11. Les problèmes liés aux abattoirs
a) Un réseau d'abattoirs insuffisamment maillé
La tendance à la réduction du nombre d'abattoirs et les difficultés grandissantes d'accès à ces derniers ont été citées à de nombreuses reprises à vos rapporteurs comme constituant une contrainte majeure pour l'élevage ovin. Le durcissement de la règlementation sanitaire au niveau européen devrait accélérer le mouvement de restructuration et de fermeture des abattoirs ne respectant pas les normes communautaires et aboutir à concentrer les aides sur les plus productifs.
D'une façon très générale, la partie Nord de la France connaîtrait de grandes lacunes de ce point de vue, tandis que la partie Sud serait moins touchée. Cette distinction peut toutefois être nuancée. Ainsi, sur le territoire des Alpes-Maritimes, il existe un seul abattoir départemental, situé dans la commune de Puget-Théniers. Et ce en dépit du caractère très accidenté et montagneux du relief, qui rend les transports d'un bout à l'autre du département longs et difficiles et nécessiterait l'existence d'un abattoir par vallée. De la même façon, l'abattoir de Bellac visité par vos rapporteurs en pays Haut Limousin constitue la seule structure de ce type sur ce territoire.
Or, travailler avec des abattoirs de proximité, c'est s'assurer une meilleure maîtrise des prix de vente, des marges et des débouchés. C'est également réduire les coûts de transport, ceux-ci étant en moyenne d'un euro par kilo pour les colis de moins de 60 kilos. C'est aussi garantir une plus grande transparence entre les éleveurs et leurs clients, et prendre une « assurance » contre les risques de crises sanitaires.
b) Un coût de l'abattage proportionnellement important
Le coût de l'abattage en ovin est, en proportion, supérieur à celui des autres filières animales. En effet, il doit être rapporté au kilo sur une carcasse dont le poids est beaucoup moins important que celui, par exemple, d'une vache ou d'un porc.
De plus, le coût du ramassage ovin, qui permet d'assurer le transport vers les lieux d'abattage, a considérablement augmenté ces dernières années. Selon les données fournies à vos rapporteurs lors de leur déplacement dans le Limousin, il y serait passé de un franc par agneau il y a dix ans à un euro aujourd'hui.
Si l'on additionne ainsi les coûts de transport vers les lieux d'abattage, et l'amortissement des coûts d'abattage en eux-mêmes, la rentabilité d'un élevage se situe à un nombre élevé de têtes.
c) Des risques liés à l'abattage clandestin non négligeables
Le problème de l'abattage clandestin doit être évoqué. Réalisé dans des conditions d'hygiène et de sécurité souvent très précaires, car non soumis par définition à un contrôle sanitaire, il n'est pas sans poser de problèmes, notamment dans des départements d'élevage où la population maghrébine est relativement importante, comme dans les Alpes-Maritimes.
Des abattages massifs ont ainsi lieu, notamment, le jour de la fête de l'Aïd el Kabîr : selon les chiffres cités par la mission interrégionale pour la valorisation des territoires (MIRVALT) 8 ( * ) , près de 5.000 agneaux seraient abattus lors de cette fête, alors que l'abattoir départemental n'en abat que 250 durant la même période, soit 5 % du total.
* 8 Rapport sur la mise en place d'un atelier de découpe/transformation collectif en vallée de Tinée, février 2006.