2. Des liens culturels à raviver : l'exemple de la famille Károlyi
L'implantation française en Hongrie, pays incontestablement de riche tradition culturelle, est ancienne. Ces relations culturelles ont été particulièrement intenses aux XIVème et XVème siècles où la Hongrie fut une partie intégrante et organique de l'Europe occidentale.
En effet, l'extinction de la dynastie des Arpad en 1301 fut suivie de luttes intenses pour accéder au trône du royaume de Hongrie et ce fut finalement la dynastie des Capétiens d'Anjou, que l'histoire hongroise appelle la dynastie angevine hongroise, qui prit la suite des Arpad . Les règnes des rois angevins, notamment celui de Charles-Robert et de son fils Louis le Grand, constituent l'âge d'or du royaume hongrois médiéval 25 ( * ) .
Ce fondement d'histoire commune explique peut-être que, dès la fin du régime communiste, les échanges culturels franco-hongrois aient repris avec intensité. Les années culturelles croisées (« Magyart » en France en 2001 et « Franciart » en Hongrie en 2003) ont contribué à ce rapprochement. La langue française demeure d'ailleurs la troisième langue étrangère enseignée en Hongrie, toutefois très loin derrière l'anglais et l'allemand, dans un pays qui n'a pas de grande tradition francophone populaire 26 ( * ) . La Hongrie est en outre devenue membre observateur de la Francophonie en novembre 2004.
L'ouverture culturelle de la Hongrie sur l'Europe est également au coeur du projet de la famille Károlyi qui a entrepris de créer un Centre culturel de rencontres , selon un principe né en France, sur le site du château Károlyi de Fehérvárcsurgó, où la délégation a été chaleureusement reçue par M. le Comte Georges Károlyi et son épouse.
Ce château de style néo-classique a été construit en 1844 par le Comte Gyorgy Károlyi. Un siècle plus tard, la famille Károlyi quitte le château à l'approche du Front. Nationalisé sous le régime communiste, il fit office d'orphelinat jusqu'en 1979, date à laquelle il est laissé à l'abandon, faute de moyens pour l'entretenir.
C'est il y a quinze ans que les héritiers ont envisagé de faire renaître ce château, propriété de l'Etat hongrois, en convertissant l'ancien domaine familial de Fehérvárcsurgó en un Centre Culturel de Rencontre à vocation européenne, axé sur l'ouverture de la Hongrie à l'Europe et à la démocratie. Ceci a permis d'entreprendre la réhabilitation d'un monument historique majeur de la Hongrie tout en le mettant au service d'un projet culturel dynamique d'intérêt public. A cette fin, a été créée la fondation Károlyi József, qui s'est vue accorder un bail emphytéotique de 99 ans pour développer dans le château, ses communs et son parc de 50 hectares un centre de documentation, de recherche et de formation sur l'histoire de l'Europe en général et de la Hongrie en particulier, associé à un lieu de rencontres, grâce à l'installation de salles et équipements nécessaires à la tenue de séminaires et à l'aménagement d'un site résidentiel de haute qualité, avec des facilités hôtelières et de restauration, destiné à être géré in fine par le groupe Accor.
* 25 Cf. le très bel ouvrage publié à l'occasion de l'exposition de l'été 2001 consacrée à ce sujet à l'Abbaye royale de Fontevraud : L'Europe des Anjou, aventure des princes angevins du XIIIe au XVe siècle , Somogy Editions d'art, 2001.
* 26 Le français continue d'attirer des étudiants qui se destinent aux relations internationales, à la haute administration ou à certains domaines scientifiques.