE COOPÉRATION EUROPÉENNE ?
1. Une démarche à approfondir
Votre rapporteur est convaincu que la coopération européenne en matière de formation est à la fois souhaitable et utile.
Elle est souhaitable pour favoriser les coopérations tant en matière d'opérations que d'équipement ; elle est utile dans un contexte où les dépenses militaires sont sous contraintes dans tous les Etats membres.
Même s'il apparaît difficile de généraliser les échanges complets de cursus, comme c'est le cas avec l'Allemagne, tous les types d'échanges, en particulier ceux qui entrent dans le cursus de formation, doivent être renforcés.
Un travail de recensement et de comparaison des différentes formations dispensées en Europe a été réalisé par l'état-major de la marine. Sur cette base, il faut avancer sur les échanges de modules.
Le ministre de la Défense a annoncé, lors de sa prise de fonctions, que la mise en place d'une sorte « d'Erasmus de la Défense » pour les officiers serait une de ses priorités.
Amorcée sous l'effet de l'application aux écoles militaires des normes établies par le processus de Bologne (LMD : Licence, Master, Doctorat), la division des cursus en semestre, opérée depuis 2002 à l'école navale, est décisive pour nouer des coopérations et favoriser des échanges, au bénéfice de la formation linguistique et de la formation aux pratiques d'autres armées. A la différence notable du Royaume-Uni, c'est la voie suivie par les autres écoles européennes (Allemagne, Belgique, Espagne). Elle permet d'accueillir en cours de formation des étudiants issus de l'université ou d'autres écoles. Elle a eu pour effet de faire passer la scolarité de l'école navale de 3 à 4 ans et conduit à des cursus particulièrement denses pour certaines spécialités.
Des coopérations sont également envisageables pour la formation des personnels travaillant sur des matériels issus de programmes menés en coopération (Italie, Royaume-Uni Horizon, FREMM, PA2). De la même manière, il ne s'agit pas forcément de les former ensemble au même endroit mais d'envisager conjointement la formation et ses outils, notamment de simulation lors de la conception et de la mise en oeuvre du programme.
2. Privilégier une démarche pragmatique.
Les échanges complets de cursus , comme c'est le cas avec l'Allemagne pour deux élèves par an depuis 1993 à l'école navale, paraissent difficiles à généraliser. Ils supposent en effet l'intégration des élèves étrangers dès les classes préparatoires et une adaptation complète à un environnement académique et militaire très différent. En 2008, l'école devrait cependant accueillir des marins belges et allemands pour la scolarité du master.
Les échanges de semestre permis par la mise en oeuvre de la réforme LMD devraient en revanche pouvoir être renforcés, sur la base du travail de recensement et de comparaison des différentes formations d'officiers dispensées en Europe.
Cette approche pragmatique semble préférable, aux yeux de votre rapporteur à celle du « bâtiment école européen », qui apparaissait davantage comme l'expression de la volonté française de remplacer la Jeanne d'Arc à moindre frais, que de celle consistant à proposer une coopération européenne et qui ne peut relever que d'une démarche de plus long terme.
C'est pourquoi le désarmement de la Jeanne d'Arc nous conduira certainement à une révision plus large de notre outil de formation qu'il n'apparaît de prime abord. Dans l'immédiat, la solution retenue consiste à dissocier l'école de spécialité et la période de stage, la première étant réalisée au CIN de St Mandrier, la seconde sur la frégate Georges Leygues accompagnée de deux autres bâtiments ainsi que par le recours accru à des simulateurs.
Dans un premier temps au moins la coopération européenne ne paraît pas représenter un gisement d'économies considérables. Elle représente en revanche un fort stimulant pour le renforcement de l'organisation en modules de formation.
Les britanniques m'ont en revanche paru très ouverts à la coopération bilatérale. Il me semble que nous devrions chercher à la renforcer, notamment en matière de formation, tout en préservant la possibilité pour d'autres Etats de rejoindre les coopérations engagées.