2. La faiblesse des parts de marché françaises en Chine
Les exportations vers la Chine progressent de 10 % à 5,7 milliards d'euros, soit 1,66 % des exportations mondiales de la France. La Chine dépasse ainsi le Japon au 9 ème rang des clients, ce qui reste tout de même relativement modeste puisqu'elle est depuis trois ans déjà le 3 ème importateur mondial . Cependant, en taux de croissance, il s'agit d'un des débouchés d'exportation les plus dynamiques, à l'origine d'un supplément d'exportation de 510 millions d'euros entre 2004 et 2005, voire 1,08 millions d'euros en incluant Hong Kong, soit juste derrière les Etats-Unis et l'Espagne (+1,9 milliard d'euros chacun).
En perspective historique, les résultats 2005 se situent légèrement au-dessous de la moyenne des cinq dernières années (croissance de 13,5 % par an en moyenne sur 1999-2004). Le contexte est toutefois très différent puisque la demande chinoise d'importation a fortement ralenti, s'inscrivant en hausse de 18 % (en dollar) sur l'année 2005, contre 36 % en 2004 et 25 % en moyenne sur 1999-2004. L'année 2005 marque donc une amélioration relative : la part de marché de la France est maintenue à 1,37 %, alors qu'elle avait plutôt tendance à diminuer chaque année depuis 1997, à l'exception de 2003 qui avait bénéficié de fortes livraisons aéronautiques. La France recule malgré tout du 15 au 16 ème rang des fournisseurs de la Chine , au profit de l'Arabie Saoudite. Elle reste toutefois son 2 ème fournisseur européen, mais loin derrière l'Allemagne (4,65 % de part de marché), légèrement devant l'Italie (1,05 %) et le Royaume-Uni (0,84 %).
La part de marché française en Chine apparaît faible mais encore faut-il tenir compte des spécificités du commerce extérieur chinois. Tout d'abord 38 % des importations totales de la Chine font partie du régime de « processing trade » (importations de biens intermédiaires pour réexportations de produits finis). Ce type de commerce est fortement concentré dans l'industrie électronique, dans laquelle les européens en général et la France en particulier sont aujourd'hui peu actifs, au contraire des asiatiques tels que Taiwan et la Corée du Sud qui renforcent leur présence sur ces segments. Par ailleurs, la Chine a considérablement augmenté ses achats de matières premières et de produits énergétiques au cours des dernières années, ce qui a d'abord et avant tout profité aux pays du Moyen-Orient (+48 % d'exportations chaque année depuis 3 ans), d'Amérique du Sud (+50 %) et d'Afrique subsaharienne (+56 %). De fait, tous les pays développés ont connu une érosion de leur part de marché en Chine au cours des 10 dernières années, qu'il s'agisse du Japon (de 22 à 15 %), des Etats-Unis (de 12 à 7 %) ou de l'Union européenne dans son ensemble (de 16 à 11 %).
Le point de recouvrement de l'offre française avec la demande chinoise se situe aujourd'hui surtout dans les biens d'équipement, plus que jamais indispensables pour soutenir les investissements massifs de la Chine. Ce segment a représenté 47 % des exportations françaises en Chine, soit deux fois plus que sa part dans les exportations totales. Le poste le plus important reste l'aéronautique/ferroviaire puis les biens intermédiaires, et parmi ceux-ci les produits chimiques, les composants électriques/électroniques, le secteur automobile, les produits pharmaceutiques et d'entretien et enfin les produits agricoles et agro-alimentaires. Le secteur nucléaire participe également du potentiel français en matière d'expportations.
La performance relative de la France par rapport aux autres fournisseurs de la Chine dépendra à court terme essentiellement de l'évolution de la structure des importations chinoises. De ce point de vue, les annonces du Gouvernement chinois en faveur d'une relance de la consommation des ménages , du contrôle de l'investissement industriel et d'économies de matières premières, sont plutôt favorables au positionnement de la France .