INTRODUCTION
• « Dits et non dits » sur l'offre et la demande de crédit : Dans les enquêtes, les Français se déclarent plutôt plus favorables au recours au crédit que les Allemands ; dans les faits, l'endettement par tête est en Allemagne nettement supérieur à ce qu'il est en France. |
• L'attitude des ménages à l'égard du crédit, avec ses différents déterminants (historiques, culturels, sociologiques...), est certainement un des facteurs qui contribuent à expliquer les situations observées ; mais celles-ci sont cependant bien le résultat de la confrontation de la demande à une offre. |
• En matière d'offre, l'utilisation de modèles de scores est relativement récente en ce qui concerne le crédit habitat, elle et beaucoup plus ancienne en ce qui concerne le crédit à la consommation. |
• Au sein même du crédit à la consommation, l'utilisation des modèles de scores doit d'ailleurs faire l'objet de distinctions importantes ; ces modèles ne sont guère utilisés par les sociétés de crédit captives des grands groupes de constructeurs : l'objectif de ces sociétés est en effet d'« équiper » si possible 100 % de la clientèle ; dans les réseaux bancaires, le résultat des modèles de scores est souvent « forcé » en utilisant des informations spécifiques (mouvements sur les comptes du demandeur) ; finalement, seules les sociétés spécialisées suivent strictement les scores. |
• Tout de même, globalement, faire du crédit à l'habitat un produit d'appel à marge étroite et se rattraper ensuite du côté de crédits à la consommation confortablement margés du fait de modèles de scores efficaces ne doit pas être tout à fait neutre du point de vue de la diffusion du crédit dans son ensemble. |
I- Les ressources des ménages et le recours au crédit
La problématique sous-jacente à cette question est : en période de contrainte budgétaire, les ménages ont l'opportunité de puiser dans leur patrimoine financier accumulé ou de se tourner vers le crédit. Mais ce dernier vecteur de soutien à la consommation est-il accessible sur une base égalitaire pour l'ensemble des typologies de population ? Selon ses revenus, son statut professionnel ou son âge dispose-t-on des mêmes opportunités d'accès à ce mode de financement ? La récente refonte du « prêt à 0 % » semble être un premier élément de réponse à cette problématique.
Nous avons procédé à un travail spécifique sur la base d'informations globales tirées de la comptabilité nationale et d'enquêtes réalisées auprès des ménages ou des individus. Cette approche a permis d'isoler une observation au niveau intermédiaire de différents groupes sociaux : par classes d'âge, par catégories socioprofessionnelles ou par niveaux des revenus.
L'utilisation simultanée de ces différentes sources permet de fournir une description très complète de l'équilibre qui s'établit, au sein du groupe considéré, entre l'ensemble de ses ressources financières et l'ensemble des emplois qu'il en fait.
Du côté des ressources des ménages : l'épargne, les crédits nouveaux, mais aussi le produit résultant de ventes de logements de seconde main ou le montant des donations ou successions reçues. Du côté des emplois : les placements financiers, les achats de logements neufs ou de seconde main et les travaux réalisés dans le logement, mais aussi les remboursements de crédits et les donations et héritages transmis. Nous vous livrons les principaux résultats de ce travail, en pointant les enseignements propres au recours au crédit. Nous reviendrons dans la suite du document sur le détail des résultats obtenus.
A- Selon la distribution des revenus : le crédit consommation pour tous... mais le crédit habitat pour « les plus riches »
Remarque méthodologique : Le tableau de financement issu de notre travail selon les déciles de revenus des ménages est malheureusement incomplet en raison de l'absence de sources (manquent d'une part les héritages et donations, d'autre part, les placements financiers). Dans tout ce qui suit, les déciles sont numérotés en partant du haut : ainsi le décile n°1 sera le plus aisé, le décile n°10 le plus modeste.
Du côté des ressources, selon les déciles de revenus des ménages, les taux d'épargne s'élèvent rapidement du décile le plus faible (le dixième) au plus élevé (le premier). L'importance du crédit à la consommation par rapport au revenu disponible est relativement grande du second au septième décile, ce qui constitue un bon indicateur de la large diffusion de ce type de crédit dans la population. Les crédits à l'habitat ancien sont, quant à eux, relativement importants du sixième au huitième décile .
Du côté des emplois , les achats de logements anciens représentent de 8 à 10 % du revenu disponible dans les cinq déciles les plus modestes de la distribution, soit des niveaux relativement élevés. Les achats de logements neufs ont un poids important dans le sixième décile de la distribution des revenus, mais aussi dans le décile le plus modeste. Les remboursements de crédit à la consommation sont très apparents (entre 6 et 8 % du revenu disponible) dans un large intervalle allant du second au septième décile.