QUATRIÈME PARTIE :
L'INDISPENSABLE RÉVEIL DE LA
FRANCE
ET DE L'EUROPE FACE À LA CHINE
La montée en puissance de la Chine sur les marchés mondiaux est désormais une réalité et le développement soutenu de sa croissance économique ne devrait pas faiblir à moyen terme, même si les éléments d'incertitude décrits ci-dessus ne doivent pas être négligés. La prise de conscience des autorités chinoises et les moyens qui sont d'ores et déjà mis en oeuvre ou annoncés peuvent laisser penser que la Chine surmontera ses handicaps internes. Il en va d'ailleurs de l'équilibre du développement économique au niveau mondial.
Au-delà de ce travail de prospective, le constat du réveil chinois ou du « rétablissement » de son rôle de premier plan laisse peu de choix aux autres puissances économiques. Il apparaît ainsi indispensable que la France prenne la mesure des opportunités que ce quasi continent peut lui offrir.
L'analyse de la structure des échanges commerciaux entre la France et la Chine montre que tel n'est pas encore le cas, alors même que la reconnaissance de la Chine populaire le 27 janvier 1964, par le Général de Gaulle, a constitué le point de départ de relations politiques approfondies entre les deux pays.
Pour la France, le partenariat global franco-stratégique tend à favoriser l'insertion de la Chine dans la communauté internationale selon une approche coopérative. Mais force est de constater que les relations économiques entre les deux pays ne sont pas encore à la hauteur de leurs échanges politiques.
Or, à travers son déplacement et tout en ayant pleinement conscience de la complexité du marché chinois, de ses dysfonctionnements et de ses vulnérabilités, la délégation est convaincue de l'intérêt du renforcement du partenariat sino-français. Celui-ci doit s'inscrire dans un cadre européen et on ne peut que regretter, à cet égard, la mobilisation insuffisante de l'Europe, du fait de sa faiblesse politique.
I. PANORAMA DES ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE L'UNION EUROPÉENNE ET LA CHINE ET ENTRE LA FRANCE ET LA CHINE
A. CARACTÉRISTIQUES DES ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE LA CHINE ET L'UNION EUROPÉENNE
Les échanges de la France avec la Chine s'inscrivent dans un cadre européen et l'évolution des échanges depuis le milieu des années 1990 montre que l'Union européenne comme les Etats-Unis constituent des débouchés de plus en plus importants pour la Chine. À l'inverse, les exportations de l'Union européenne stagnent, voire régressent.
Du fait des différences de taille entre l'Union européenne et la Chine 25 ( * ) le commerce avec l'Union européenne pèse beaucoup plus lourd dans les échanges extérieurs de la Chine que les échanges avec la Chine ne pèsent dans le commerce extérieur de l'Union européenne. Celle-ci représente 13 % des importations de la Chine et reçoit 15 % de ses exportations alors que la Chine fournit environ 8 % des importations européennes et reçoit un peu moins de 3 % de ses exportations.
Néanmoins, la Chine occupe une place croissante dans les importations de l'Union européenne, les exportations chinoises vers l'Europe augmentant fortement et s'élevant en gamme.
- La Chine détient une part très importante du marché européen dans des secteurs traditionnels comme les importations de jouets et d'ouvrages en cuir (plus de 55 % du marché), le secteur du meuble, des chaussures et des vêtements (20 % du marché) et enfin, les machines électriques (plus de 20 %).
- En outre, l'élimination des quotas sur les importations d'habillement et de textile depuis le 1 er janvier 2005 ont permis à la Chine d'élargir sa part de marché au détriment des autres fournisseurs extérieurs de l'Union européenne, celle-ci passant de 18 % fin 2004 à 29 % après la levée des quotas. Mais il convient de relever que les importations globales de textile sont plutôt restées stables en valeur, les importations chinoises se substituant aux importations en provenance du Maghreb, d'Europe de l'Est ou de la péninsule indienne.
En application de la clause de sauvegarde spéciale textile inscrite dans le protocole d'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001, l'Union européenne et la Chine ont signé un accord limitant les exportations de la Chine vers l'Union européenne jusqu'à fin 2007.
L'évolution de la structure des échanges montre que la croissance des exportations chinoises résulte principalement des produits de la filière électrique et électronique. De plus, dans le secteur des biens d'équipement, la Chine est passée d'une position déficitaire au début des années 1990, à un excédent à partir de 2000.
L'Union européenne, en tant qu'espace économique, demeure le 1 er partenaire commercial de la Chine avec un total de 217 milliards de dollars d'importations et d'exportations, mais son déficit qui s'élève à 70 milliards de dollars (77 en incluant Hong-Kong) s'est creusé plus vite que celui des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine.
* 25 L'Union européenne représente 28 % du PIB mondial et 20 % des échanges internationaux, hors commerce extracommunautaire alors que la Chine compte pour 4 à 5 % dans le PIB mondial et les échanges internationaux.