3. Les simulations de la libéralisation commerciale et la compréhension de mécanismes de creusement des inégalités de niveaux de vie
Les simulations réalisées par le CEPII et présentées par vos rapporteurs dans la troisième partie permettent finalement d'illustrer la tendance décrite ci-dessous : le creusement des inégalités de développement entre pays.
Le CEPII met, en effet, en évidence l'impact très différencié, et dans certains cas négatif, que la libéralisation multilatérale peut avoir sur les pays en développement. Or cet aspect est la plupart du temps occulté dans un discours globalisant sur « le développement ».
Alors que certains pays vont gagner des parts de marché, d'autres seront pénalisés non seulement par l'érosion de leurs marges préférentielles, mais aussi par la hausse des prix agricoles mondiaux. Des pays pauvres disposant de peu de ressources pour développer l'industrie ou les services pourraient pâtir d'une libéralisation accrue.
Surtout, on peut craindre, à la lumière des travaux du CEPII, que le cycle actuel n'accélère finalement les évolutions observées depuis quarante ans : car si la dégradation des termes de l'échange est pour les plus pauvres un phénomène ancien, viendrait s'y ajouter désormais l'érosion des préférences commerciales. Ce phénomène cumulatif, alors que la contrainte de stabilisation du solde des échanges commerciaux est forte, conduirait ainsi à une spécialisation accrue sur des produits à faible valeur ajoutée (secteur industriel), à faible rendement ou dans lesquels la rémunération du travail est plus faible qu'ailleurs (secteur agricole).
4. L'ouverture, catalyseur de la croissance31 ( * )
Les développements ci-dessus ne conduisent pas pour autant vos rapporteurs à rejeter le processus d'ouverture actuellement négocié à l'OMC.
Ceux-ci considèrent, au contraire, que celui-ci doit être renforcé :
En assurant une meilleure allocation géographique des productions agricoles, il bénéficiera à certains pays en développement, comme le Brésil, dont une partie de la population est très pauvre et sera concernée au premier chef par l'augmentation du revenu agricole .
Sans être le déterminant ultime de la croissance, l'ouverture agit certainement comme un catalyseur de la croissance.
L'analyse économique montre, tout d'abord, que le commerce international et l'investissement direct permettent l'introduction des progrès technologiques pour les pays en retard de développement, lesquels sont sources d'externalités positives.
De même, ouvrir l'économie permet d'élargir l'offre d'inputs , biens intermédiaires sur lesquels porte la moitié du commerce international.
Cette offre élargie de biens intermédiaires permet la diminution des coûts de production et génère des gains d'efficacité.
Enfin, l'ouverture conduit à l'amélioration de la gouvernance économique :
- parce qu'elle supprime les rentes d'importations, source de détournements de moyens et parfois de corruption ;
- parce qu'elle rend indispensables les réformes d'accompagnement macro et microéconomiques : réforme fiscale, amélioration de l'accès des entreprises au financement, réforme juridique, « sécurisation » des investissements étrangers...
* 31 Cette formule est tirée d'un article de Lionel Fontagné et Jean-Louis Guérin, Économie internationale n° 71, 3 e trimestre 2005.