b) État des lieux de la violence dans les stades

Le bilan des exactions commises en France à l'occasion des matchs de football professionnel de la saison 2006-2007 a permis de recenser 400 incidents pendant cette période , ce qui constitue une stabilisation par rapport à la saison précédente.

A titre de comparaison, 3 462 arrestations pour des infractions concernant le football ont été comptabilisées en Angleterre pendant la saison 2005/2006, la différence du nombre de spectateurs (29 millions de spectateurs contre une dizaine de millions de spectateurs) n'étant pas la seule explication à cette différence...

Il reste que, depuis l'année 2000, les incidents liés au football sont en constante augmentation et que les britanniques ont probablement une capacité supérieure à repérer les infractions.

70 % des incidents ont été occasionnés dans le cadre du championnat de France de Ligue 1 , ce qui constitue une différence essentielle par rapport à l'Angleterre où l'efficacité de la lutte contre la violence dans les stades, notamment dans les grands clubs, a pu entraîner une augmentation des violences dans les divisions inférieures (les violences sont ainsi réparties à peu près également entre les quatre premières divisions).

RÉPARTITION DES INCIDENTS HOOLIGANS DEPUIS 2000

On peut remarquer que les actes de violence (rixes entre supporters, agressions, affrontements avec les forces de l'ordre, jets de projectiles visant des individus) sont en léger recul, tout en restant assez élevés, et que l'usage des fumigènes et des autres moyens pyrotechniques progresse de 15 %.

Ce dernier point semble en effet être un point de crispation pour les supporters, notamment les ultras qui considèrent que les fumigènes participent utilement à l'animation sportive. Pourtant, le 23 décembre 2006, un stadier lorientais a encore été blessé par un fumigène allumé par des supporters rennais, lors du derby breton.

Vos rapporteurs insistent sur cette prohibition des fumigènes, qui est essentielle à la sécurité des personnes présentes dans le stade. Elle doit être accompagnée d'un travail d'explication mené auprès des associations d'ultras.

Selon les services du ministère de l'intérieur, après une recrudescence des attitudes ostensibles de racisme, lors de la saison 2005/2006 (36 incidents), les manifestations d'intolérance sont en baisse en 2006/2007, avec 9 faits recensés d'agressions ou tentatives d'agressions physiques et 11 faits de provocations verbales ou de comportements gestuels injurieux (saluts nazis, insultes).

Cette diminution est liée notamment à la baisse d'intensité du conflit entre supporters parisiens, certains d'entre eux étant les principaux responsables des provocations des années précédentes. Les sociologues insistent sur la labilité des insultes racistes. Ainsi Basile Boli accueilli au vélodrome par des cris de singe et des jets de banane quand il jouait à Auxerre est-il ensuite devenu l'une des vedettes les plus populaires de l'OM, dont on scandait régulièrement le nom dans les gradins. Si cette analyse permet de comprendre que ces attitudes n'ont pas de signification politique particulière, elles restent bien évidemment inexcusables et font partie des formes de violence des supporters.

Vos rapporteurs soulignent l'importance de sanctionner sévèrement ces pratiques. En effet, outre qu'elles portent atteinte à la dignité des joueurs, elles participent de la surenchère supportériste qui peut aboutir à des actions violentes.

Autre fait important à souligner : au fur et à mesure que l'efficacité de la répression policière augmente et que les contrôles dans les stades s'améliorent, la violence liée aux supporters de football tend à s'éloigner des enceintes sportives . Si le hooliganisme, peut se définir 34 ( * ) comme un « ensemble de comportements d'agression physique, (violence contre les personnes) et de vandalisme (violence contre les biens) produits par les spectateurs d'une manifestation sportive spécifique, le match de football, et se déroulant dans une zone géographique spécifique, le stade de football et ses alentours », ces derniers peuvent ainsi être interprétés de plus en plus largement, et les chiffres sont donc difficilement analysables. Toutefois, les batailles rangées entre hooligans rivaux lors de rendez-vous 35 ( * ) fixés dans le but de s'affronter physiquement, sont en réelle augmentation. En effet, alors qu'aucun évènement de ce type n'avait été enregistré pendant la saison 2005/2006, 16 de ces confrontations violentes ont eu lieu la saison dernière . Elles ont impliqué des supporters de Toulouse, Lyon, Lille, Bordeaux, Nice, Saint-Etienne, Nancy, Sedan, Valenciennes, Paris, Lens, Nantes, Nîmes, Le Mans et Marseille, soit 15 clubs différents ! En Angleterre, 56 % des arrestations pour désordres violents concernant les supporters ont eu lieu à l'extérieur des stades en 2006.

En conclusion, les violences liées aux supporters concernant le football, ont lieu de moins en moins à l'intérieur des stades, et sont le plus souvent le fait d'une minorité d'individus isolés, qui sont en général plus intéressés par l'affrontement avec les autres supporters que par la rencontre sportive. Cela impose de définir une réponse spécifique et personnalisée à ces dérives, qui sont des infractions de droit commun et qui doivent à ce titre être jugées au même titre que celles qui n'ont aucun lien avec le football, mais qui doivent également faire l'objet d'un traitement ciblé.

* 34 Manuel Comeron, « Du gang au groupe social : une analyse socio-préventive », dans le Dossier Football, Ombres au spectacle , Les cahiers de la sécurité intérieure, n° 26, 4 e trimestre, 1996.

* 35 Les nouvelles technologies, Internet et téléphones portables, sont largement utilisées pour l'organisation de ces rendez-vous.

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