C. LES ENJEUX FINANCIERS
Une évolution contrastée des moyens
a. L'autorisation budgétaire initiale
Le tableau suivant récapitule les crédits inscrits en lois de finances initiales et retracés au chapitre 44-70 les crédits suivants. Ces crédits additionnent prime forfaitaire (article 31) et, jusqu'en 2001 inclus, exonération de charges (article 32).
Tableau n° 19 : Lois de finances initiales et CIE
Exercice |
Montant en € (ch.44-70 art.31 + art.32) |
Évolution |
Évolution 2005/2000 |
2000 |
1 069 175 266 |
||
2001 |
1 085 741 901 |
1,55% |
|
2002 |
781 450 000 |
-28,03% |
|
2003 |
483 950 000 |
-38,07% |
|
2004 |
587 470 000 |
21,39% |
|
2005 |
559 420 000 |
1,40% |
-47,68% |
Source : Cour des comptes d'après lois de finances.
L'évolution doit être interprétée à la lumière du fait que les allègements de charges, relevant du droit commun depuis 2002, sont intégrés dans le coût total des allégements de charges en général ; depuis cette date, ils ne représentent dans les coûts du CIE que ceux liés aux CIE prescrits auparavant.
b. L'évolution annuelle du coût unitaire ne permet pas de mesurer l'efficacité du dispositif
Le remboursement tardif des dettes antérieures de l'Etat vis-à-vis de l'ACOSS en 2003 et 2004, et le report du règlement de la dette 2004 sur 2005, expliquent la persistance d'une forte dotation sur l'article 32, qui retrace les exonérations de charges, alors même que leur suppression a été décidée en 2002.
Tableau n° 20 : Coûts du CIE
Chapitre 44-70 (en €) |
LFI (1) |
Crédits ouverts (2) |
Dépense (3) |
Consommation des crédits ouverts (3/2) |
Stock annuel moyen (4) |
2000 |
|||||
Art.31 |
380 547 810 |
424 888 025 |
384 270 285 |
90,44% |
|
Art.32 |
688 627 456 |
669 242 240 |
665 378 927 |
99,42% |
|
total |
1 069 175 266 |
1 094 130 265 |
1 049 649 212 |
95,93% |
263 469 |
2001 |
|||||
Art.31 |
428 839 085 |
386 534 998 |
356 759 900 |
92,30% |
|
Art.32 |
656 902 815 |
660 836 947 |
653 753 671 |
98,93% |
|
total |
1 085 741 900 |
1 047 371 945 |
1 010 513 571 |
96,48% |
218 033 |
2002 |
|||||
Art.31 |
353 530 000 |
266 479 109 |
262 507 747 |
98,51% |
|
Art.32 |
427 920 000 |
441 419 887 |
441 397 931 |
100% |
|
total |
781 450 000 |
707 898 996 |
703 905 678 |
99,44% |
158 395 |
2003 |
|||||
Art.31 |
341 950 000 |
245 803 973 |
245 796 493 |
100% |
|
Art.32 |
142 000 000 |
205 723 204 |
63 721 190 |
30,97% |
|
total |
483 950 000 |
451 527 177 |
309 517 683 |
68,55% |
132 584 |
2004 |
|||||
art.31* |
389 140 000 |
389 143 808 |
374 262 589 |
96,18% |
|
art.32** |
198 330 000 |
198 335 008 |
196 800 000 |
99,23% |
|
total |
587 470 000 |
587 478 816 |
571 062 589 |
97,21% |
146 351 |
2005 |
|||||
Art.31 |
469 420 000 |
481 680 453 |
481 680 453 |
100% |
|
Art.32 |
90 000 000 |
90 000 000 |
85 000 000 |
94,44% |
|
total |
559 420 000 |
571 680 453 |
566 680 453 |
99,13% |
148 289 |
Source : Cour des comptes sur données contrôle financier, ACCT, DGEFP et DARES.
La question des aides à reverser
Les aides à reverser correspondent aux ruptures anticipées de CIE par l'employeur, sous l'empire de motifs que la réglementation ne considère pas comme justifiés, et aux annulations ou résiliations de conventions par l'ANPE.
Pour la période 1998-2005, le montant total des aides à reverser s'élève à 39,257 M€, soit 1,15% du montant mandaté pour les primes CIE (3 410 M€). Le nombre des CIE concernés par le reversement est tombé de 6 469 en 1998 à 1 509 en 2005. L'absence de statistiques sur la durée moyenne d'un CIE avant sa rupture prématurée empêche de rapprocher ces nombres du nombre de CIE conclus la même année qui se sont déroulés normalement ; si toutefois on les compare au nombre de CIE prescrits la même année, les CIE concernés par un reversement passent de 3,31% des CIE en 1998 à 1,2% en 2005.
Toutefois, cette proportion d'indus ignore la part de l'aide que représente, du moins jusqu'en 2002, l'exonération des charges propre au CIE, que peut recouvrer l'URSSAF, dans la mesure où elle est informée de leur existence. Des déperditions peuvent donc avoir lieu à ce niveau.
Le montant des remises gracieuses et des admissions en non-valeur n'a pu être établi. Le total des montants effectivement recouvrés au titre de chaque exercice n'a pas pu être communiqué à la Cour.
La procédure de recouvrement était longue avant 2005 : l'agence locale de l'ANPE proposait une émission de titre, l'agent comptable secondaire déterminait si les motifs de rupture du CIE la justifiaient. En cas de liquidation judiciaire, la créance était déclarée auprès du mandataire judiciaire ; un huissier de justice était diligenté en cas de recouvrement contentieux. Les admissions en non-valeur et les remises gracieuses faisaient intervenir l'agent comptable principal, le directeur du budget, le contrôleur financier et le directeur général.
Certes, depuis 2005, l'aide forfaitaire est versée à l'employeur par avance, et non plus trimestriellement à terme échu, le 20 de chaque mois. En cas de reversement, le montant à recouvrer vient en déduction de l'aide versée le mois suivant.
Il n'en demeure pas moins que les difficultés de recouvrement signalées par la Cour en 1998 ont perduré sur la période 1998-2004, aggravées par les conséquences de l'arrêt rendu par le Conseil d'Etat le 29 novembre 2004 (société Séridum), aux termes duquel l'ANPE est jugée incompétente pour recouvrer les sommes dues à l'Etat ; la DGEFP et le bureau de la comptabilité et de la commande publique à la DAGEMO du ministère chargé de l'emploi ont donc été conduits à émettre les ordres de recouvrement sur la base des éléments nécessaires à l'instruction du dossier que leur transmettait l'ANPE.