C. UN CoeUR DISCIPLINAIRE LENTEMENT CONSTITUÉ

Diplôme national, le baccalauréat se subdivise en de multiples ramifications correspondant aux différentes séries et filières créées au fil de l'histoire et réorganisées à l'occasion de chaque réforme.

Les « travaux perpétuels » dont fait l'objet le baccalauréat semblent ainsi rendre vaine toute tentative de discerner quelque continuité dans son histoire. Pourtant, une analyse attentive des disciplines présentes dans les différentes séries montre que depuis 1902 et la fin du règne du latin, un nombre circonscrit de matières forme le coeur du baccalauréat dans les différentes filières.

A l'origine, elles sont trois : français, mathématiques et philosophie. Depuis 1902, elles ont été rejointes par deux autres disciplines ou groupes de disciplines : les langues vivantes et l'histoire-géographie.

Près de ce coeur disciplinaire gravitent également quelques disciplines qui, si elles ne sont pas présentes dans toutes les séries, sont également représentées dans la majorité d'entre elles. Il s'agit de la physique-chimie, des sciences économiques et sociales et, dans une moindre mesure, des sciences de la vie et de la terre.

Pour votre groupe de travail, ce constat de fait est d'un grand intérêt : il montre en effet que l'idée de reconnaître une forme de « tronc commun » à tous les baccalauréats n'est pas nécessairement dépourvue de sens. Sans doute cela supposerait-il d'aller plus loin que la simple reconnaissance d'un état de fait. Mais l'histoire de l'examen montre que les disciplines évoquées forment, depuis près de cinquante ans, le coeur de l'examen avec une stabilité remarquable.

Cette dernière n'exclut pas les évolutions pédagogiques. De même, l'existence d'un tronc commun à tous les baccalauréats ne signifie pas que les disciplines concernées sont enseignées de la même manière dans toutes les séries et les filières. Mais pour autant, ces différences ne suffisent pas à priver le baccalauréat d'une unité certaine, qu'il pourrait être intéressant de formaliser.

Source : Christine Vergnolle-Mainar, maître de conférences en géographie, François Grèzes-Rueff, maître de conférences en histoire, IUFM Midi-Pyrénées, communication précitée.

D. UN EXAMEN DEVENU UN DIPLÔME DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Parcourir, même à grands traits, l'histoire du baccalauréat, c'est aussi prendre la mesure d'un phénomène singulier : la « secondarisation » de l'examen.

Par nature, le baccalauréat est en effet un grade universitaire, dont la collation revient en conséquence à l'Université. Ce principe, resté valable pour l'essentiel tout au long du XIX e siècle, est venu se heurter au tournant du siècle à la progression constante des effectifs de candidats, qui rendait fort difficile la réunion de jurys composés de seuls universitaires. Quant aux candidats et aux familles, ils se plaignaient d'examinateurs peu au fait de ce que l'on enseignait réellement dans les lycées.

Par ailleurs, la croissance du nombre de lycéens se traduisit également par une séparation progressive de l'enseignement secondaire et de l'enseignement supérieur : la démocratisation croissante du baccalauréat a ainsi abouti à une dissociation du secondaire et du supérieur.

Celle-ci est au demeurant logique : ni l'un ni l'autre n'ont les mêmes fonctions ni les mêmes objectifs. Mais cette séparation peut devenir néfaste lorsqu'elle se traduit par une absence de concertation entre ces deux mondes.

Puisque le baccalauréat commande le passage de l'un à l'autre, ce que traduit sa double nature de certification de fin d'études secondaires et de premier grade de l'université, il ne peut être pris en charge seulement par l'un ou l'autre. Il doit même tout au contraire être conçu et organisé en collaboration par l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur : héritée d'une histoire désormais deux fois centenaire, sa double fonction même l'exige.

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