2. ... et donc sur la croissance économique

Cet effet défavorable sur l'épargne aurait des répercussions sur l'investissement et sur la croissance économique .

Les pays disposant d'un niveau d'épargne comparativement élevé devraient connaître un taux de croissance supérieur puisque plus d'épargne devrait permettre plus d'investissement et plus d'investissement déboucher sur plus de croissance économique.

A ces considérations théoriques, la réalité offre, apparemment, un démenti .

3. Les constats empiriques ne valident, apparemment, pas ces approches

DÉPENSES PUBLIQUES ET ÉPARGNE
DANS LES PRINCIPAUX PAYS DE L'OCDE - EN 2004

Dépenses publiques
(en % du PIB)

Épargne nette
des ménages
(en % du revenu disponible brut)

Épargne nationale
(en % du PIB)

Corée

28,1

4,7

34,8

Irlande

33,7

Nd

23,7

Australie

35,1

-3,2

19,8

États-Unis

36,4

1,8

13,0

Suisse

36,6

9,3

32,9**

Japon

37,3

3,1

26,4**

Espagne

38,8

11,1*

22,4

Nouvelle-Zélande

39,2

Nd

16,9

Canada

39,9

1,4

23,1

Royaume-Uni

44,0

4,3

14,8

Norvège

45,9

9,6

33,5

Portugal

46,4

10,1*

15,1

Pays-Bas

46,6

8,4

25,7

Allemagne

47,0

10,5

20,9

Italie

47,8

10,1

20,3

Grèce

49,2

Nd

15,7

Belgique

49,6

11,0*

23,5

Autriche

50,1

9,0

19,8

Finlande

51,2

2,7

24,3

France

53,7

11,8

19,1

Danemark

54,8

3,0*

22,5

Suède

56,7

8,5

22,8

* Épargne brute
** en 2003

Le tableau ci-dessus montre que le taux d'épargne national n'est pas corrélé au niveau des dépenses publiques . De la même manière, le taux d'épargne des ménages - qui n'est qu'un des déterminants du taux d'épargne national 70 ( * ) - semble sans lien avec le niveau des dépenses publiques.

En 2004, les États-Unis sont le pays où le taux d'épargne nationale est le plus faible (13 points de PIB, soit 6,1 point de moins qu'en France) alors qu'ils appartiennent au groupe des pays où les dépenses publiques sont parmi les moins développées. La Suède où le ratio dépenses publiques/PIB excède de 21,6 points le même ratio en Australie, dispose d'une épargne nationale supérieure de 3 points. La Corée , qui dispose du taux d'épargne nationale le plus élevé est, à l'inverse, le pays où les dépenses publiques sont les moins développées mais la Nouvelle-Zélande connaît un bas niveau d'épargne avec des dépenses publiques relativement basses.

Le tableau ci-après confirme ce constat et y ajoute celui que le lien entre le taux d'épargne d'un pays et le rythme de sa croissance économique est loin d'être invariant .

TAUX D'ÉPARGNE, DÉPENSES PUBLIQUES ET CROISSANCE

Dépenses publiques
(en 2005)

Taux d'épargne net des ménages
(en 2005)

Taux d'épargne 1995 - 2005

Croissance sur 10 ans
1995 - 2005

États-Unis

34,8

- 0,4

15,5

3,3

Espagne

38,2

2,2

22,4

3,7

Japon

39,5

2,9

28,0

1,6

Royaume-Uni

44,0

- 0,2

15,7

2,8

Pays-Bas

45,4

6,5

26,7

2,6

Allemagne

46,8

10,6

20,3

1,3

Italie

48,1

10,6

21,0

1,3

France

53,5

11,8

20,0

1,9

Danemark

52,5

- 4,1

23,9

2,1

Suède

56,0

7,9

21,8

2,7

Source : OFCE

Entre 1995 et 2005, les États-Unis et le Royaume-Uni ont connu une forte croissance malgré un très bas taux d'épargne. Au Japon, le fort taux d'épargne n'a pas empêché une croissance économique languissante.

De nombreuses autres variables sont déterminantes pour la croissance économique.

En outre, l'épargne nationale n'est pas toujours un déterminant de la croissance . Par exemple, la croissance du Royaume-Uni est économe en capital, celle des États-Unis est favorisée par un financement extérieur abondant.

Il est manifeste que le taux d'épargne national est le résultat de variables beaucoup plus diversifiées que le seul poids des dépenses publiques dans le PIB.

Peut-on, pour autant, exclure toute causalité entre dépenses publiques et épargne ?

* 70 Mais un déterminant essentiel puisque les ménages ont structurellement une capacité de financement quand, pour les autres agents économiques, c'est la situation inverse qui prévaut.

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