II. DE LOURDS HANDICAPS À GÉRER

1. Des lieux de production parfois difficilement accessibles

a) Un espace pastoral discontinu et difficile d'accès

Emiettement des parcelles affectées à l'élevage ovin ou utilisées notamment à cette fin, multiplicité de leur statut, restrictions posées par leurs propriétaires à leur traversée par des éleveurs et leurs troupeaux ou monétisation excessive de celle-ci ... : il est aujourd'hui souvent difficile aux éleveurs de mener leurs troupeaux sur les domaines pastoraux.

De plus, les parcelles sont souvent éloignées les unes des autres et, dans les régions montagneuses, situées en altitude et difficiles d'accès. Dans les Hautes-Pyrénées, elles s'étendent entre 500 et 3.000 mètres d'altitude, à une altitude moyenne de 1.421 mètres.

Dans les Alpes-Maritimes, vos rapporteurs ont pu constater les difficultés engendrées pour les éleveurs par la dispersion des terres pastorales dans l'arrière-pays alpin, au relief très accidenté, dans des zones parfois non électrifiées ou non viabilisées, manquant de points d'eau pour les animaux et nécessitant des temps et moyens de transport conséquents. Le seul point de contact commun aux éleveurs du département pour le ramassage des animaux, Nice, est ainsi à deux heures de route pour certains producteurs. Quant à l'accès aux pâtures et aux cabanes de bergers, il peut prendre jusqu'à trois heures depuis l'ultime point qu'il est possible de rallier en véhicule. Sans compter les déplacements très longs dans ce département pour aller chercher des fourrages l'hiver, dont le coût est de plus très élevé.

Enfin, les espaces pastoraux sont soumis à des conflits d'usage entre des publics parfois très divers : éleveurs et agriculteurs, propriétaires privés, touristes, sportifs ...

b) Un coût du foncier explosant

La pression foncière a été citée à plusieurs reprises par les professionnels de la filière comme un obstacle à l'élevage extensif en pâture, qu'il s'agisse du prix des terres, de la difficulté à s'en procurer ou de la pression exercée à la vente sur les exploitants.

Selon la Fédération nationale des sociétés d'aménagement foncier et rural (FNSAFER), le prix des terres agricoles a augmenté de 65 % entre 1996 et 2006. Comme le montre la carte suivante, cette inflation est particulièrement sensible dans les régions d'élevage ovin potentiel.

PRIX DES TERRES ET PRÉS LIBRES NON BÂTIS EN 2006 PAR PETITE RÉGION AGRICOLE
(EN MOYENNE TRIENNALE)

Source : FNSAFER

Cet élément, qui a d'ailleurs été souligné dans le deuxième groupe de travail du « Grenelle de l'environnement » consacré à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, a des conséquences sur les espaces naturels, désormais soumis à la pression de l'aménagement foncier avec l'extension des infrastructures existantes et le mitage des paysages.

Le manque de foncier et son niveau de prix prohibitif incitent les exploitants à reporter ou abandonner leur projet d'installation, ou bien à privilégier l'élevage hors-sol. Il devrait finir, à terme, par porter préjudice également aux propriétaires des terrains les louant pour le pâturage, car celui-ci constitue fréquemment le seul mode de valorisation possible de leurs parcelles, dont l'éloignement et l'escarpement font qu'elles n'intéressent bien souvent que ces derniers.

Il a par ailleurs été rapporté une certaine concurrence foncière, dans les zones de pâturage, entre les détenteurs d'ovins et ceux de bovins. Ces derniers, bénéficiant de revenus moyens plus importants, sont perçus -du moins dans les régions de montagne- par les premiers comme concentrant l'essentiel des terres pâturables.

Si cette contrainte foncière est à relativiser selon les régions considérées, elle n'en reste pas moins préoccupante pour des élevages de nature fortement extensive. A cet égard, le soutien des collectivités à l'achat de terrains par les éleveurs ne semble pas s'être beaucoup développé.

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