2. Qui sont les néo-ruraux ?
Si les statistiques font apparaître un mouvement global de migration vers l'espace rural et de retournement de l'opinion en faveur de celui-ci, la description des néo-ruraux renvoie quant à elle à une grande diversité de profils, de projets et d'histoires de vie.
Toutefois, il est possible d'identifier cinq catégories de néo-ruraux, définis par leur lieu de départ et d'arrivée, la taille du ménage, leur âge et leur catégorie socioprofessionnelle, comme l'illustre une étude récente réalisée à grande échelle 36 ( * ) .
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a) Les retraités et les baby-boomers actifs
(1) Les citadins retraités
Les retraités ont aujourd'hui tendance à s'installer en zones rurales selon deux logiques : le « retour au pays » et l'héliocentrisme 37 ( * ) .
Le « retour au pays » s'explique notamment par le fait que les migrants âgés de 60 à 74 ans ont, plus que les autres, été concernés par la migration vers les villes à des fins professionnelles. L'urbanisation et l'industrialisation de la France, tardives, ont été alimentées par la main-d'oeuvre paysanne, encore très abondante dans les années 1950 et 1960. De là provient sans doute l'origine rurale d'une très grande majorité des retraités et leur tendance à retourner vers des espaces familiers ou similaires à l'environnement qu'ils ont quitté durant leur vie active. Il convient de souligner que si ces retraités migrent en priorité vers le rural sous influence urbaine (33 % d'entre eux), ils choisissent, plus fréquemment que toutes les autres classes d'âge, les autres types d'espaces ruraux (26 %). Le choix de ce genre de destination vise à concilier un environnement rural pour leur résidence et la proximité des services et équipements 38 ( * ) .
Quant à l' héliocentrisme des retraités, particulièrement concentré autour de la conurbation méditerranéenne, il est en partie contrebalancé par deux autres phénomènes : d'une part, le desserrement résidentiel de l'Ile de France vers la région Centre, notamment, et d'autre part, le retour de retraités vers les zones rurales des régions de l'Ouest et de l'arc atlantique.
Bien que représentant un quart des migrants, cette population demeure toutefois relativement moins présente en milieu rural qu'en milieu urbain, contrairement aux idées reçues. Lors de son audition, M. Jean-Michel Charpin, alors directeur général de l'Insee, a ainsi précisé que la proportion des personnes de plus de 60 ans augmentait partout, en conséquence du vieillissement de la population, mais de manière plutôt moins marquée dans les zones rurales 39 ( * ) .
* 36 Migrations résidentielles de l'urbain vers le rural en France : différenciation sociale des profils et ségrégation spatiale, Yannick Sencébé et Denis Lepicier, EspacesTemps.net, Textuel, 10 mai 2007.
* 37 Les ruraux en 99 : qui sont-ils ? D'où viennent-ils ?, Cécile Détang-Dessendre et Virginie Piguet, INRA sciences sociales, n° 1-2, 2003.
* 38 Concernant le rural isolé, mais aussi le rural sous influence urbaine dont certaines communes ont pu être, dans le passé, des espaces plus isolés des villes et d'émigration.
* 39 Audition de MM. Jean-Michel Charpin, directeur général de l'Insee, et Bernard Morel, chef du département de l'action régionale, le 20 février 2007. Le compte-rendu est disponible sur Internet : http://www.senat.fr/bulletin/20070219/dat.html#toc2 .