E. ACTIVITÉ DE PROPARCO EN ASIE DU SUD-EST
Le rapport de contrôle du Sénat sur l'Asie du Sud Est transmis le 11 juillet 2007 est très critique sur l'action au Laos du bureau Proparco de Bangkok, estimant dans ses conclusions que « l'antenne régionale de Proparco fait preuve d'une implication et d'une proactivité insuffisantes, causant le désarroi de plusieurs entrepreneurs français que votre rapporteur spécial a rencontrés. Les engagements financiers de cette filiale au Cambodge et au Laos sont inférieurs aux besoins et opportunités. Votre rapporteur spécial estime que la question du renouvellement de l'équipe en place doit être posée ».
Le rapport ne fait pas mention de Proparco dans les parties portant sur le Cambodge, le Vietnam et la Chine. La partie consacrée au Laos comprend un paragraphe sur Proparco, qui critique la faible activité de Proparco, avec un seul prêt, Nam Theun 2 « adossé à la Banque Mondiale », et la faible présence de ses représentants. La mission n'a pas rencontré de représentants de Proparco (en dehors des directeurs d'agence AFD).
L'objet de cette note est d'apporter des réponses à ces critiques, Proparco étant l'institution financière de développement la plus active sur ces deux pays, et notamment sur le Laos.
1) Rappel sur les conditions d'intervention de Proparco
Les critiques venant visiblement de petits entrepreneurs français vivant au Laos, il nous parait utile de rappeler les conditions d'interventions de Proparco, qui ne leur ont peut-être pas été exposées suffisamment clairement. Proparco, qui a des équipes réduites (20 chargés d'affaires), ne peut intervenir sans remettre en question ses équilibres et sa mission que sur des dossiers dont le montant unitaire est au minimum de 3 millions d'euros en dette ou 1 million d'euros en fonds propres. Sa moyenne d'intervention est à 9 millions d'euros en prêts et 3,5 millions d'euros en fonds propres.
Par ailleurs, Proparco ne propose que des crédits d'investissement à long terme. Les dossiers émanant des petites entreprises, au Laos comme ailleurs, ne sont donc que rarement éligibles aux prêts directs de Proparco. Proparco traite ces dossiers par le recours à l'intermédiation par ses propres produits (lignes bancaires et fonds d'investissement) ou les fonds de garantie de l'AFD (ARIZ).
2) Le champ d'intervention du bureau de Bangkok a connu plusieurs évolutions et est beaucoup plus large que la seule Indochine
Le bureau de Bangkok a été créé en 2004, pour répondre à l'élargissement croissant de notre zone d'activité en Asie. Il comprenait au départ le Vietnam, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande et la Chine. En 2005, son mandat a été étendu aux régions touchées par le tsunami, dans le cadre du mandat donné à l'AFD, et il a donc été amené à traiter en plus de cette zone les Maldives, le Sri Lanka et l'Indonésie. En 2006, pour faire face à l'extension du mandat de l'AFD à une nouvelle série de pays émergents, il a été décidé de restructurer le réseau avec un bureau à Pékin pour la Chine (ouvert fin 2006).
Le bureau de Bangkok traite donc maintenant l'Asie du Sud-Est (Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Indonésie) et a aussi pour mandat d'assurer la relation avec les antennes Asie d'entreprises ou de banques basées à Hong-Kong et Singapour. Depuis 2005, le bureau de Bangkok a réalisé 280 jours de mission dans les différents pays dont il est chargé.
3) Le bureau de Bangkok est de loin le plus actif du réseau de Proparco, avec 20 % des engagements totaux de la filiale
La création de ce bureau a permis d'absorber l'extension du champ géographique de Proparco et de développer considérablement les engagements sur l'Asie. En 2005 et 2006, les engagements sur la zone couverte par le bureau se sont établis à 71 et 72 millions d'euros, soit 20 % des engagements de Proparco, ce qui en fait le bureau le plus actif du réseau Proparco qui en compte six. Pour mémoire, les objectifs de volumes donnés aux bureaux Proparco sont en général de l'ordre de 20 à 30 millions d'euros. Ce bureau a aussi permis d'initier plusieurs opérations phares, comme la reconstruction de l'usine de Lafarge détruite par le tsunami à Aceh.
4) Malgré un champ géographique important et une activité soutenue, un effort particulier a toujours été porté sur le Laos et surtout le Cambodge
Ces deux pays ont toujours fait l'objet d'une attention soutenue :
a) en soutien des intérêts français : Proparco a soutenu les deux seuls investissements français significatifs dans ces deux pays, celui d'EDF au Laos (Nam Theun 2) et celui de Vinci au Cambodge (aéroports), et a financé un des plus gros contrats d'Alcatel (Cam GSM au Cambodge). Proparco vient de répondre à un appel d'offres pour une plantation d'hévéas aux côtés de Michelin.
b) par une prospection soutenue : le bureau de Bangkok effectue en moyenne une dizaine de missions par an sur le Cambodge et trois ou quatre sur le Laos, sans compter les missions annuelles de supervision des risques du siège. Depuis 2005, 66 jours de mission ont été réalisés dans ces deux pays, soit le quart des déplacements du bureau de Bangkok.
c) par la présence locale de deux agences AFD, représentant du groupe dans ces pays et donc de Proparco.
d) par des engagements réguliers, dans un contexte très difficile (cf. tableau ci-après)
Grâce à ces efforts, Proparco est devenue l'institution financière de développement la plus active dans ces deux pays, et la seule institution bilatérale à avoir une exposition sur le Laos.
5) Le Laos, pays de six millions d'habitants, offre très peu d'opportunités
Le Laos est un pays enclavé, très pauvre, avec une population de 5,8 millions d'habitants, et une structure économique principalement publique du fait du régime communiste et d'un début de libéralisation tardive. Les seuls secteurs demandant des investissements significatifs sont l'hydroélectricité et les mines, et le seul autre secteur réellement actif et le textile. Il n'y a pas ou peu d'entreprises de taille simplement moyenne.
Les besoins de financement des PME actives dans ce pays relèvent plus souvent des financements export ou import à court terme que du financement d'investissement. Jusqu'à l'entrée d'ANZ au capital de la Vientiane Commercial Bank en juin 2006, le secteur bancaire était soit public soit thaïlandais.
Dans ce contexte, Proparco a financé deux projets français, celui d'EDF sur le barrage de Nam Theun 2 (prêt de 30 millions de dollars), et la construction d'une usine textile par la société franco-vietnamienne Scavi (ce dossier apparait dans les encours sur le Vietnam mais l'investissement financé est au Laos). Un troisième dossier sur Millicom Laos (seul opérateur téléphonique privé) a été approuvé en juillet 2007. Proparco a aussi suivi un projet français de création d'un centre commercial à Vientiane, mais qui ne s'est pas encore concrétisé, et approuvé un investissement dans une mine de cuivre, non formalisé malheureusement.
Ce niveau d'activité est pour Proparco très élevé pour un pays de cette taille.
Une réunion avec les conseillers du commerce extérieur du Laos a été organisée au deuxième trimestre 2007 pour clarifier les conditions d'intervention de Proparco. Il est utile de noter que Proparco n'a jamais été sollicitée pour le financement d'un projet d'investissement français au Laos depuis la création du bureau de Bangkok, malgré la présence sur place de l'agence AFD de Vientiane.
Activités de Proparco sur les zones couvertes par l'agence de Bangkok (en millions d'euros) |
|||
Année 2003 |
|||
Projet |
Pays |
Montant |
Secteur |
Asean China Invst Fund |
Multipays |
4,3 |
Fonds d'investissement |
Prevoir |
Vietnam |
1,6 |
Assurances |
Scavi |
Vietnam |
1,7 |
Industries |
Cam GSM |
Cambodge |
7,8 |
Infrastructures |
Aéroports du Cambodge |
Cambodge |
8,7 |
Infrastructures |
Total 2003 |
5 projets |
24,1 |
Soit 9 % des activités de Proparco |
Année 2004 (création du bureau de Bangkok en septembre) |
|||
Acleda Bank |
Cambodge |
4 |
Microfinance |
Siam II |
Thaïlande |
3 |
Fonds d'investissement |
Vietnam Equity Fund |
Vietnam |
1,5 |
Fonds d'investissement |
Dragon Capital Group |
Vietnam |
3 |
Banques |
Lafarge |
Thaïlande |
5,2 |
Industries |
Total 2004 |
5 projets |
16,7 |
Soit 8 % des activités de Proparco |
Année 2005 (extension aux zones touchées par le tsunami) |
|||
Lanka Orix |
Sri Lanka |
4,2 |
Financier |
Asian Lion |
Multi-pays |
2,3 |
Fonds d'investissement |
Interasia |
Multi-pays |
4,2 |
Fonds d'investissement |
Chinfon |
Vietnam |
12,4 |
Industrie |
China Gas |
Chine |
20 |
Infrastructures |
Nam Theun |
Laos |
23,1 |
Infrastructures |
Thai Biogas |
Thaïlande |
6,5 |
Infrastructures |
Total 2005 |
7 projets |
72,7 |
Soit 20 % des activités de Proparco |
Année 2006 |
|||
TPC |
Cambodge |
1,2 |
Microfinance |
Trade Finance |
Vietnam |
1,2 |
Banques |
Development Partners |
Chine |
9,4 |
Fonds d'investissement |
China Environment Fund |
Chine |
3,9 |
Fonds d'investissement |
Thai Baroda |
Thaïlande |
1,7 |
Industrie |
Lafarge Aceh |
Indonésie |
23,6 |
Industrie |
Sun Investment |
Maldives |
6,9 |
Tourisme |
Aéroport de Sihanoukville |
Cambodge |
13,6 |
Infrastructures |
Zhongda Hydro |
Chine |
10 |
Infrastructures |
Total 2006 |
9 projets |
71,5 |
Soit 19 % des activités de Proparco |
1
er
semestre 2007 (retrait de la Chine
confiée au bureau de Pékin,
|
|||
Millicom Laos |
Laos |
11 |
Infrastructures |
Wayang Windu |
Indonésie |
19 |
Infrastructures |
Aloe Investment Fund |
Multi-pays |
5 |
Fonds d'investissement |
Total 1 er semestre 2007 |
3 projets |
35 |
Soit 14 % des activités de Proparco |