E. INTERVENTION DE M. AGUNG LAKSONO, PROCHAIN PRÉSIDENT DE L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE ASIATIQUE (5 ( * ))

L'ordre du jour de l'Assemblée prévoyait initialement l'intervention dans l'hémicycle de M. Gholamali Haddad Adel, actuel Président de l'Assemblée parlementaire asiatique et Président de l'Assemblée consultative islamique d'Iran. La venue d'un dignitaire du régime iranien a suscité l'opposition d'un certain nombre de délégués conduits par M. Michel Dreyfus-Schmidt (Territoire de Belfort - SOC), qui ont déposé la déclaration écrite suivante :

Présence du Président du Parlement iranien au Conseil de l'Europe

( Déclaration écrite n° 402 )

Les soussignés,

1.       Considérant l'invitation à la 4e session 2007 de l'Assemblée parlementaire de M. Haddad Adel, Président de l'Assemblée parlementaire asiatique et du Parlement iranien ;

2.       Observant que cette invitation du Président de l'Assemblée parlementaire asiatique n'occulte ni ne justifie en rien le fait qu'il est un éminent représentant d'un régime islamique radical qui défie toutes les règles démocratiques constitutives du Statut du Conseil de l'Europe ;

3.       Soulignant avec force que tout dialogue interculturel et interreligieux présuppose le respect simultané de principes fondamentaux excluant de tels contacts même indirects avec des représentants du régime iranien ;

4.       Rappellent que le régime iranien soutient obstinément l'élimination de la carte d'Israël, membre de l'ONU et observateur depuis 1957 auprès de notre Assemblée. L'Iran nie la Shoah, défiant l'immense majorité des États civilisés ;

5.       Rappellent la recherche par l'Iran et ses alliés, la Syrie, de l'accès à l'atome militaire, menace nouvelle à la paix mondiale ;

6.       Appellent l'Assemblée et les autorités du Conseil de l'Europe, ainsi que les agents de l'Organisation, à s'abstenir solennellement de toute présence lors de la visite de M. Haddad Adel, si elle est maintenue ;

7.       En appellent aux représentants des gouvernements et à la presse pour dénoncer cette visite, réaction préservant la crédibilité de notre Organisation.

Signé : DREYFUS-SCHMIDT Michel (France - SOC), AGRAMUNT Pedro (Espagne - PPE/DC), BADRÉ Denis (France - ADLE), DURRIEU Josette (France - SOC), ERR Lydie (Luxembourg - SOC), GARDETTO Jean-Charles (Monaco - PPE/DC), GOERENS Charles (Luxembourg - ADLE), GRAF Angelika (Allemagne - SOC), GRIGNON Francis (France - PPE/DC), GROSS Andreas (Suisse - SOC), GROSSKOST Arlette (France - PPE/DC), HÄGG Carina (Suède - SOC), HAPPART Jean-Marie (Belgique - SOC), HUSS Jean (Luxembourg - SOC), JUNG Armand (France - SOC), JURGENS Erik (Pays-Bas - SOC), KUCHEIDA Jean-Pierre (France - SOC), LONCLE François (France - SOC), MARQUET Bernard (Monaco - ADLE), MIGNON Jean-Claude (France - PPE/DC), REYNAUD Marie-Line (France - SOC), RIES Roland (France - SOC), RUSSEL-JOHNSTON Russell (Royaume-Uni - ADLE), TOMLINSON (Royaume-Uni - SOC), ZINGERIS Emanuelis (Lituanie - GDE)

La présente déclaration écrite n'engage que ses signataires

Cette mobilisation a contribué à l'annulation de la venue de M. Haddad Adel et son remplacement par M. Agung Laksono, Président de la Chambre des représentants indonésienne, appelé à prendre la présidence de l'Assemblée parlementaire asiatique l'année prochaine. L'intervention de M. Laksono fut principalement consacrée à la nécessité induite par la mondialisation de renforcer les partenariats régionaux. Il a souhaité, à cet effet, mettre en avant le modèle que constitue l'Europe pour l'Asie sur la voie de l'intégration régionale. Par-delà le continent asiatique, l'Assemblée parlementaire asiatique entend intensifier ses relations avec l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. M. Laksono a, par ailleurs, appelé de ses voeux une mobilisation de l'ensemble des États démocratiques pour faire cesser la répression exercée en Birmanie et y mettre en oeuvre un véritable droit des minorités, à l'image des dispositions prises en la matière par l'Indonésie.

Les échanges avec l'hémicycle qui ont suivi ont permis de cerner les différences d'appréciation entre les deux assemblées parlementaires, qu'il s'agisse de la position mesurée de l'Assemblée asiatique sur l'abolition de la peine de mort, sur l'absence de priorité accordée à la démocratisation du continent asiatique ou la coopération avec l'État d'Israël. Le consensus entre États membres de l'Assemblée parlementaire asiatique semble de fait plus porter sur la lutte contre la pauvreté que sur la promotion des droits de l'Homme.

La position des autorités de la République islamique d'Iran sur la Shoah a été au centre de plusieurs questions de délégués, dont celle de M. Laurent Béteille (Essonne - UMP) :

« Monsieur le Président, je souhaitais également m'indigner des propos tenus par le président de la République islamique d'Iran sur la contestation de la Shoah.

Il a été fait allusion à une conférence, en réalité une réunion de négationnistes, qui n'a bien entendu rien de scientifique. Nous voudrions avoir l'assurance que, sous votre présidence, l'Assemblée parlementaire asiatique ne laissera pas se propager une idéologie de haine à l'encontre du peuple d'Israël ».

La réponse de M. Laksono sur ce sujet est restée assez évasive en se bornant à remarquer que « les déclarations du président de l'Iran ont largement été commentées » et il s' « étonne qu'elles prennent une telle importance soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le président de l'Iran n'a pas nié la Shoah, mais ne veut pas l'accepter tant que des études historiques impartiales n'en n'auront pas prouvé la réalité ». Elle a immédiatement suscité une intervention du Président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, M. René van der Linden, rappelant les conclusions du procès de Nuremberg et condamnant toute forme de révisionnisme au sein du Conseil de l'Europe « construit sur les ruines, les souffrances et les douleurs de la Seconde Guerre mondiale ».

* (5) L'Assemblée parlementaire asiatique s'est réunie pour la première fois du 12 au 14 novembre 2006. Elle a été créée sur le modèle de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. 40 États membres (dont la Chine, la Russie, la Turquie ou la Corée du Nord) et 18 observateurs (dont l'Inde, le Japon ou l'Australie) y sont affiliés. 206 délégués issus des Parlements nationaux y siègent. Elle succède à l'Assemblée des parlements asiatiques pour la Paix instituée en novembre 1999. Elle comprend notamment sept commissions thématiques : coopération régionale, marché intégré de l'énergie en Asie, fonds monétaire asiatique, opportunités et défis liés à la mondialisation, réduction de la pauvreté, diversité culturelle et gouvernance et lutte contre la corruption.

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