2. Des élus nombreux à la légitimité fragilisée
La question de la multiplication des niveaux d'administration locale n'est pas propre au coeur de l'agglomération de l'Île-de-France même si la très forte densité de ce territoire crée une spécificité de fait. Ce qui pose une difficulté propre au regard du bon fonctionnement de notre démocratie locale, c'est que l'exiguïté de l'agglomération amoindrit la pertinence des périmètres de ces collectivités et affaiblit donc la légitimité des élus concernés.
Compte tenu, par exemple, de la localisation des emplois et des logements en Île-de-France, des centaines de milliers de salariés travaillent dans des communes et des départements où ils ne résident pas. Il s'ensuit qu'ils n'ont pas les moyens d'influer sur les décisions qui sont prises par les élus de ces territoires, ce qui peut avoir des conséquences dommageables pour eux en termes de transports (absence de parkings), de garde d'enfants (pas d'accès aux crèches de la commune du lieu de travail) ou de loisirs. Il en est de même pour les listes d'accès aux logements sociaux où un salarié qui réside dans l'Est parisien n'aura pratiquement aucune chance d'obtenir un logement dans la commune de l'Ouest où il travaille.
Il peut aussi arriver qu'une commune prenne des décisions qui ont pour conséquence directe ou indirecte de nuire aux habitants des autres communes de l'agglomération. C'est ainsi que la municipalité de Paris a, à partir de 2001, réduit le nombre de voies de circulation de plusieurs grandes pénétrantes dans Paris sans pour autant créer de parkings à la périphérie, ce qui a eu pour effet d'accroître les bouchons pour les banlieusards, en particulier à l'Est de Paris.
Ce sont ces décisions unilatérales auxquelles il convient de mettre un terme en favorisant un traitement global des problèmes qui implique de prendre en compte l'ensemble des aspects des décisions concernant le développement de l'agglomération. En somme, il est devenu urgent de considérer que les habitants de l'agglomération sont aussi des citoyens de cette agglomération et qu'ils ne peuvent donc plus être traités comme des « étrangers ».
Concernant la démocratie locale, cela signifie qu' il convient de permettre aux citoyens de s'exprimer au niveau de l'agglomération sur les grandes décisions qui influencent leur vie quotidienne qu'il s'agisse des transports, de la politique du logement ou de la localisation des emplois et qu'une solidarité doit également s'exercer au niveau de l'agglomération qui constitue le principal espace de vie pertinent.