CHAPITRE VI - POUR NE PAS CONCLURE
Dans la présente étude, vos rapporteurs ont été conduits à dresser un bilan sans concessions de la coordination des politiques économiques en Europe.
Le passif l'emporte, de très loin.
Les enjeux d'un redressement de la situation sont considérables. Il s'agit de rien moins que de la survie même de la construction européenne.
Que l'Europe n'atteigne pas ses objectifs ce serait un échec historique. Qu'il échoue parce que ses partenaires, au lieu de coopérer, se livrent une guerre économique ce serait une faute.
L'Europe est un patrimoine désormais commun mais c'est un patrimoine en péril.
Cette menace de dislocation est d'autant plus frustrante que l'Europe dispose d'atouts considérables. Elle est aussi d'autant plus alarmante que la mondialisation s'intensifie.
I. LE RECUL DE L'EUROPE APPELLE UNE PRISE DE CONSCIENCE
A. LE RECUL DE L'EUROPE
L'Europe est la deuxième « économie » au Monde.
LA PUISSANCE DE L'EUROPE
États-Unis |
UE (25) |
Zone euro (12) |
|
Population |
298 m |
464 m |
315 m |
PIB |
12,410 bn |
12,540 bn |
9,039 bn |
Croissance du PIB
|
3,8 % |
3,0 % |
2,1 % |
PIB par tête |
42,000 |
27,240 |
29,040 |
Chômage (1996-2005) |
5,0 |
7,9 |
8,6 |
Sources : Eurostat, OCDE
Mais, elle semble gaspiller ses atouts, ses acquis.
La croissance économique de la zone euro est languissante. Sans doute, les écarts figurés dans le graphique ci-dessus s'expliquent-ils largement par un potentiel de croissance inférieur à ceux des autres zones. Mais, outre que la croissance effective peine à atteindre le potentiel en Europe, c'est bien un objectif d'élévation du rythme de sa croissance potentielle que l'Europe s'est fixé, sans l'atteindre jusque là.
En conséquence, le PIB par habitant décline dans de nombreux pays européens relativement à celui des Etats-Unis.
Cette dégradation, qui se prolonge dans les évolutions comparées du pouvoir d'achat, intervient malgré une inflation relative plus basse qu'outre-Atlantique .
On peut se féliciter de cet avantage relatif . Il témoigne d'un certain équilibre de la croissance européenne, témoignage qu'il faut toutefois relativiser compte tenu de la faiblesse de cette croissance et de l'importance du chômage européen, qui nourrit les pressions désinflationnistes.
Toutefois, vis-à-vis du monde extérieur, cette performance relative n'apporte guère à la compétitivité de la zone euro. Elle est plus que compensée par l'appréciation de l'euro .
Certes, l'Europe, à l'inverse des Etats-Unis, ne subit pas de contraintes extérieures. Elle finance plutôt le reste du Monde qu'elle ne lui emprunte .
Mais, quels avantages en tire-t-elle vraiment ?
Procède-t-elle pour cela à des investissements sur son propre territoire ? Se manifeste-t-elle par une place de champion de l'innovation ?
Les réponses sont connues et l'Europe peine, par exemple, à hausser d'un dixième de point de PIB son effort de recherche et accumule année après année du retard sur ses concurrents.