b) L'adaptation des élevages
Les éleveurs vont développer des guides de bonnes pratiques qui leur permettent de prendre en compte le risque d'influenza aviaire. D'autre part, les mesures minimales de limitation des contacts entre oiseaux captifs et sauvages seront maintenues de manière pérenne sur le territoire : l'alimentation et l'abreuvement des oiseaux d'élevage doivent être protégés ; il est également interdit d'utiliser des eaux de surface pour l'abreuvement et le nettoyage.
En outre, quelle que soit la solution retenue par les pouvoirs publics à l'avenir, une réflexion devra être menée quant à l'évolution des aides économiques distribuées à la filière, notamment à la filière de qualité. Des aides structurelles seront nécessaires pour permettre l'adaptation des installations aux mesures de claustration.
Ainsi, lors de son déplacement en Seine-et-Marne, les éleveurs avaient fait savoir à votre rapporteure spéciale que des investissements à hauteur de 200.000 euros seraient nécessaires pour installer des mécanismes spécifiques de ventilation .
c) Une nécessité : la structuration de la filière avicole
Tous les acteurs économiques de la filière avicole ont été touchés : l'amont, la production et l'aval.
En effet, cette crise affecte d'abord le premier maillon de la filière que constituent les entreprises de sélection génétique - les reproducteurs - et les accouveurs, dont les cycles de production de plusieurs années empêchent toute adaptation structurée à une évolution brutale du marché.
Il en est de même pour les producteurs et les industries d'abattage dont les cycles de production de plusieurs mois ne permettent pas non plus d'adaptation de la production au niveau de la consommation, conduisant la filière à stocker des viandes de volaille qui sont aujourd'hui non commercialisables.
Enfin, il faut souligner que l'élevage de qualité, qui constitue une spécificité française, devrait également souffrir de la crise de manière disproportionnée, dans la mesure où ses structures de production ne sont en rien adaptées aux mesures de confinement.
La filière avicole française est d'autant plus fragilisée que son organisation, fortement intégrée dans les départements d'aviculture « industrielle », notamment ceux du Grand Ouest, ne lui permet pas d'assurer la solidarité en son sein : ainsi elle ne dispose pas d'une interprofession et ne participe à aucun groupement de défense sanitaire contrairement à la filière bovine par exemple. En outre, elle doit faire face à un accroissement de la concurrence internationale. Dès lors, la crise actuelle devrait sans doute redessiner les contours économiques de la filière et modifier son positionnement commercial, européen et plus largement international.